La pharmacie Brunet de Trois-Pistoles est vendue
Généralement, un changement de propriétaire dans une entreprise implique aussi un changement de garde à sa direction. Parce qu'on ne fait jamais rien comme ailleurs dans les Basques, Jean-François Desgagnés et Majella Martin demeureront bien actifs au sein de la pharmacie Brunet de Trois-Pistoles qui a été acquise par David Sanchez et David Camargo.
Les deux nouveaux propriétaires et la conjointe de M. Sanchez, Nidia Saldarriaga, qui est aussi pharmacienne et travaillera à la pharmacie, sont originaires de Colombie. Ces derniers étaient établis à Montréal depuis quelques années et ils rejoindront l’équipe composée de Julie Boucher, Marie-Josée Picard, Majella Martin et Jean-François Desgagnés qui du même coup passe de quatre à sept pharmaciens.
«Là on est équipé ! La population le demandait et le méritait», lance avec enthousiasme le pharmacien. Ce dernier souligne qu’avec de tels renforts, la pharmacie pourra développer de nouveaux services. Cette arrivée aura aussi un impact positif sur la prise en charge des patients.
«Les nouveaux pharmaciens qui parlent parfaitement français ont beaucoup d’ambition pour développer des services et c’est l’une des réponses que nous souhaitions. Il ne font pas que reprendre le flambeau, ils ont des idées», souligne M. Desgagnés.
PÉRENNITÉ
Pour le pharmacien, la vente de la pharmacie était avant tout l’occasion de consolider et de bonifier l’équipe de la pharmacie. Il admet avoir tenté de recruter des pharmaciens depuis trois ans, mais en vain. La pénurie de personnel en pharmacologie qui frappe le Québec n’a pas épargné la région.
«Il fallait faire quelque chose avant que nous soyons à bout et c’était justement une avenue que nous pouvions explorer. (…) Même trouver des pharmaciens remplaçants c’est compliqué. On a essayé fort et cette opportunité s’est présentée.»
ACCUEIL
Quant à la réceptivité de la population, le pharmacien s’est montré confiant. «Un des deux David m’a posé la même question. Je lui ai dit que les gens allaient les adopter du moment qu’ils auront la conviction que vous autres vous les adoptez aussi. Ça va être un "match" parfait !»
Jean-François Desgagnés rappelle que la région a été une terre d’accueil et de francisation pour des familles de réfugiés colombiens. Il met de l’avant l’ouverture de la communauté pistoloise qui accueille des médecins étrangers en provenance d’Afrique comme de l’Europe-de-l’Est.
Le pharmacien de 53 ans fait preuve de confiance en son milieu, mais aussi dans la personnalité des nouveaux propriétaires. «Je n'aurais jamais conclu cette transaction si j'avais eu quelque doute que ce soit. Jamais. Et puis, je ne m'en vais pas, je reste ici, à la pharmacie et à Trois-Pistoles. Je tente de repousser ma date de péremption un peu [rire] quant à ma retraite, je vais la passer ici», lance Jean-François Desgagnés.
QUI PREND PAYS PREND… PHARMACIE
Cet adage (un brin transformé pour les besoins de l’article) s'applique aussi bien à Jean-François Desgagnés qu'aux nouveaux propriétaires. Comme eux, le Saguenayen d'origine a fait des Basques sa terre d'adoption. L'entrevue a aussi été l'occasion pour le pharmacien d'y aller d'un vibrant plaidoyer pour sa région, particulièrement pour Trois-Pistoles et les Basques, un milieu de vie qu'il qualifie d'exceptionnel.
«Je suis arrivé ici en 1998, à l'âge de 28 ans. Mes enfants sont nés ici, ont été baptisés ici, ont fait leur école ici. (...) J'ai confiance dans l'avenir de ma région, dans sa revitalisation, dans son ouverture. Il y a plusieurs initiatives de développement, pas toujours suffisantes, mais il y en a. Le milieu bouge, il n'est pas statique. Notre milieu de vie, on ne se le cachera pas, est d'une grande beauté. Moi, si tu me le demandes d'où je suis, je réponds que je suis du Bas-Saint-Laurent, que je suis un Bas-Laurentien.»
C'est en quelque sorte un passage de témoin qui s'effectue entre messieurs Martin et Desgagnés et les nouveaux propriétaires. «C'est un continuum, la pharmacie reste là. Ce sont de nouvelles personnes qui vont maintenant l'animer, comme moi je l'ai fait à mon arrivée. La vie, c'est un continuum, ce n'est pas ponctuel et le plus beau je dirais, c'est que Julie, Marie-Josée, Magella et moi y serons encore. La vie n'est pas un point d'arrêt, c'est une nouvelle ligne de départ», souligne M. Desgagnés.
Avec un déficit de près de 3 000 pharmaciens au Québec, Trois-Pistoles en sort la grande gagnante. Tant sur le plan de la santé que de la culture.
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