Repreneuriat : l’exemple à succès de Verbois
L’acte de reprendre ou de racheter une entreprise existante pour en assurer la progression et le développement, ce qu’on appelle le repreneuriat, est discuté de plus en plus au Canada et ce n’est pas un hasard. On estime que 76 % des entreprises au pays seront à la recherche d’une relève dans la prochaine décennie*, faisant de cette avenue une option intéressante pour les gens souhaitant joindre ou poursuivre dans le milieu des affaires. Dans la région, les dernières années ont mis de l’avant de belles histoires à succès, dont celle de Verbois.
Fondée en 1999 par André Boucher et reprise en 2021 par cinq entrepreneurs locaux, l’entreprise spécialisée dans la fabrication de meubles contemporains en bois massif est aujourd’hui un exemple intéressant du potentiel encore trop méconnu du repreneuriat.
En faisant son acquisition, la nouvelle direction a non seulement profité d’une base solide et d’une clientèle établie, elle a également permis à l’usine manufacturière de conserver une expertise locale, de poursuivre sa transition technologique et de plonger encore plus loin dans l’innovation. Comme quoi le repreneuriat est aussi une occasion de développer de nouvelles idées et de relever des défis d’envergure.
Moins d’un an après la reprise faite auprès de M. Boucher, un homme d’affaires visionnaire qui avait amené son entreprise à maturité, misant sur l’automatisation afin d’augmenter l’efficacité et la capacité de production de son équipe, la nouvelle administration a décidé d’investir à son tour et de pousser Verbois à une étape supérieure.
Les cinq actionnaires, Gilles D’Amours, Marie-Ève D’Amours, Pierre-Olivier Charest, Aglaée Côté et Étienne Gagnon ont profité d’une aide financière du gouvernement du Québec et d’Investissement Québec pour réaliser un projet ambitieux d’agrandissement de 3 300 pieds carrés. Ils ont également ajouté une nouvelle cellule CNC et un bras robotisé permettant une production accrue de panneaux de bois.
Selon les coactionnaires, toute cette aventure est possible grâce à la solidité et la complémentarité de leur groupe. «Tout s’est déroulé très très rapidement, mais la transition a été positive. Nous avons vite su prendre notre place», a soutenu Marie-Ève D’Amours, directrice générale. Elle a aussi souligné la disponibilité d’André Boucher en cas de besoin. Une présence toujours appréciée.
Visionnaires et ambitieux, les actionnaires de l’usine de Rivière-du-Loup n’ont pas non plus perdu de temps avant de travailler le développement des affaires. Ils se sont récemment entendus avec le Groupe BMTC, dont Ameublements Tanguay est une filiale, afin de distribuer leurs meubles. Avec l’amélioration de leur bâtiment, ils souhaitent aussi développer la présence de leur entreprise aux États-Unis.
MOUVEMENT REPRENEURIAT
Marie-Ève D’Amours et Étienne Gagnon, directeur des opérations et développement des affaires, ont eu l’occasion de raconter leur histoire de repreneuriat lors d’une visite du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, le 23 novembre, à l’usine.
Le RJCCQ était à Rivière-du-Loup pour sa tournée Mouvement Repreneuriat, dont l’objectif est d’outiller, sensibiliser et éventuellement mailler des jeunes avec des personnes qui souhaitent céder leur entreprise. Des ateliers et conférences ont été donnés en soirée à l’Hôtel Universel, notamment au sujet de l’innovation.
Pierre Graff, président-directeur général, a été impressionné par le travail réalisé en si peu de temps par les nouveaux actionnaires de Verbois. Il a du même coup salué leur audace et leur courage d’avancer. «Marie-Ève, Étienne et leurs coactionnaires sont emblématiques de ce qu’on cherche auprès de jeunes repreneurs. Ils sont ambitieux, humbles et ils ont procédé très intelligemment dans la reprise», a-t-il souligné.
Il estime que leur histoire est inspirante pour une jeunesse qui réalise tranquillement que créer une entreprise de toutes pièces peut être un défi de taille. «Ils avaient une vision pour poursuivre l’innovation en place. À ce niveau-là, je dois aussi saluer le cédant qui a fait un travail extraordinaire pour mettre l’entreprise dans les meilleures conditions pour qu’ils restent compétitifs. Je suis persuadé qu’ils auront un avenir rayonnant et c’est ce que je leur souhaite.»
Pierre Graff soutient que le repreneuriat n’est pas encore considéré à sa juste valeur au Québec, rapportant que la majorité des gens qui souhaitent se lancer en affaires pensent à fonder plutôt qu’à reprendre. «Or, les chances que tu réussisses sont plus élevées quand tu reprends, notamment parce que le critère d’innovation est tellement élevé quand tu démarres que ça crée un enjeu.»
Les trois quarts des propriétaires de PME du Canada prévoient de prendre leur retraite au cours de la prochaine décennie, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)*. Au Québec, pourtant, seulement 39 % des propriétaires d’entreprises qui ont plus de 55 ans ont identifié une relève, note le RJCCQ.
Il y a là, estime-t-on, une fenêtre d’opportunité très intéressante dont il faut profiter.
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