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F.F. Soucy: aller au-delà des apparences

durée 14 septembre 2020 | 06h55
  • François Drouin
    Par François Drouin

    Directeur de l'information, journaliste

    D'année en année, le marché du papier encaisse un déclin de 12 %. Avec la pandémie liée à la COVID-19, la demande en papier journal s'est effondrée de 40 %, de 30 % pour le papier glacé et de 20 à 22% dans le papier destiné à la photocopie. Malgré tout, le directeur général de l'usine F.F. Soucy de Rivière-du-Loup, Nicolas Cloutier, entrevoit l'avenir avec réalisme et positivisme.

    Pourtant, deux fermetures consécutives de quatre semaines, une première dans l'histoire de l'usine, inquiètent, mais son dirigeant analyse la situation dans sa globalité. «Comme je l'ai dit à mon équipe, ne regardons pas seulement les deux dernières années, mais l'ensemble. Et puis, le contexte créé par la pandémie a aussi eu une influence directe et majeure sur la consommation de papier», souligne-t-il.

    Cet été, l’entreprise White Birch qui possède trois usines dont celle de Rivière-du-Loup a opté pour une rotation au sein de sa production. La stratégie devait lui permettre d’éviter une fermeture prolongée d’une usine tout en limitant un inventaire qui aurait été difficile à écouler.

    Quant à un système d'alternance d'opérabilité permanent au sein des usines de l’entreprise, Nicolas Cloutier précise qu'aucune compagnie «ne va prévoir à l'avance l'état du marché».

    Histoire de transformer une menace en opportunité, le directeur général a aussi profité de ces fermetures pour offrir des formations aux employés tout en procédant à des travaux dans l’usine. Seulement la semaine dernière, des travaux de 450 000 $ ont été affectés afin de consolider certaines sections avant la saison hivernale. «On souhaite toujours minimiser les impacts sur notre monde et sur nos fournisseurs», ajoute M. Cloutier.

    L’année 2020 n’a pas été une sinécure. À peine l’usine venait-elle de se remettre des répercussions des différents blocus ferroviaires que l’activité économique était mise à mal par les mesures de confinement engendré par la pandémie de la COVID-19.

    Un ressac qui s’est produit à retardement, souligne le directeur général. «Quand la pandémie s’est manifestée, le secteur pâtes et papiers a été considéré comme essentiel et nous avons poursuivi notre production. Les mois de mars et avril se sont bien passés, mais c’est en mai que nous ressenti les effets du ralentissement de l’économie. Les écoles fermées, les gens en télétravail, la consommation de papier s’en est ressentie.»

    EXPORTATION

    L’usine louperivoise exporte près de 70% de sa production, notamment en Inde, au Brésil, aux États-Unis et en Chine. Les trois premiers pays ont été les plus durement touchés par la pandémie et la reprise économique, dans le cas
    de l’Inde et du Brésil, commence à peine à
    redémarrer.

    Nicolas Cloutier reconnait que plusieurs joueurs dans l'industrie du papier ne se remettront pas de la pandémie. «Il y a moins de demandes, mais nous serons aussi moins nombreux pour y répondre et à ce titre, l'usine ici est très bien positionnée.» Selon lui, une trentaine d'usines ne seront pas en mesure de reprendre leurs activités en Amérique du Nord.

    À Rivière-du-Loup ? Eh bien on embauche ! Ainsi, une quinzaine de postes ont été ouverts, dont une douzaine comme opérateur, d’autres aux ressources humaines et en santé et sécurité au travail.

    «Au niveau mondial, nous avons une usine performante. On se démarque par la qualité de notre papier. (...) Notre main d'œuvre dispose d'une formation qui n'existait même pas il y a 15 ou 20 ans. Notre roulement de personnel est fait depuis 2010, la moyenne d'âge est maintenant inférieure à 45 ans. Nous ne sommes pas une usine vieillissante», souligne M. Cloutier.

    Ce dernier admet que le plein emploi qui prévalait avant la pandémie représentait un véritable enjeu pour les gestionnaires. Le programme de formation de l'usine a tout de même permis de recruter du personnel. «Ça demeure quand même un défi», admet le directeur général.

    PRODUCTION LOUPERIVOISE

    Si la production de papier journal de l'usine F.F. Soucy est bien connue, la louperivoise produit aussi du papier de couleur, du papier de construction pour le bricolage, des papiers plus épais de type 81 grammes utilisés notamment dans des insertions dans différents journaux, mais aussi du papier que l'on retrouve autour des crayons de cire de type Crayola. Pour les amateurs de Sudoku et de mots croisés, l'usine produit aussi ce type de papier, qui lui a connu une hausse lors de la pandémie.

    L'usine produit aussi un papier spécial utilisé pour des cibles de tirs accrédité par la National Rifle Association (NRA). Le papier ne roule pas sur lui-même. Il est produit à une fréquence mensuelle lors de compétitions. On y produit aussi des applicateurs pour tampons hygiéniques.

    Le marché est en pleine évolution, mais ce qui permettra à l'usine louperivoise de tirer son épingle du jeu se trouvera notamment dans sa capacité d'adaptation. L’avenir de F.F. Soucy passe donc par une diversification de sa production, «une certaine mixité avec le papier journal», comme l’explique Nicolas Cloutier, pour
    ­assurer le maintien de ses activités et de ses 190 emplois.

     

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