Les Montréalais responsables d'une flambée des prix des maisons en région
La pandémie liée à la COVID-19 a entrainé l’exode de nombreux ménages montréalais vers les régions. Par la même occasion, elle a engendré une flambée du prix de vente des résidences principales et secondaires à l’extérieur de la région métropolitaine. Le Bas-Saint-Laurent, moins touché que d’autres régions, n’y échappe pas.
C’est ce que démontre une étude menée par la firme JLR Solutions financières, une société d’Equifax. Ainsi, entre aout 2020 et avril 2021, les Montréalais qui ont acheté une résidence au Bas-Saint-Laurent ont payé un prix médian de 8 500 $ plus élevé que les autres acheteurs. Si la région n’a pas été épargnée, d’autres ont connu une augmentation significativement plus marquée.
Ainsi, en Estrie, lors de cette même période, les acheteurs montréalais ont payé un prix médian de 85 000 $ plus élevé que les autres acheteurs dans cette région. C’est dix fois plus qu’au Bas-Saint-Laurent. On se console comme on peut, diront certains.
Le tableau suivant illustre le prix médian entre aout 2020 et avril 2021 pour une résidence unifamiliale selon la provenance des acheteurs
Région | Acheteurs locaux | Acheteurs montréalais | Différence |
Bas-Saint-Laurent |
165 000 $ |
173 500 $ | 8 500 $ |
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 182 125 $ | 202 473 $ | 20 248 $ |
Estrie | 225 000 $ | 310 000 $ | 85 000 $ |
Source: JLR Solutions financières
L’étude reconnait que le phénomène de la surenchère n’est pas nouveau dans le marché montréalais, mais que la crise sanitaire a accéléré la demande de maisons partout en province créant un effet de rareté. Devant une demande accrue, les prix ont bondi dans des régions qui avaient jusque-là enregistré de petites augmentations ces dernières années.
«Les bas taux d’intérêt, la croissance du revenu moyen, le taux d’épargne élevé et l’importance accrue du logement ont tous contribué à la hausse de la demande et donc des prix. Toutefois, dans le cas des régions, une nouvelle demande en provenance de la métropole est venue exacerber la situation», soulignent les auteurs de l’étude.
Alors que 20 % des acheteurs de propriétés à l’extérieur de la métropole provenaient de Montréal dans la période dite prépandémie, soit d'aout 2019 à aout 2020, cette proportion a grimpé à 25 % après les changements de comportements imposés par les mesures sanitaires adoptés pour faire face à l’arrivée de la COVID-19. Ce résultat vient confirmer la croissance de l’attrait pour les régions à la suite du nouveau coronavirus.
Le Bas-Saint-Laurent a également vu le nombre d’acquéreurs provenant du Grand Montréal grimper avec une hausse de 4 % par rapport à l’an dernier. La firme JLR estime que la pandémie et le télétravail pourraient aider à la revitalisation des régions de l’Est-du-Québec, notamment dans des secteurs confrontés à des enjeux démographiques, alors que plusieurs régions seront aux prises avec des baisses de population dans les prochaines années.
Pour la firme, la croissance des ventes est cohérente avec les récentes données sur la migration interrégionale de l’Institut de la statistique du Québec. Ainsi, le taux net de migration interrégionale pour la période 2019-2020, qui intègre une partie de la tendance causée par la pandémie, est le plus élevé depuis 2013-2014 en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et au Bas-Saint-Laurent. Quant à Montréal, ce même taux n’a jamais été aussi négatif que lors de la dernière année.
Les possibilités de télétravail, le besoin d’espace et l’attrait pour les résidences secondaires sont des facteurs mis de l’avant afin d’expliquer, du moins en partie, cet engouement. Le phénomène des néorureaux ne date pas d'hier, mais force est d'admettre qu'il s'est accentué avec la présente pandémie.
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