«Mettre la hache dans la structure, c'est de trop» - Marie-Josée Huot
Rivière-du-Loup – Face aux annonces des diminutions de budget de l'ordre de 50 % visant les CLD du Québec, la directrice générale du CLD de la région de Rivière-du-Loup, Marie-Josée Huot, a fortement réagi en entrevue à Info Dimanche.
Cette dernière, encore très émotive dans ses propos, confirme que pour le CLD de Rivière-du-Loup, les compressions sont de 300 000 $ et entraineront la mise à pied de 5 des 10 employés.
« On croit à tort que 40% de notre budget est utilisé pour l'administration. Mais c'est totalement faux! J'ai fait l'exercice et chez nous, c'est 10%, soit un montant normal pour toute entreprise. Des frais administratifs, il y en a partout, s'exclame la directrice. J'ai toujours fait attention à ça, j'ai toujours eu le souci d'en faire plus avec moins. Alors c'est certain que maintenant, c'est dans les ressources humaines, dans les employés, donc dans les services, que je dois couper. »
MOINS DE SERVICES
Pour le CLD, ça veut dire une réduction des services dispensés. Mme Huot indique entre autres que le suivi technique aux entreprises, un des services développés directement en lien avec les besoins du milieu, devra pratiquement être complètement coupé. Elle mentionne également que le CLD est présentement impliqué dans une cinquantaine de dossiers touchant les collectivités partout sur le territoire, notamment dans les milieux ruraux. Leur participation à ces projets pourrait être remise en considération compte tenu de la diminution des effectifs.
« Il est évident que nous aurons des décisions à prendre avec la MRC dans les prochaines semaines, à savoir ce que nous prioriserons et ce que nous devrons cesser. Chose certaine, nous n'aurons pas de bris de services pendant la phase transitoire et, dès janvier, l'aide financière non remboursable est terminée. Seuls les prêts se poursuivront », précise Mme Huot.
« ÇA FAIT MAL »
Cette dernière reçoit ses compressions budgétaires comme un aveu de non-reconnaissance de la part du gouvernement. « Le gouvernement nous dit ici que l'on est inefficace et qu'il ne reconnait pas l'expertise adaptée à notre milieu que nous avons su développer. Ça, ça fait mal. »
Nous avons toujours été conscients qu'il fallait faire des réductions. Dernièrement, nous avions vécu une réduction de budget de 10% et on l'a fait sans couper dans les services. On aurait même été prêt à faire face à une autre coupure de 10% où on aurait pu préserver la plupart de nos services. Mais là, c'est beaucoup trop. Mettre la hache dans la structure, c'est de trop. Ça va nous prendre un temps fou et beaucoup d'énergie pour tout restructurer. Je me demande ce que nous avons à y gagner. Nous en reparlerons dans un an, quand nous commencerons à en voir les effets », conclut Mme Huot.
4 commentaires
Il est très rare que j'interviens publiquement mais je suis pleinement en accord avec votre témoignage relativement à la décision du gouvernement libéral de sabrer dans nos organismes économiques.
Si tous nos gouvernements précédents auraient géré nos avoirs comme l'avez effectué au sein du CLD à titre de directrice, nous ne serions pas à couper comme des poules sans tête. Dans mon livre à moi, il s'agit d'une décision pour affaiblir les régions.
Il faut continuer à se tenir de debout pour dire à la classe politique que nous avons le droit de se développer et prospérer en région. C'est beau Montréal et ses environs, mais nous payons des impôts comme tout le monde et avons le droit à notre juste part afin de se réaliser comme québécois.
Bravo à toute votre équipe. Ne lâchez pas.
Gilles Lévesque, directeur
Académie des technologies et des affaires
Rivière-du-Loup