Le procès de Francis Proulx est ajourné
Rivière-du-Loup - À l’évidence, la défense de l’accusé Francis Proulx est ébranlée. Au lendemain de l’aveu de mensonge de son témoin expert, le Dr Louis Morissette, le juge Jacques J. Lévesque a libéré les 12 membres du jury jusqu’à jeudi, le temps de « disposer de certaines questions de droit ». Une décision qui fait suite à des discussions dont la teneur ne peut être rapportée et qui ont eu lieu avant l’arrivée du jury mercredi matin.
Hier (mardi), lors d’un contre-interrogatoire serré, mené par le procureur Me James Rondeau, le psychologue Louis Morissette, expert de l’Institut Louis-Philippe Pinel, a carrément admis avoir menti aux jurys. Un véritable coup de théâtre qui n’a pas manqué de créer un profond malaise dans la salle d’audience. Une affirmation qui a semblé avoir décontenancé l’avocat de la défense, Me Jean Desjardins.
Le Dr Morissette agissait à titre de témoin expert pour la défense depuis deux jours. Au cours de son témoignage, le psychologue a soutenu la thèse que l’accusé, Francis Proulx, ait fortement réagi à la prise de l’antidépresseur, l’Effexor. Il a souligné que le médicament a eu des effets « inattendus » et « catastrophiques » sans quoi, Proulx n’aurait jamais tué ni violé la victime, Nancy Michaud.
Mardi en matinée, Me Rondeau a littéralement mitraillé de questions le témoin. Le but était clair, attaquer la crédibilité du Dr. Louis Morissette. C’est après avoir affirmé, sous serment, avoir fait l’écoute, lors du week-end dernier, du cédérom du contre-interrogatoire de Francis Proulx que le témoin expert a été pris au piège par le procureur.
Le Dr Morissette qui a même spécifié que le contre-interrogatoire était mené par une voix féminine ressemblant à celle de la procureure Me Annie Landreville, a été mis devant les faits : le cédérom ne pouvait être disponible pour écoute la fin de semaine puisqu’il n’a été rendu disponible que le lundi 27 avril, vers 10 h.
Acculé dans les câbles par Me Rondeau, le médecin a admis la mine basse : « Oui, j'ai menti là-dessus. Je me suis trompé ». Il a toutefois nié avoir menti sur d’autres éléments de la cause. Soulignons qu'en vertu du Code criminel, un témoin qui ment sous serment peut être accusé de parjure. Le médecin soutient s’être « mêlé » avec un autre dossier judiciaire.
Me Rondeau ne s’est pas arrêté là. Le procureur a ensuite fait ressortir de nombreuses incohérences dans les dates figurant dans le rapport de l’expert. De plus, le Dr Morissette a admis que ses conclusions concernant l’influence de l’Effexor, même conjugué à la maladie de Gilles de la Tourette, ne s’appuyait sur aucune documentation ni aucune recherche scientifique.
Le procureur a aussi fait remarquer que si selon l’avis du Dr Morissette, l’accusé avait réellement laissé plein d’indices, ce dernier avait toutefois déployé beaucoup d’efforts pour masquer son crime. Me Rondeau tente donc de démontrer au jury que Francis Proulx n’était donc pas privé de son jugement.
Le procès doit reprendre jeudi et Me Desjardins devrait appeler à la barre un second témoin expert, le neuropsychopharmacologue, Claude Rouillard.
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