Thermopompes: attention aux vendeurs itinérants
Le téléphone sonne, vous répondez et voilà qu'on vous propose rapidement une rencontre afin de rencontrer un représentant de Transition énergétique Québec. On vous promet des économies et un spécialiste est même prêt à vous rencontrer à domicile. Si vous acceptez, vous venez de mettre le doigt dans l'engrenage de la vente de thermopompes vendues à prix d'or.
Comme le rapportait déjà Info Dimanche en 2019, des vendeurs itinérants de thermopompes tenteraient de transformer l’air chaud en or pour leur seul profit. Il semble bien qu’ils soient encore actifs dans le Bas-Saint-Laurent alors que de nombreux lecteurs nous ont confirmé avoir été contactés.
Pour Yvan Turcotte d'Yvan Turcotte Électrique de Rivière-du-Loup, ces vendeurs itinérants n'ont aucun scrupule. «J'ai vu des gens me montrer des soumissions à 10, 12, 14 000 et même 16 000 $. On me demandait même comment je faisais pour avoir des prix si bas. Les gens ne connaissent pas ça, il se font piéger», raconte M. Turcotte.
Il faut aussi savoir que malgré un prix d'or, la qualité n'est pas au rendez-vous, bien au contraire. «Il y a le modèle, mais aussi l'installation qui est déficiente, ces gens-là n'ont pas de carte, ils n'ont aucune compétence. Et quand ça brise, les pièces sont difficiles à obtenir et les vendeurs sont déjà loin, on ne les revoit plus», ajoute l'entrepreneur.
Plusieurs de ces vendeurs itinérants jouent sur l’ambigüité de leur identité qui donne à croire qu'ils ont un lien avec un programme d'économie en matière d'efficacité énergétique comme Rénoclimat et Chauffez Vert. Selon nos informations, des lecteurs ont reçu des appels, parfois même jusqu'à quatre appels, de vendeurs se faisant passer pour Transition énergétique Québec.
Une fois le rendez-vous pris, toutes les tactiques connues de la vente sous pression sont mises à l'oeuvre, dont celle de l'offre «incroyable», mais éphémère et qu'il faut signer «tout de suite». Les victimes sont fortement incitées à apposer leur signature à un contrat de vente qui inclut un plan de financement à des taux d’intérêt exorbitants.
«Les gens doivent se renseigner, faire appel à des entreprises locales, qui ont pignon sur rue», souligne un commerçant local qui a préféré ne pas être identifié. Yvan Turcotte en rajoute : «C'est important de faire affaire avec une entreprise locale, de se renseigner pour avoir un matériel de qualité et une installation conforme pour ne pas se retrouver avec un produit qui n'en vaut pas la peine.»
En 2019, Charles Tanguay responsable des partenariats stratégiques et des relations avec les médias de l’Office de la protection du consommateur mentionnait que plusieurs promesses n'étaient pas tenues par ces vendeurs itinérants. «Des économies qui ne sont pas au rendez-vous ou des appareils bas de gamme vendus trois fois trop cher. Ces entreprises ferment rapidement, il faut se montrer vigilant et comparer les prix, s’informer.»
Les vendeurs à domicile vous feront miroiter des économies de 55 à 65 %, ce qui est impossible à atteindre avec les appareils bas de gamme. Selon les données disponibles, les économies d’énergie réelles réalisées avec ce type d'appareil oscillent plutôt entre 25 et 35 %. Dans l'est du Québec, avec les températures hivernales, une thermopompe doit afficher un rendement jusqu'à -30 Celsius.
À SAVOIR
Tout acheteur dispose au minimum de 10 jours pour annuler le contrat. Ce délai peut être porté à un an si le commerçant itinérant n’a pas de permis ou s’il a négligé certaines des obligations qui lui sont imposées par loi. Il faut aussi savoir que même si le vendeur a fait installer un nouveau système, la règle des 10 jours prévaut.
Lors d’une visite impromptue ou d’une demande de rencontre, il faut exiger de voir la licence de la Régie du bâtiment du Québec pour effectuer les travaux. Demandez-vous si le représentant détient un permis de commerçant itinérant de l’OPC, si son dossier à l’Office contient d’autres informations pertinentes. La compagnie a-t-elle des jugements inscrits à son encontre sur le site jugements.qc.ca? A-t-elle de bonnes références?
L’Office invite aussi les consommateurs qui veulent en savoir plus ou qui souhaitent porter plainte à communiquer avec l’un de ses agents.
OPC
L’Office de la protection du consommateur (OPC) avise régulièrement les consommateurs qui ont fait affaire avec ce type d'entreprises qu’ils pourraient avoir droit à un remboursement.
D'ailleurs, plusieurs d'entre elles voient leur licence annulée par le bureau des régisseurs de la Régie des bâtiments du Québec pour des motifs de prête-nom; fausses déclarations; cessation illégitime d’activités d’entrepreneur de construction; travaux effectués sans détenir les bonnes sous-catégories et avoir utilisé les services de sous-traitants non titulaires d’une licence et manque de probité.
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