Des restaurateurs résilients, créatifs et passionnés
Collaboration: Marc-Antoine Paquin
L’attente achève enfin pour les propriétaires de restaurants qui ont eu le feu vert d’ouvrir les portes de leurs établissements le 15 juin. La nouvelle a été accueillie sans surprise, mais avec enthousiasme par les restaurateurs de la région, eux qui sont déjà au travail pour pouvoir recevoir les clients dès la semaine prochaine.
La propriétaire du Pub du lac de Témiscouata-sur-le-Lac, Lucianna Dubé, avait déjà commencé à se préparer pour respecter la norme de distanciation sociale de deux mètres à l’intérieur de son établissement. Elle prendra les prochains jours afin de baser ses aménagements et ses prochaines actions sur le guide publié par la CNESST. Elle déplore toutefois le manque de détails donnés lors du point de presse du gouvernement.
«Je suis contente de rouvrir et les clients aussi. Plusieurs nous avaient vu préparer la terrasse à l’extérieur et nous demandaient quand ils pourraient revenir nous voir. On offrait aussi des repas pour emporter. Les gens ont déjà commencé à réserver. Pour les gros groupes de 25 ou 30 personnes, c’est fini pour le moment», explique Mme Dubé. Le restaurant s’ajustera aussi en engageant une personne attitrée à la désinfection des lieux lors de la période plus achalandée de l’été.
SE RÉINVENTER
À Saint-Alexandre-de-Kamouraska, le bistro-terrasse du Vignoble Amouraska pourra lui aussi reprendre ses activités. La date d’ouverture prévue est le 25 juin afin de tout mettre en place pour répondre aux exigences de la Santé publique.
«Nous avons une terrasse et une section bistro où nous offrons des produits du terroir. On avait développé une formule de panier piquenique à emporter avec des tables et des chaises installées dans le verger pour ne pas perdre la saison et rouvrir cet été. Il a fallu aussi prévoir des embouteillages de plus petits formats. C’était le temps de rouvrir, mais ça demande beaucoup de logistique. Il a fallu se réinventer. Nous sommes une jeune entreprise et ça représente beaucoup d’investissements», témoigne la copropriétaire du Vignoble Amouraska, Kathy Dickner. Le Vignoble Amouraska a officiellement ouvert ses portes en juillet 2019.
Du côté du centre-ville de Rivière-du-Loup, la propriétaire du Casse-croute Frais Délices, Sandra St-Jean, estime également qu’il était grand temps de déconfiner le secteur de la restauration. «Les restaurants en ont besoin, et les gens aussi, c’est bon pour le moral des troupes. Les restaurateurs sont prêts à user d’originalité pour accueillir les clients. Ils vont se serrer les coudes sur la rue Lafontaine, en collaboration avec les élus et Espace Centre-Ville, il y a de beaux projets qui s’en viennent», complète Mme St-Jean. Quelques tables seront ajoutées dans la salle à manger du casse-croute, mais la propriétaire préfère plutôt garder de l’espace d’attente à l’intérieur pour les clients ayant des commandes à emporter. «Je ne me plains pas, on a été capable d’offrir un service depuis le mois de mars, mais j’ai hâte de pouvoir retrouver mes clients habituels sur l’heure du midi», témoigne-t-elle.
Plus bas sur la rue Lafontaine, Pascal Gagnon de l’Intercolonial s’adapte lui aussi à sa nouvelle réalité. La terrasse du bar Le Triangle déménagera de quelques mètres pour maintenant accueillir les clients du restaurant. La P’tite Gare, populaire en saison estivale, sera aussi aménagée en salle à manger extérieure pour maximiser l’accueil des clients.
«Je suis chanceux de pouvoir faire ça. Concrètement, je pense perdre environ sept places dans le restaurant et des tables de quatre personnes vont probablement devenir des tables pour deux. J’ai aussi fait l’achat de plexiglas pour faciliter la distanciation», explique M. Gagnon qui souligne que Le Triangle pourra lui aussi vraisemblablement rouvrir puisqu’il détient un permis de restauration. «Mais je pense attendre une semaine supplémentaire pour me laisser le temps d’ouvrir l’Intercolonial comme il faut avec les mesures imposées.»
CLIENTS AU RENDEZ-VOUS?
Si certains croient toujours que les clients pourraient être réticents à retrouver leurs restaurants favoris dans les prochaines semaines, les restaurateurs ne sont pas de cet avis. «Ils seront au rendez-vous, croit Pascal Gagnon. Mais ce sera aussi aux restaurants de gagner leur confiance. Si on prend les bonnes mesures, s’ils voient que le restaurant coopère, ils viendront.»
La propriétaire de l’Estaminet, Mylen Ouellet, croit également que les gens seront au rendez-vous. Après avoir vécu les derniers mois, ils ne pourront pas résister à l’envie de sortir prendre un verre ou un bon repas. «Nous avons été enfermés et nous avons été bons. On a respecté les consignes. Maintenant, on veut revivre. J’ai vraiment l’impression qu’on va être dans le rush et qu’on va avoir une belle saison, malgré l’absence des touristes. Je pense que nos locaux ont hâte de sortir et de venir nous voir», dit-elle.
Il n’y a toutefois pas de cachettes : les derniers mois ont été épouvantables, financièrement, pour les propriétaires de restaurant. À un point tel que les saisons ne pourront peut-être pas être «sauvées». Mais même si les pertes encourues jusqu’ici sont immenses pour les restaurateurs, - et que l’année 2020 sera à oublier -, Mme Ouellet croit qu’ils sauront se relever. La résilience est d’ailleurs une qualité prédominante dans le milieu.
«Nous sommes tombés de haut, mais on va remonter une marche à la fois. Nous avons toujours été des gens qui se relèvent, des gens qui affrontent ce qui se présente devant eux. On avait juste très hâte d’avoir le go», image-t-elle.
Une philosophie qui animera certainement les passionnés de l’industrie au cours des prochains mois.
2 commentaires
Très hâte d y retourner