Airbnb au Bas-Saint-Laurent : une industrie en pleine mouvance
En février dernier, plus de 829 annonces d’hébergement locatif étaient offertes au Bas-Saint-Laurent sur la plateforme Airbnb. Du lot, seulement 25 % des sites proposés affichaient un numéro d'enregistrement de la Corporation de l'industrie touristique du Québec (CITQ) pourtant obligatoire.
Ce résultat varie selon les municipalités. À Témiscouata-sur-le-Lac, seulement 2 annonces sur 26 sont conformes pour un maigre 7,7 %. À Trois-Pistoles 2 annonces sur 12 présentaient un numéro d’enregistrement, soit 16,7 %. La Ville de Rivière-du-Loup, où l’on retrouve le plus d’entrées sur Airbnb au KRTB, seulement 12 des 52 annonces étaient légales pour un taux de 23,1 %. À Notre-Dame-du-Portage, le taux grimpe à 40 % alors que 4 annonces sur les 10 étaient conformes.
La situation a été décriée par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) dont la recherche a permis de dénombrer 29 482 locations offertes sur la populaire plateforme au Québec. Au total, 23 245 n’étaient pas certifiées, donc non conformes et présentées comme illégales, soit une proportion de 79 %.
Airbnb soutient avoir tenu sa promesse de se conformer à la loi québécoise. Depuis, de nombreuses annonces de logements qui n'affichaient pas un numéro d'enregistrement de la CITQ ont effectivement été retirées. Au KRTB, des dizaines de logements disponibles ont ainsi disparu de la plateforme de locations. Le quotidien Le Devoir a toutefois démontré qu’il était toujours possible de faire valider une annonce à partir d’un numéro d’enregistrement factice.
RIVIÈRE-DU-LOUP
Rappelons que la Ville de Rivière-du-Loup fait face à une importante pénurie de logements. Si aucune législation municipale n’encadre ce type de location touristique, les élus soulignent néanmoins suivre de près la situation.
«Le dossier a été étudié par les conseillers et le maire (Mario Bastille). La situation n'est pas considérée préoccupante pour le moment, par contre on suit la situation avec intérêt. La question du logement est sensible pour le conseil, particulièrement pour le maire qui en fait un enjeu lors de sa campagne électorale et il n'entend pas rester les bras croisés si la situation devient problématique», souligne le directeur du Service des communications de la Ville de Rivière-du-Loup, Pascal Tremblay.
Ce dernier rappelle que les sites disponibles sur Airbnb ne sont pas tous des logements ou des résidences. On dénombre des sous-sols de maison familiale, des chambres et des chalets. Ce type de location représente une industrie en pleine expansion depuis une dizaine d'années, mais elle peine à se légitimer.
«Tout logement disponible est un logement important pour nous. Il ne faut pas se leurrer. Nous sommes à 0,5 % d’inoccupation (0 % dans le cas des 4 ½ et 5 ½), c’est pourquoi nous regardons attentivement la situation. Combien de propriétaires vont obtenir leur certification ? Y en aura-t-il plus ? Un logement qui n’est pas disponible c’est déjà un problème pour des familles. Ça fait partie d’une industrie qu’il faut reconnaitre, mais ça n’enlève rien à la problématique d’accès aux logements. (…) Si dans le lot, quelques logements redeviennent disponibles pour les familles, on va les accueillir à bras ouverts.»
M. Tremblay confirme que les demandes de certificats de conformité affluent à la Ville depuis qu'Airbnb a suspendu les annonces sans numéro d'enregistrement de la CITQ. Rappelons que ce sont les municipalités qui doivent émettre ces certificats qui permettent ensuite aux propriétaires d'obtenir un numéro d'enregistrement de la Corporation de l'industrie touristique du Québec.
Rappelons qu'au Québec, la Loi sur l’hébergement touristique et le Règlement afférent stipulent qu’il est obligatoire de détenir un numéro d’enregistrement lorsqu’on souhaite offrir de l’hébergement à des fins touristiques.
NOTRE-DAME-DU-PORTAGE
Du côté de Notre-Dame-du-Portage, le maire Vincent More qui a déjà opéré un site d’hébergement via Airbnb a rappelé la grande tradition d’accueil de sa municipalité. Ce dernier ne voit donc pas d’un mauvais œil ce type d’hébergement au sein de la municipalité.
«Il y a une tradition d’accueil au Portage. Ça existait ici bien avant Airbnb. Les gens laissaient leur maison pour se retirer dans la cuisine d’été afin d’accueillir des touristes. On a un village de villégiature, un village accueillant, ce n’est pas une problématique du tout», affirme le maire.
Ce dernier confirme (en date du mercredi 29 mars) que la municipalité a reçu deux demandes de certification.
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