Académie des langues de Trois-Pistoles : une immersion en français prisée à travers le monde
Trois-Pistoles – Il est 15 h mercredi. Il fait plutôt frisquet et à l’extérieur, l’hiver n’a pas encore dit son dernier mot. Au presbytère de Trois-Pistoles, où sont situés les bureaux de l’Académie des langues, Desma Anindo porte un bonnet et elle a osé enlever son manteau et ses gants. Il faut dire qu’elle a acquis un peu d’endurance depuis le jour de son arrivée en terre pistoloise, le 9 mars. Deux jours plus tôt, elle avait quitté sa terre natale, le Kenya. Son ultime but, apprendre en cinq semaines tout ce qu’elle peut de la langue française pour ainsi répondre aux exigences de sa prochaine mission au Tchad pour l’organisme Médecins sans Frontières. À ses côtés, trois autres personnes vivent la même belle et grande aventure pour un séjour variable. Et ce n’est pas de tout repos!
Pour Desma Anindo, infirmière et sage-femme, il s’agit d’une première expérience en français. Et cela n’est pas du tout facile pour cette professionnelle de la santé qui a pourtant à son actif 5 missions pour Médecins sans Frontières. Et le français constitue la 6e langue qu’elle mettra dans ses bagages personnels. Elle semble trouver cela plutôt ardu, mais elle se débrouille quand même bien. « Le français, c’est l’opposé de l’anglais, me dit-elle. La prononciation, la conjugaison, ce n’est pas facile. Mais c’est une très bonne expérience et j’aime beaucoup Trois-Pistoles. »
Dans le petit bureau où se déroule un atelier de groupe, tous les participants réunis sont d’accord avec les propos de Desma en ce qui a trait à l’apprentissage du français. Cela fait sourire la directrice du développement et de la commercialisation des programmes à l’Académie des langues, Patricia Trinquet, qui était secondée à ce moment-là dans son travail par l’enseignante Émilie Rousseau. Lors de mon passage, elles offraient un atelier aux participants pour leur permettre d’approfondir les notions acquises en matinée dans le cadre de leurs cours privés respectifs.
En avant-midi, à l’Académie des langues de Trois-Pistoles, on y donne des cours privés sur mesure pour chaque personne alors qu’en après-midi, on fait place aux ateliers de perfectionnement.
Photo : Monique Dionne
C’est toujours la façon de faire. Cours privé le matin et perfectionnement en groupe en après-midi, et ce, six jours par semaine. Et chacun reçoit un apprentissage sur mesure en fonction de sa réalité, soit de ses propres compétences, de sa profession et de son niveau. Et par-dessus tout, ils vivent dans des familles de Trois-Pistoles, où ils prennent tous leurs repas et doivent converser en français. Une vraie de vraie immersion totale avec le froid en prime.
Cela ne semble pas déplaire à Peter Heinkamp, originaire de la Nouvelle-Écosse et qui est venu prendre un bain de français de sept jours intensifs à Trois-Pistoles. Logisticien de métier, il était entre deux missions, lui également pour Médecins sans Frontières, et il devait améliorer son français, malgré qu’il soit déjà passablement bon. Au moment où vous lisez ces lignes, il est en Afrique alors qu’il revient d’Haïti. « Les gens de Trois-Pistoles sont sympathiques, lance Peter. C’est une belle petite ville… mais… Le cours est super bon, mais c’est exigeant. »
Du regard, Sonia Graber approuve. Arrivée depuis deux jours à peine, cette « super infirmière » était loin de son Arizona natale. Mais le temps fera certainement son œuvre comme pour cette infirmière spécialisée, Mondell Avril, qui habite la Californie et qui en était à sa quatrième semaine dans notre belle région. « J’ai besoin d’apprendre le français pour une éventuelle mission au Niger ou en Haïti. La moitié des missions sont en français. Et oui, c’est difficile. Le français, c’est bizarre. »
L’ACADÉMIE DES LANGUES DE TROIS-PISTOLES
Ce petit groupe, il n’est pas le premier à vivre cette expérience à Trois-Pistoles. Patricia Trinquet nous fait savoir qu’avant eux, une dizaine de personnes de deux organismes, Médecins sans Frontières et Concern Worldwide, ont profité de l’expertise de l’Académie. Et il semble selon madame Trinquet que ce qui se fait à l’Académie est assez unique. Pourquoi choisirait-on Trois-Pistoles sinon? Les participants viennent de partout dans le monde.
C’est une belle victoire pour Patricia qui tente depuis un an de diversifier l’offre de l’Académie et d’attirer davantage de clientèle. Elle semble sur la bonne voie puisqu’en 2009, l’Académie des langues, organisme à but non lucratif qui a vu le jour en 2004 et qui est présidé par Pierre Beaulieu, a rejoint environ 70 personnes par le biais de ses différentes formations offertes. À l’Académie, c’est particulièrement une clientèle d’affaires.
Ce sont des gens très motivés et ils ont un objectif. On y enseigne le français tout en intégrant des valeurs de protection de l’environnement. À titre d’exemple, en août, un groupe de 25 enseignants de français langue seconde en provenance de Terre-Neuve viendront améliorer leur français et apprendre de nouveaux outils pédagogiques. Des dirigeants d’entreprises s’y rendent également y apprendre le français, langue des affaires.
D’autre part, l’Académie en collaboration avec le camp du Cap à l’orignal enseigne l’anglais à des enfants de 10 à 18 ans. Un camp spécialisé pour l’apprentissage de l’anglais langue seconde est aussi offert au camp Vive la Joie à Saint-Modeste de même qu’un camp d’anglais de jour à Trois-Pistoles. Et l’Académie intègrera bientôt l’espagnol. Intéressant, n’est-ce pas? Et si Trois-Pistoles devenait une sommité dans l’apprentissage des langues?
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