Importante pénurie de soudeurs dans la région
Les soudeurs professionnels sont une denrée rare, depuis quelques années, au KRTB, comme partout au Bas-Saint-Laurent. Les besoins des entreprises sont immenses, mais les faibles taux d’inscription et de diplomation ne parviennent malheureusement pas à les combler.
Selon une étude réalisée par le Comité (provincial) sectoriel de main-d’œuvre dans la fabrication métallique industrielle, le Bas-Saint-Laurent était à la recherche de plus de 500 travailleurs, dont environ 180 soudeurs, en 2016. Un nombre très important dans un domaine en progression.
«La situation n’a pas changé dans les derniers mois. En deux ans, l’enjeu du recrutement de la main-d’œuvre est passé du 3e au 1er rang des préoccupations identifiées par nos membres», a confié le directeur général du Comité, Claude Dupuis.
Au KRTB, dire que les besoins sont criants est un euphémisme. Certaines entreprises comme XMetal et Cotech, de L’Isle-Verte, et Les Industries Desjardins, du Kamouraska, recherchent des soudeurs depuis plusieurs mois. Ils ne réussissent pas à les dénicher et leur développement en souffre, ultimement.
«Ça devient difficile de faire croitre l’entreprise sans main-d’œuvre. Nous avons refusé des contrats. Cela représente une perte financière et du travail qui n’est pas venu dans la région», souligne Rémi Côté, responsable des ressources humaines et du marketing chez XMetal et Cotech. «Nous avons 78 employés. À court terme, nous aurions besoin de 5 soudeurs. Pour réaliser tous nos projets à plus long terme, il faudrait aller en chercher une dizaine supplémentaire», complète M. Côté.
À Saint-Alexandre, Les Industries Desjardins ont eux aussi dû se résoudre à refuser certains contrats dans les derniers mois. «On a des soudeurs, mais on ne peut pas prendre de gros contrats sans la main-d’œuvre nécessaire. C’est partout pareil, ce n’est pas seulement en région qu’on manque de travailleurs en métallurgie», a indiqué le copropriétaire Denis Montminy, confirmant qu’il recherchera près de 10 employés spécialisés à long terme.
FORMATION
Dépourvues, les entreprises sollicitent évidemment beaucoup les centres de formation professionnelle, mais ceux-ci ne fournissent pas à la demande, faute d’inscriptions. Au Pavillon-de-l’Avenir (CFPPA) de Rivière-du-Loup, une douzaine d’étudiants terminent leur DEP tous les ans. Si on ajoute ceux de La Pocatière, qui participent à un programme particulier école-travail, c’est environ 15-16 diplômés en soudure-montage pour l’ensemble du KRTB annuellement, ce qui est loin d’être suffisant.
«Avec la région de Rimouski, on parle peut-être d’une quarantaine de diplômés au Bas-Saint-Laurent», estime Benoit Ouellet, directeur de l’établissement scolaire louperivois. «La soudure a déjà été un gros secteur pour nous avec des cohortes de 80 élèves il y a à peine 15 ans. Aujourd’hui, on peine à recruter. On se dit chanceux de compter sur un groupe d’environ 20 étudiants en début d’année.»
De ces nouveaux étudiants, un groupe de 7 ou 8 n’obtiendront d’ailleurs pas leur DEP pour cause d’abandon après la 1re année. «Dans leur formation, ils ont alors acquis les compétences et les apprentissages du métier et ils estiment que c’est assez. La 2e année, qui aborde surtout le montage, est plus exigeante et souvent, elle correspond moins aux besoins immédiats des entreprises. On croit que certains de ces élèves quittent et trouvent directement un emploi sur le marché du travail.»
Le ministère de l’Éducation travaillerait d’ailleurs sur une révision du programme. Celle-ci est attendue d’ici deux ans.
SALAIRES
Côté recrutement, la question salariale est aussi pertinente en région. Au Québec, le salaire d’un soudeur varie entre 15 $ et 30 $, selon Emploi Québec. Certaines entreprises locales, avec un modèle d’affaires davantage familial, ne peuvent toutefois pas, par exemple, offrir un salaire de base de 25 $ à l’embauche. «On constate ainsi une certaine concurrence difficile avec de plus grosses entreprises que l’on retrouve ailleurs au Québec. Les nôtres ne réussissent pas toujours à suivre. Souvent, les diplômés qui restent en région finissent par quitter après deux ou trois ans.»
Reste que le problème est intègre. Pourquoi les programmes de soudure, ou même d’usinage, également en difficulté, sont-ils moins attrayants aujourd’hui qu’à une certaine époque? «Aujourd’hui, le domaine de la construction a la cote. Les jeunes connaissent ce que font les électriciens, les plombiers, mais beaucoup moins les soudeurs. Il y a un problème à ce niveau-là. Il faut valoriser ces métiers et cela débute à la maison avec les parents», croit Serge Pelletier, directeur adjoint au CFPPA.
Sur le plan du recrutement, le Pavillon-de-l’Avenir ne chôme pas et accumule les efforts afin d’attirer de nouveaux étudiants. L’école reçoit chaque année plus de 2500 élèves de niveau scolaire d’un peu partout en visite. C’est sans compter les «élèves d’un jour», au nombre de 500 annuellement, qui viennent passer une journée avec les professionnels.
«Et la soudure est toujours très populaire! Mais ça ne se reflète plus au niveau des inscriptions», note Benoit Ouellet. «Il faut une meilleure concertation entre les milieux scolaires et professionnels. Cela dit, c’est difficile de réunir tout le monde autour d’une même table, faute de temps.»
Il faut aussi mentionner que la formation professionnelle est toujours victime de beaucoup de préjugés. Encore aujourd’hui, plusieurs croient que des études professionnelles ne sont pas synonymes de réussite.
Au Québec, l’industrie de la fabrication de produits métalliques compte 3000 entreprises et embauche plus de 95 000 travailleurs.
2 commentaires
On voit ce que ça donne aijourd'hui.