Incendie mortel : Y a-t-il eu cafouillage?
Rivière-du-Loup - Le dimanche 19 juillet, Pier-Luc Desjardins, un jeune homme âgé de 20 ans, est décédé lors de l’incendie qui a ravagé l’immeuble situé au 40, rue Frontenac. Il aura fallu attendre près de 45 minutes après l’arrivée des pompiers pour que le corps inanimé de la victime ne soit extirpé du brasier. Une question se pose, pourquoi a-t-il fallu attendre un si longtemps? Aujourd’hui, un de ses plus proches amis remue ciel et terre pour se faire entendre. Ce jeune homme de 19 ans que nous nommerons Richard (nom fictif), nous livre son témoignage.
Richard est anéanti. C’est avec peine et émotion qu’il nous raconte sa version des faits. Il souhaite avant tout que la lumière soit faite sur la mort de son ami. « Un policier n’a pas transmis l’information, il doit y avoir une enquête pour qu’une telle chose ne se reproduise plus », soutient-il.
Richard venait de passer la soirée avec la victime. « Nous avions fait la fête avec lui. Il était allé se coucher vers 3 h 40. Vers 4 h 30, nous avons décidé d’aller voir le soleil se lever dehors, de voir les couleurs sur le fleuve. En sortant, nous avons rapidement vu ce qui m’a semblé être du brouillard. Puis, on a vu que ça sortait de chez Pier-Luc, Julien et Samuel », raconte celui qui réside un peu plus au sud sur la rue Saint-André.
Arrivé en courant sur les lieux, Richard aperçoit deux policiers du Service de la sécurité publique. « Un faisait le tour de la bâtisse, l’autre installait un ruban. J’ai dit au policier que Pier-Luc était là. Mais lui, tout ce qu’il voulait, c’est installer son maudit ruban orange et de nous dire de reculer. Jamais, il n’a voulu aller donner l’information aux pompiers. Il ne voulait rien savoir, juste son périmètre », raconte Richard. Ce dernier se dit carrément dégoûté d’une attitude aussi méprisante.
« Au bout de 20-30 minutes, j’ai vu un autre policier. Celui-là, il n’a pas niaisé. Il nous a pris par les épaules, mon coloc et moi et nous a conduits au directeur des pompiers (Sylvain Jean). Après un premier essai, le directeur est venu nous voir, ses hommes étaient dans une impasse, ils étaient dans le locker. Alors, on leur a expliqué le chemin. Même pas 15 minutes après, on confirmait le décès de Pier-Luc à l’hôpital », raconte-t-il.
Depuis le drame, Richard est hanté : « Moi ce que je me demande, c’est si le policier avait transmis l’information dès leur arrivée aux pompiers, il aurait eu encore le temps de sauver mon ami. J’en suis certain. Si au lieu de nous repousser, le policier nous avait écoutés, Pier-Luc serait encore là. J’ai vu l’empreinte de son corps par terre, près de la fenêtre, il n’est pas mort dans son lit », soutient le jeune homme.
Lorsque le jeune homme s’est retrouvé dans un véhicule d’unité d’urgence pour y effectuer sa déposition, il a tenu à ce que l’incident avec le policier y figure. « Par la suite, j’ai même voulu appelé à la SQ, mais on m’a répondu que ce n’était pas à eux d’agir ».
Richard porte un jugement sévère à l’endroit de la bâtisse. Selon lui, le panneau électrique semblait ne pas être conforme. « Des amis qui connaissent ça m’ont dit que ça n’avait pas d’allure. En plus, il y avait une fuite d’eau sous l’escalier, tout juste situé devant le panneau électrique, situé près de la chambre de Pier-Luc. Un simple panneau avait été installé pour faire dévier l’eau », raconte Richard.
Des gilets de sport appartenant à la victime ont été déposés devant la bâtisse. Notamment celui des Steelers de Pittsburgh de la NFL, l’équipe préférée de Pier-Luc.
Photo : François Drouin
FAMILLE
La mère de Richard s’est entretenue avec la mère de Pierre-Luc, qui a tenu à remercier Richard d’avoir fait tout ce qui lui était possible afin de sauver son ami. « Elle m’a dit qu’il n’avait rien à se reprocher, qu’il a fait ce qu’il pouvait », raconte-t-elle. Pour Richard, la peine et le deuil n’en sont pas moins présents.
« Si au moins la police avouait son erreur, faire quelque chose pour ces maisons d’étudiants qui sont de vrai nids à feu, ça aiderait. Il (Pier-Luc) se plaignait d’un courant d’air qui provenait de sa garde-robe. Et derrière la garde-robe, il y avait le panneau électrique. », conclut le jeune homme.
Au moment de son décès, la copine de Pier-Luc se trouvait en Allemagne. « Elle a appris la nouvelle sur MSN », raconte avec émotion le jeune homme.
C’est dans la chambre située au sous-sol que le corps de Pier-Luc Desjardins a été retrouvé, gisant sur le sol.
Photo : François Drouin
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