Québec - Après deux jours de délibérations, le jury a procédé à l’énoncé du verdict fatidique. Francis Proulx est reconnu coupable du meurtre prémédité de Nancy Michaud. Les neuf femmes et trois hommes ont donc retenu la plus grave accusation pour condamner l’assassin de l’attachée politique du ministre Claude Béchard.

Au prononcé du verdict, le conjoint de Nancy Michaud, Daniel Casgrain, s’est levé et a applaudi la décision des jurés. Pour sa part, l’accusé s’est montré imperturbable et n’a pas bronché. « Après tout ce qu'il a fait, je trouve que c'est pas assez, 25 ans. Il mérite plus que ça. Tant qu'à moi, ce serait le même sort qu'il a réservé à Nancy », a commenté M. Casgrain.

Il s’est dit soulagé du verdict, mais n’a pas caché la rage qui l’anime. « J'ai beaucoup de rage en moi! Je ne pourrai jamais pardonner, même à la famille. C'est clair dans ma tête ». M. Casgrain a aussi profité de l’occasion pour remettre une lettre aux médias dans laquelle il rend hommage à la femme de sa vie.

En matinée, le lundi 25 mai, le juge Jacques J. Lévesque a été clair dans ses directives aux jurés : l’acquittement est impossible et ils devaient en arriver à une décision unanime. Il leur aura fallu moins de deux jours pour trancher entre les arguments de la Couronne et la théorie soutenue par la défense.

Les avocats de Proulx ont soutenu tout au long du procès que la prise d’Effexor combinée aux troubles mentaux avait altéré le jugement de leur client. De leur côté, Me Annie Landreville et Me James Rondeau ont soutenu que Francis Proulx avait agi en parfaite conscience des actes horribles qu’il commettait et que le meurtre de Mme Michaud était prémédité.

De toute évidence, le jury les a crus en optant pour le verdict le plus sévère, qui condamne automatiquement Proulx à une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. C’est donc à dire que si Proulx ne fait pas appel de la décision, il pourrait être admissible à une libération conditionnelle à l’âge de 59 ans.

COURONNE
Pour la procureure de la Couronne, Me Annie Landreville, il s’agit d’une victoire en toute humilité. « Le verdict correspond à la preuve présentée », a raconté la procureur devant une horde de journalistes. Elle s’est aussi dite confiante, tout au long des fastidieuses procédures, que les jurés se rangeraient aux arguments de la Couronne et donneraient le verdict demandé.

Me Landreville, aujourd’hui enceinte de huit mois, a été secondée par le combatif procureur Me James Rondeau. De son côté, l’avocat de la défense, Me Jean Desjardins, s’est refusé à tout commentaire. Le ministre Claude Béchard a tenu à saluer le travail de la Couronne et des enquêteurs. « La chose qui m’a le plus impressionné, c’est le courage de Daniel. Je ne sais pas où il a trouvé la force et comment il a fait. Daniel, c’est quelqu’un d’exceptionnel », a ajouté le ministre.