Les résidus alimentaires de Québec traités par la SÉMER
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, veut le proverbe. Parlez-en à la Société d'économie mixte d'énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SÉMER) qui accueille depuis maintenant trois mois les résidus organiques de la Ville de Québec. L'usine de biométhanisation de la vieille capitale qui n'a pas encore été mise en fonction nécessite des réparations et c'est l'usine de Rivière-des-Vases qui «digère» la biopulpe de Québec.
«C'est une bonne nouvelle à différents égards, notamment parce qu'on se donne un coup de main. Les gens de la Ville de Québec, comme ceux de Laval et de Shawinigan d'ailleurs, étaient déjà venus visiter notre usine. Ils ont une problématique et ils souhaitaient disposer de leur matière sans passer par l'enfouissement. On a donc développé une entente avec eux jusqu'à ce que leur usine ait redémarré», explique le président de la SÉMER et préfet de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé.
La collaboration entre les deux usines ne s'arrête pas là. Soucieuse d'aider sa voisine à démarrer sa production, la SÉMER confirme qu'elle fournira l'inoculum, une substance contenant les bactéries nécessaires à la digestion et à la décomposition des matières organiques, notamment en biogaz.
«Le procédé, c'est comme un gros estomac, lance Michel Lagacé en riant. Notre inoculum, notre flore, est en marche depuis 2015, elle a de l'appétit et demande de la matière. Le temps de développer l'inoculum demande du temps et nous allons les aider à avoir des bactéries déjà stimulées. C'est un échange qui est bon pour eux, et bon pour nous.»
Quant aux modalités financières, la SÉMER refuse d'en dévoiler les aspects pécuniers, assurant toutefois que l'entente commerciale réjouit les deux parties. «Les matières putrescibles avaient la valeur de l'enfouissement, aujourd'hui on se les arrache. Il y a de plus en plus d'usines, tout le monde veut produire du biogaz, et c'est devenu un marché compétitif et on doit le demeurer. On garde donc les prix pour nous, mais ils sont intéressants», assure Michel Lagacé.
Rappelons qu'en janvier dernier, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, avait annoncé une contribution financière de 500 000 $ à la SÉMER afin de l’aider à «poursuivre ses activités». À ce jour, le gouvernement du Québec n’est toujours pas prêt à investir les millions de dollars nécessaires afin de permettre à l'usine de biométhanisation d’exécuter ses travaux et de lancer la production de gaz liquéfié.
SÉMER
L'usine de biométhanisation, qui devait lors de son inauguration en 2015 produire du gaz liquéfié à partir de matières organiques, s'est orientée vers le gaz comprimé en 2019. Deux ans et demi plus tard, en septembre 2021, la SÉMER a annoncé vouloir faire un retour vers la production de gaz liquéfié. Dès lors, une entente de 20 ans a été conclue avec l’entreprise Énergir pour le commercialiser.
La SÉMER est détenue à 80 % par le public soit à 40 % par la Ville de Rivière-du-Loup et 40 % par la MRC de Rivière-du-Loup. C'est le promoteur privé Terix-Envirogaz qui détient les derniers 20 %. Les frais d’exploitation de l’usine sont évalués à environ 2 M $ par année.
C'est en grande pompe que le gouvernement du Québec confirmait en juillet 2012 un investissement de 11 millions de dollars dans le projet d’usine de biométhanisation de la SÉMER. Cette aide financière s’ajoutait à celle du fédéral de 4 M $. Le cout total du projet à l’époque s’élevait à 27,6 M $. Michel Morin était alors maire de Rivière-du-Loup.
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