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Endettement des fermes: nuances et mise en perspective

durée 27 juin 2014 | 12h47
  • Rivière-du-Loup - L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a publié récemment une étude sur l’endettement des fermes québécoises qui introduit des nuances essentielles dans l’analyse des stratégies entrepreneuriales des producteurs québécois.

    « Concernant le niveau d’endettement moyen des fermes au Québec, il convient d’élargir le tableau. Si le taux d’endettement moyen des fermes québécoises est élevé lorsqu’on le compare à l’ensemble canadien, il n’est pas devenu “excessif” pour autant. Les producteurs réussissent à obtenir de leurs emprunts un effet de levier positif. La productivité du capital et surtout le niveau de rentabilité économique des établissements québécois se démarquent à l’échelle du Canada », ont expliqué François L’Italien, Lyne Nantel et Clément Bélanger Bishinga, chargés de projet à l’IRÉC et auteurs de l’étude.

    C’est en interrogeant des indicateurs financiers pertinents comme le taux d’endettement, la productivité du capital et le ratio de la rentabilité économique simplifiée que ces chercheurs ont pu observer que les producteurs agricoles obtiennent de leur passif un effet de levier positif qui se traduit par une augmentation des capacités d’investissement et une rentabilité accrue des capitaux propres. Cela illustre le fait que l’agriculture québécoise dans l’ensemble tire bien son épingle du jeu dans le contexte économique et financier nord-américain.

    Rapport St-Pierre

    L’endettement des fermes au Québec a suscité depuis quelques années des commentaires et des analyses touchant plusieurs aspects de la question. Parmi ces contributions, le Rapport St-Pierre publié en 2009 a conclu que les fermes québécoises étaient surendettées et les politiques de soutien aux producteurs agricoles étaient un obstacle, dans leur version actuelle, à une gestion financière efficace des fermes en éloignant les producteurs des signaux de marché.

    « Pourtant, à la lumière des données statistiques disponibles, cette analyse doit être nuancée, précisent les chercheurs. Les propositions du Rapport St- Pierre relèvent d’un autre paradigme de gestion du risque entrepreneurial. Si le niveau d’endettement moyen des producteurs québécois est élevé, rien ne justifie l’abandon des programmes actuels de soutien aux producteurs ».

    Des choix de société

    Selon les chercheurs de l’IRÉC, il importe de tenir compte du fait que les politiques de soutien aux producteurs agricoles relèvent de choix de société concernant le modèle de ferme privilégié au Québec. Ils rappellent que ce dernier valorise l’agriculture de métier pratiquée par un propriétaire exploitant, l’ancrage d’établissements de petite et moyenne taille dans l’en- semble des régions du Québec et une présence dans tous les secteurs de production, selon des perspectives de développement à long terme.

    « C’est cette remise en contexte, disent-ils, qui permet d’établir des comparaisons plus adaptées avec d’autres ensembles comme celui des provinces canadiennes ».

    Ouvrir des perspectives

    Le rapport de l’IRÉC suggère également que des mesures de soutien adaptées soient mises en place dans les meilleurs délais afin d’améliorer les conditions d’entrée dans le métier de la relève agricole confrontée à plusieurs obstacles dans le processus d’établissement.

    « Les ressources financières nécessaires pour que cette relève puisse acquérir des actifs productifs, en particulier la terre, sont devenues très importantes, voire dans certaines régions hors de portée. Il est urgent de réfléchir collectivement à des innovations sociales afin de développer un nouvel arrangement institutionnel qui saura relever ce défi de taille. L’avenir de l’agriculture québécoise reste lié à sa capacité d’innovation sociale et à ses choix de solidarité », ont conclu les chercheurs de l’IRÉC.

    On peut consulter les travaux de l’IRÉC sur le site internet de l’institut sur la Toile : www.irec.net

     

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