Parcs éoliens : le présent avantageux et le futur prometteur
Les parcs éoliens dans lesquels est impliquée la Régie intermunicipale de l’énergie du Bas-Saint-Laurent apportent des bénéfices supérieurs aux attentes des municipalités. Et le futur est prometteur puisque le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien parle du secteur éolien comme étant économiquement très intéressant.
«Je suis bien content des propos du ministre et de ses intentions de déposer un appel d’offres en 2021 pour un nouveau parc éolien. Nous sommes déjà prêts à présenter un projet», a mentionné Michel Lagacé, président de la Régie intermunicipale de l’énergie du Bas-Saint-Laurent. M. Julien a en effet indiqué qu’il pourrait lancer un appel d’offres pour un projet se situant entre 200 et 500 mégawatts. «500 mégawatts et un investissement de près d’un milliard de dollars, c’est deux fois Nicolas-Riou», a souligné M. Lagacé. Un projet qui pourrait, selon lui, être mis en place dans le corridor des MRC de Témiscouata, Rivière-du-Loup et Kamouraska.
L’Alliance éolienne de l’Est, formée des Régies intermunicipales de l’Énergie du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, les MRC de l’Islet et de Montmagny ont formé un groupe afin de proposer au gouvernement du Québec la mise en place d’un projet éolien majeur, représentant des investissements de plus de 3 milliards de dollars et des bénéfices nets dans les communautés de 35 M$ à 40 M$ par année. Il aurait une capacité de production d’au moins 1200 mégawatts.
Selon Michel Lagacé, les récents développements entourant l’énergie éolienne sont très positifs. D’abord, le gouvernement du Québec a annoncé le projet Apuiat sur la Côte-Nord de 200 mégawatts réalisé par les Innus et Boralex. Hydro-Québec a signé une entente pour l’achat de l’électricité au prix de 6 cents le kilowattheure.
L’appel d’offres pour un projet de 200 à 500 mégawatts servira notamment à établir une base concernant le prix que devrait payer Hydro-Québec pour l’électricité. «Je pense que notre projet pourrait être inférieur à 6 cents du kilowattheure», a soutenu Michel Lagacé. Il l’a d’ailleurs comparé au parc éolien Nicolas-Riou qui se situe à 6,3 cents. «Nous avons l’avantage d’être près des lignes de transport d’électricité», a-t-il souligné.
DE L’ARGENT POUR LES MUNICIPALITÉS
Si les nouvelles sont bonnes pour le développement de la filière éolienne, elles sont tout autant intéressantes au niveau des retombées économiques. Les parcs éoliens Nicolas-Riou et Roncevaux (plus à l’est) ont rapporté 900 000 $ en bénéfices à chaque actionnaire. Ainsi, les MRC des Basques, de Rivière-du-Loup et de Témiscouata ont reçu chacune cette somme. «Les prévisions étaient à 740 000 $, c’est excellent», a lancé Michel Lagacé.
Pour le parc éolien Viger-Denonville, les revenus pour la MRC de Rivière-du-Loup ont été de 1 386 000 $ en 2020, soit 380 000 $ de plus que les prévisions.
D’AUTRES BONNES NOUVELLES
Québec pourrait également procéder à la prolongation des ententes des parcs éoliens sous contrat avec Hydro-Québec pour des périodes de 5 à 10 ans. Même si ceux dans la région sont assez récents, l’idée a plu au président de la Régie intermunicipale de l’énergie du Bas-Saint-Laurent. «Ce serait une excellente nouvelle d’avoir 5 ou 10 ans de plus. Au bout de 20 ans, avec un programme d’entretien, les éoliennes seront en bon état. Le parc éolien Viger-Denonville pourrait alors rapporter en 2033 six millions de dollars en bénéfices», a précisé M. Lagacé.
Le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup a également indiqué que la région a reçu dans ses démarches l’appui de Marie-Eve Proulx, députée de Côte-du-Sud, ministre déléguée au Développement économique régional et ministre responsable du Bas-Saint-Laurent. De plus, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien est depuis récemment le ministre responsable de la région de la Gaspésie. Il est aussi responsable de la région de la Côte-Nord.
1 commentaires
Projet éolien Apuiat : inutile et coûteux
La confirmation du projet éolien Apuiat sur la Côte-Nord (200 MW) ne constitue pas une bonne nouvelle pour les consommateurs québécois; non seulement le gouvernement Legault effectue-t-il un virage à 180 degrés concernant ce projet controversé mais encore met-t-il la table pour une deuxième vague d’achats d’énergie éolienne.
Hydro-Québec prévoyait en 2005 que le Québec allait bientôt manquer d’électricité; électrification des véhicules, centre de données, Plan Nord, nouveaux contrats avec le Nord-Est américain, etc. Contraint par décret gouvernemental, Hydro-Québec lance alors une série d’appels d’offres totalisant 4,000 MW. L’objectif du gouvernement était clair; la filière éolienne devait dynamiser les régions, la rentabilité n’étant pas un enjeu pas plus que la réduction des gaz à effet de serre (GES), l’empreinte carbone de l’éolien se comparant avantageusement avec celle de l’hydroélectricité.
Oui il y a eu la crise en 2008 mais aucune des prévisions d’Hydro-Québec ne s’est avérée de sorte que la société d’état s’est retrouvée avec des surplus historiques d’électricité qui ne cessent, encore aujourd’hui, de s’accumuler. Tant et si bien que Hydro-Québec doit déverser dans la nature le trop-plein de ses réservoirs, soit l’équivalant d’environ $700 millions/année. En 2016, la vérificatrice-générale du Québec évaluait à $2.5 milliards les pertes engendrées par les surcoûts provenant des achats excédentaires d’énergie éolienne pour la période 2009-2016. Avec le parc éolien québécois maintenant en pleine opération, ces pertes pour la période 2017-2020 totalisent un autre $2.4 milliards.(1) De plus, selon une étude d’Hydro-Québec parue en 2014, la société d’état a déboursé en infrastructures $2.7 milliards pour brancher les éoliennes à son réseau dont $1 milliard remboursé aux promoteurs pour le câblage des éoliennes et les sous-stations. Après avoir mis la hache dans le projet Apuiat, le gouvernement Legault, quelques jours plus tard, autorisait des projets éoliens, de cogénération (biomasse) et de mini-centrales hydroélectriques totalisant 170 MW à un coût moyen de 11.5 sous/kwh. À lui seul le projet éolien des Cultures en Montérégie (24MW) occasionnera des surcoûts (pertes) de plus de $200 millions sur 20 ans. Indécent dites-vous? Une partie de ces pertes a été refilée aux consommateurs québécois à raison d’une hausse de 10% sur leur facture d’électricité, le reste étant assumé par Hydro-Québec, des centaines de millions en redevances en moins au gouvernement chaque année.
Hydro-Québec prévoit la fin des surplus dès 2027, alors qu’en 2018 des surplus pour vingt ans étaient envisagés. Que s’est-il passé? D’abord on consent à aider les serriculteurs, il était temps, après dix années à nager dans les surplus. L’approvisionnement en énergie du Nord-Est américain est une réalité qui s’impose et pour l’instant l’offre suffit largement à la demande. Le projet de liquéfaction de gaz naturel (GNL) au Saguenay est plutôt sur la voie de retrait que sur la voie rapide. Le reste des prévisions est une série de « si » et de « peut-être ». Doit-on continuer à développer des énergies renouvelables à perte et subventionner le consommateur américain pour qu’il paye moins cher son électricité et nous plus cher? Le projet éolien d’Apuiat n’y échappera pas non plus, même à 6 sous/kwh.
Combien en coûtera-t-il vraiment à Hydro-Québec pour intégrer cette énergie au réseau? Quel est le taux d’indexation prévu au contrat? Combien coûtera à HQ l’ajout de nouvelles infrastructures (câblage, sous-station, pylônes, etc.) ? À combien s’élèveront les frais de transport et d’équilibrage? L’expérience des autres parcs nous démontre que ces coûts pourraient se situer à au moins 2 sous/kwh, considérant de plus que nous sommes loin des marchés. Au prix moyen de vente actuel (5.9 sous/kwh ) si HQ paye 8 sous/kwh, soit 6 sous au contrat et 2 sous pour les frais et l’intégration ce sont des pertes de $450 millions/30 ans que devront assumer les consommateurs québécois. L’ex-dg d’Hydro-Québec, Eric Martel, prévoyait des pertes de $1 à $1.5 milliard pour un projet à 7.2 sous/kwh. De plus le coût de construction d’Apuiat est hautement discutable à $600 millions alors que le projet éolien Whitla en Alberta (202 MW), récemment mis en service au coût de $350 millions livre à 3.7 sous/kwh, transport et intégration compris!
On tend à comparer le coût d’Apuiat (6 sous/kwh) au coût du barrage de la Romaine (6.4 sous/kwh) qui sera pleinement opérationnel cette année. Amortie sur plus de cent ans le coût de revient de l’énergie hydroélectrique de la Romaine va graduellement baisser sous la barre des 3 sous/kwh. De plus l’énergie hydro-électrique est une énergie fiable et disponible, ce qui n’est pas le cas de l’éolien, une énergie intermittente et non stockable, dont le coût est indexé annuellement. Personne ne s’en surprendra, l’éolien n’a jamais fait ses frais et ne doit sa survie qu’aux généreuses subventions et exemptions accordées. Le gouvernement ne s’en cache pas non plus les projets éoliens sont avant tout motivés politiquement; on sent derrière ce projet une intense activité des lobbies et autres groupes d’intérêts privés.
Les Premières Nations sont fières d’être associées à un projet qui va leur garantir un apport substantiel de fonds. Ce projet est peu structurant, à part le boom de construction une dizaine d’emplois* seulement seront créés sans entrainer la venue de nouvelles entreprises ou de nouveaux investissements. Chercher à bâtir des ponts avec la communauté innu est un objectif noble, mais pas à n’importe quel prix et au détriment des 4.3 millions d’abonnés d’Hydro-Québec qui doivent payer la facture, déjà salée, de l’éolien. Il y a certainement mieux à faire pour valoriser les richesses de ces territoires et des gens qui y vivent.
En pleine pandémie** alors que la demande fléchit, que les hivers doux se succèdent, que les surplus ne cessent de s’accumuler à des records historiques, que les consommateurs n’ont de cesse d’éponger les milliards de pertes générées par la filière éolienne, rien n’est moins opportun que d’autoriser le projet éolien Apuiat. Encore moins d’annoncer une deuxième vague éolienne alors que nous sommes encore submergés par la première qui sévit toujours. C’est tout simplement indécent et scandaleux.
Pour l’instant les surplus pharaoniques permettent de pallier à toute hausse de la demande. Il sera toujours possible de déployer rapidement (18-24mois) des projets d’énergie éolienne en se basant sur un horizon réaliste et en impliquant directement HQ en tant qu’opérateur pour une intégration complète de la ressource, et des profits. D’ailleurs Hydro-Québec devait être maître d’œuvre du projet Apuiat avant d’être écarté ???
Le Québec n’a pas besoin d’un autre projet éolien pas plus qu’il n’avait besoin d’une cimenterie. Les élus doivent revoir leur rôle et exercer le mandat qui leur a été confié : améliorer la qualité de vie de leurs citoyens et non les appauvrir au bénéfice d’intérêts privés.
Claude Charron, coordonnateur, RDDA
Regroupement pour le développement durable des Appalaches
* Parc éolien québécois : l’étude de la firme KPMG, commandée par l’industrie, a recensé pendant la construction, terminée en 2017, la création de 2,280 emplois directs et 2,734 emplois indirects. Pour la phase d’exploitation ce sont de 200-300 emplois à temps plein qui sont requis. L’investissement éolien au Québec dépasse les $10 milliards. Selon les analystes en énergie les surcoûts de l’éolien en 2026 dépasseront allègrement les $10 milliards pour se poursuivre jusqu’en 2037 selon l’échéance des projets et les fluctuations du marché de l’énergie.
** À l’instar du gouvernement britanno-colombien et de sa société d’état BC-Hydro, notre regroupement presse le gouvernement actuel pour qu’un décret gouvernemental soit émis en urgence pour obliger Hydro-Québec à cesser tout achat d’énergie excédentaire provenant de ses fournisseurs. Devant une situation exceptionnelle de « force majeure » où nous sommes en guerre contre un virus mortel il est légitime que tous les acteurs de la société soient mis à contribution.