Abolition possible des CLD: des entrepreneurs réagissent
Rivière-du-Loup - Selon des informations persistantes, le gouvernement du Québec amenuiserait considérablement la portée de l’action des CLD en matière de développement local, en fonction de ses objectifs d’assainissement des finances publiques.
Une annonce en ce sens pourrait être faite au cours des prochaines jours, voire des prochaines heures, par le gouvernement du Québec.
DANS LA RÉGION
Dans la région, au-delà de la structure, ce sont la dilution de la mission de développement, la dissolution de l’expertise et la coupe drastique des ressources de soutien aux entreprises et au développement, qui inquiètent l’administration et la direction du CLD de la région de Rivière-du-Loup. Une inquiétude partagée par plusieurs élus et entrepreneurs.
Le président du CLD de la région de Rivière-du-Loup, Me Denis Côté, souligne : « Nous ne cherchons pas à défendre la structure actuelle. Il faut regarder plus loin. Ce qui nous inquiète, c’est plutôt l’avenir du développement local, l’avenir de notre économie. Nos ressources jouent un rôle crucial de soutien à l’entrepreneuriat. Nous ne pouvons perdre une expertise qui nous a permis de nous démarquer sur la scène entrepreneuriale à travers le pays. »
Pour le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé, il est essentiel de préserver des acquis qui aident les entrepreneurs en démarrage ou en relève d’entreprise à participer à la création de la richesse collective. Il précise : « Le CLD de la région de Rivière-du-Loup a su adapter son offre de service en lien avec les besoins exprimés par les entrepreneurs dans les 15 dernières années en innovant et en proposant des solutions concrètes. Notre CLD est assurément un acteur économique de premier plan pour notre territoire. L'opération mathématique gouvernementale doit s'adjoindre une vision porteuse d'avenir et de richesse. Ce n’est pas qu’une question de froids calculs. »
DES ENTREPRENEURS RÉAGISSENT
Martin Hivon, propriétaire d’Aviation MH à Rivière-du-Loup, ne mâche pas ses mots. « Je n’ai que du bien à dire du CLD. Se lancer en affaires, c’est intimidant car on ne pense pas à tout. Les professionnels du CLD m’ont permis de faire d’un beau projet, une entreprise viable. Le soutien et le suivi offerts valent de l’or; ça m’a donné le ‘’break’’ dont j’avais besoin pour avancer, en sachant que j'éviterais une erreur de débutant sur une technicalité. Sans l’appui du CLD, ma démarche n’aurait pas été aussi simple. Ça a fait une grande différence dans la gestion de la croissance de mon entreprise. Si ce soutien disparait, les entrepreneurs feront quoi? »
Pour sa part, Stéphane Lagacé, d’Atelier du bois Saint-Laurent de Saint-Cyprien, va plus loin. « Alors que personne ne croyait à notre projet et ne voulait nous financer, le CLD a donné le coup de pouce essentiel à notre démarrage. Les gens du CLD nous ont donné confiance. Ils ont convaincu des institutions d’investir dans notre idée et nous ont ouvert l’accès à du capital de risque. Trois ans après le démarrage, nous comptons 16 employés, nous vendons partout au Canada et nous exportons aux États-Unis. L’encadrement et l’accompagnement du CLD ont été précieux. Si on réduit la mission du CLD et qu’on coupe ses ressources d’investissement de moitié, ça signifiera la mort de plusieurs projets locaux. Ça aura un impact sur le développement des entreprises. Ça voudra dire moins de projets, moins d’investissements, moins d’emplois, moins de tout. Ça ne fera qu’appauvrir notre région et toutes les régions du Québec. »
Richard Tremblay, de l’Érablière du lac Saint-Hubert, affirme : « L’aide du CLD a fait avancer notre dossier à un bon rythme pour nous aider à trouver le financement nécessaire à l’acquisition de l’érablière et à développer des contacts. Ça nous a donné une grosse chance. Seul, je n’aurais pas pu mettre tout le temps nécessaire au démarrage de l’entreprise. Pour nous, l’aide financière du CLD a été primordiale, mais le soutien technique et les conseils nous ont permis de franchir plusieurs étapes beaucoup plus rapidement. Sans ça, nous ne serions pas là! »
Le président de Broderie Signature, une entreprise d’économie sociale de Rivière-du-Loup, Marc Malenfant, insiste sur la fait que l’expertise du CLD s’est révélée essentielle dans le développement de cette organisation. Il souligne : « Broderie Signature a déjà vécu une situation précaire, mais elle est devenue rentable grâce aux conseils et à l’appui obtenus du CLD. Nous sommes passés de 15 à 40 employés en quelques années et nous obtenons maintenant des contrats à travers le Québec. Le CLD n’est pas une institution financière, mais leurs ressources et leurs contacts font qu’on obtient des services qui répondent à nos besoins. »
UNE EXPERTISE À PRÉSERVER EN RÉGION
Selon la directrice générale du CLD de la région de Rivière-du-Loup, Marie-Josée Huot, qu’importe la structure préconisée, il est primordial que la mission, les compétences locales et les ressources d’aide financière du CLD soient préservées. Elle précise : « On ne peut remettre en question l’universalité des services aux entrepreneurs d’ici. Nous avons toujours maintenu un partenariat solide avec les municipalités et la MRC, et ce partenariat a fait ses preuves. Ces trois dernières années, le CLD est intervenu dans plus de 800 dossiers. Grâce à ses services-conseils et son aoutien financier, dont 1,65M $ versés par le CLD, 326 projets ont été réalisés, représentant plus de 27M $ d’investissements totaux, près d’une centaine d’emplois créés et près de 1 000 emplois maintenus. Voilà un bilan concret et convaincant. Et c’est sans compter les interventions de mobilisation, de représentation et de valorisation de l’entrepreneuriat local à l’extérieur de la région, le soutien à l’établissement des travailleurs immigrants et l’appui aux projets de recrutement des entreprises locales. »
Le président du CLD conclut : « Le CLD, c’est un pôle d’expertises et de ressources unique, qui répond aux besoins spécifiques à notre région. Imposer une gestion ou des normes mur-à-mur serait la meilleure manière d’asphyxier l’économie locale et la créativité de nos entrepreneurs. Laisser tomber les CLD, c’est laisser tomber les PME et le développement économique du Québec. »
4 commentaires
On n'a jamais été aussi mal gouvernés au Québec. Dire qu'il reste encore quatre ans à ces incompétents !
Alfred Paquet
pour St-Pascal contribuant ainsi à vider les espaces locatifs qui affichent à louer de plus en plus chez nous.