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Usine de biométhanisation : de l’eau dans le gaz

durée 24 septembre 2020 | 06h55
  • Mario Pelletier
    Par Mario Pelletier

    Journaliste

    Confirmation du financement de 27 M$ en 2012, mise en exploitation de l’usine de biométhanisation en 2015 et changement d’orientation au niveau de la production de gaz en 2019, des étapes qui ont pris plusieurs années sans pouvoir engranger des profits mais qui ont plutôt occasionné des déficits.

    Et ce n’est pas fini, maintenant la SÉMER a besoin de plus de 2,3 millions de dollars pour produire ce carburant renouvelable, du gaz compressé qui sera obtenu par un procédé de traitement des matières résiduelles organiques. Cette réorientation passe donc par de nouveaux investissements, «qui seront plus importants que 2,3 M$», a confirmé Michel Lagacé, président de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SÉMER) et préfet de la MRC. La SÉMER est détenue à 40 % par la MRC de Rivière-du-Loup, 40 % par la Ville de Rivière-du-Loup et 20 % par l'entreprise privée Terix-Envirogaz.

    «Le dossier suit son cours, c’est très positif. Les discussions sont très bonnes avec les fonctionnaires même si la COVID-19 a ralenti les affaires. Il n’y a pas d’inquiétude en rapport avec la suite des choses. Nous sommes dans l’attente de la signature d’une entente par la ministre Laforest (Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation)», a mentionné M. Lagacé. La réalisation de plans préliminaires va permettre de préciser le cout des travaux à réaliser. Des développements à cet effet pourraient avoir lieu d’ici la fin de l’année 2020, soutient le président de la SÉMER.

    «Nous avons également une excellente collaboration de la part de Denis Tardif (député de Rivière-du-Loup – Témiscouata) et de Marie-Eve Proulx (ministre déléguée au Développement économique régional et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent)», a souligné le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup.

    LE GOUVERNEMENT

    «Nous avons demandé, il y a quelques mois, l’aide du bureau de la ministre régionale et nous sommes persuadés que Mme Proulx et son équipe ont le dossier bien en main et qu’ils seront en mesure d’accompagner la SÉMER dans leurs démarches au MEI (ministère de l’Économie et de l’Innovation)», a laissé savoir le bureau de M. Tardif.

    Pour sa part, Marie-Eve Proulx a indiqué que c’est un projet qui implique plusieurs intervenants gouvernementaux (IQ, MERN, MAMH, MELCC et MEI). Selon la ministre, le dossier progresse. Elle a précisé qu’une fois l’entente de gestion conclue, la SÉMER pourra autoriser Senaca à amorcer la réalisation des travaux (ingénierie préliminaire et évaluation de la rentabilité ainsi que des couts d’opération). Le rapport de Senaca permettra ensuite au gouvernement du Québec de déterminer si un appui financier est possible par l’entremise des programmes en vigueur.

    «Il est important pour notre gouvernement d’encourager la production de gaz naturel renouvelable au Québec. Le projet de la SÉMER, bien qu’il rencontre certains enjeux, a le potentiel de contribuer à accroître les quantités de gaz naturel renouvelable disponibles et il bénéficie actuellement d’un accompagnement du gouvernement pour le soutenir dans ses démarches. Nous souhaitons que l’usine puisse être opérationnelle le plus tôt possible. Nous avons récemment annoncé 70 M$ pour soutenir le déploiement de technologies propres au Québec. Les nouveaux carburants figurent parmi les secteurs prioritaires dans lesquels nous allons investir pour effectuer un virage vers une économie plus verte au Québec», a souligné Marie-Eve Proulx.

    LES DÉBUTS

    C’est en juillet 2012 que le gouvernement du Québec confirmait un investissement de 11 millions de dollars dans le projet d’usine de biométhanisation de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SÉMER). Cette aide financière s’ajoutait à celle du fédéral de 4 M$. Le cout total du projet à l’époque s’élevait à 27 M$.

    Les installations sont construites depuis quelques années sur le terrain du lieu d’enfouissement technique (LET) de Rivière-des-Vases, à Cacouna. C’est en 2015 qu’a eu lieu la mise en exploitation de l’usine de biométhanisation, mais non sans difficultés depuis.

    CHANGEMENT DE CAP

    En mars 2019, changement de cap, on décide de ne plus produire du gaz liquéfié. La SÉMER mise maintenant sur la production de gaz compressé, qui offrirait un meilleur potentiel commercial, tout en conservant la technologie liée à la liquéfaction. Du même souffle, la Société annonçait la signature d'un contrat de vente de gaz naturel renouvelable (GNR) avec Énergir. La SÉMER laissait entrevoir des profits de l'ordre de 2,5 M$ par année.

    On fondait de grands espoirs dans ce procédé de traitement des matières résiduelles organiques. On attend toujours de pouvoir vendre le résultat de tant de travail et d’enfin récolter de l’argent pour améliorer le bilan financier. À l’inverse, on accumule les déficits. Le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup a confirmé que le déficit enregistré lors de l’état financier dévoilé en décembre 2017 de la SÉMER se situait à près de 5,2 M$. Plus de 30 mois plus tard, il pourrait s'élever aux environs de 7 M$, un montant que refuse de dévoiler M. Lagacé.

    CHIFFRES PUBLICS OU PRIVÉS?

    La décision de ne pas dévoiler de chiffres plus récents entourant le déficit de la SÉMER laisse plusieurs personnes sur leur appétit. En février 2020, la Commission d'accès à l'information du Québec a rejeté la demande formulée au nom du Réseau de l'information sur les municipalités par son porte-parole Roger Plante afin d'obtenir les états financiers 2016 et 2017 de la Société d’économie mixte et d’énergie renouvelable (SÉMER). Le Réseau estimait que le déficit accumulé doit être accessible à la population tout comme le reste de l’information financière de l’entreprise à 80 % publique.

    Michel Lagacé a de nouveau justifié cette prise de position du conseil d’administration de la SÉMER en s’appuyant sur la décision de la Commission d'accès à l'information du Québec. Le dévoilement des chiffres serait contreproductif et risqué dans un marché compétitif, a-t-on soulevé. «Le cas échéant, on pourrait donner des chiffres, quand on aura l’ensemble de l’œuvre et l’accès au financement», a conclu M. Lagacé.

     

     

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