Hervé «Ti-Père» Hodgson s’amuse encore après 53 ans chez Vézina Mode
Si vous cherchez l’un de ceux qui a le plus à cœur la rue Lafontaine de Rivière-du-Loup et qui a contribué grandement à son développement, il s’agit définitivement d’Hervé «Ti-Père» Hodgson. Unique propriétaire de la boutique Vézina Mode depuis 2021, l’homme d’affaires compte aujourd’hui 53 ans d’expérience. Et du haut de ses 71 ans, il est encore heureux à débarrer la porte de son magasin chaque matin.
Quelques années seulement après ses débuts à la mercerie en 1971, Ti-Père et les commerçants de la rue Lafontaine ont été frappés par l’arrivée du centre commercial de Rivière-du-Loup sur le boulevard Armand-Thériault. Son implantation a tôt fait de semer la peur chez les propriétaires qui craignaient de voir leurs ventes s’effondrer et de devoir fermer.
M. Hodgson et un autre homme d’affaire ont donc pris les choses en main en créant l’association «Plaza Lafontaine», aujourd’hui Espace centre-ville, afin d’assurer la pérennité des entreprises de la rue par la mise en place d’une assurance collective, l’obtention de rabais et l’organisation de ventes trottoirs, notamment.
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Chaque mois, il appelait les propriétaires de magasins (les numéros sont encore ancrés dans sa mémoire). Il a aussi souvent fait appel à eux pour dynamiser la rue Lafontaine en organisant Noël chez nous ou encore les Sculptures sur neige. Il a multiplié les rencontres avec la Ville pour développer la rue Lafontaine et en faire l’artère principale qu’elle est. Il a aussi travaillé auprès de l’instance municipale pour la remise à neuf de façades historiques de commerces comme le sien.
Son implication pour sa ville, sa rue Lafontaine a été hors norme. Même si, aujourd’hui, il a ralenti un peu en délaissant les évènements qui lui étaient chers, Hervé Hodgson continue à se dévouer pour Vézina Mode et à s’amuser.
LE VÊTEMENT : UNE PASSION, UN ART
«De fil en aiguille je suis resté ici […] C’est l’environnement, parce que j’étais bien», souligne Ti-Père. Quand il est entré après avoir lâché le cégep, «ou bien quand le cégep m’a lâché, un des deux», blague-t-il, M. Hodgson ne connaissait rien aux vêtements.
«J’étais comme chez-nous.» -Ti-Père
Avec le temps, une passion s’est développée de pair avec une expertise qui lui est propre. «Parfois, c’est à se demander si je ne suis pas rendu psychologue dans la guénille», partage-t-il en riant.
C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, avec la mode qui s’est complètement transformée: «On ne vend plus la même chose qu’avant. Le vêtement a énormément changé, le monde a changé. Le monde ne va plus à l’église, les gens ne s’endimanchent plus. Le pauvre avait un veston d’habit», se remémore le propriétaire. De nos jours, les gens s’amourachent davantage pour les paires de jeans, avance-t-il.
Les prix ont aussi explosé. À ses débuts, Ti-Père vendait des chemises à 7,50 $ et des cravates à 2,50 $. Maintenant, ces produits se chiffrent respectivement à 115 $ et 50 $. Et en 2023, M. Hodgson se compte chanceux de vendre quelques dizaines de cravates par année, alors qu’avant, il en vendait quelques centaines.
Quand quelqu’un entre dans son magasin, M. Hodgson lui demande pour quelle occasion il cherche un habit. Il soutient qu’il est important de prendre le bon morceau pour le bon évènement, mais aussi de donner le bon vêtement à la bonne personne.
«Je m’obstine et je ne leur donne pas nécessairement raison. Quand tu possèdes ton métier, c’est toi qui décides pour eux autres», assure Ti-Père. Ainsi, quand un morceau ne fait pas, il ne tente pas de le vendre à tout prix, il dit la vérité et les redirige vers autre chose. Et lorsque tout fait, mais manque d’ajustement, il offre de raccourcir les vêtements gratuitement, un service offert depuis toujours chez Vézina Mode. «On l’a toujours fait comme ça […] C’est pour ça que le magasin est bon et qu’il tient», croit-il.
Avec un demi-siècle derrière la cravate, M. Hodgson peut regarder un client et lui sortir la taille nécessaire sans ruban à mesurer, reconnaitre un morceau qui attire son œil, et même identifier des morceaux qui pourrait lui faire.
«Ça c’est les 53 ans, ça se fait pas du jour au lendemain. Et si je n’aime pas ça, je ne vends pas. Non», indique-t-il. Le service client est impératif pour lui, c’est pourquoi il ne veut pas vendre du rêve. Il vend des vêtements adaptés aux personnes qui les achètent.
Tout au long de sa carrière, Hervé Hodgson a démontré tout son amour pour la rue Lafontaine. Il en a pris soin, en organisant des activités rassembleuses et en se dévouant à son développement. Il en a fait tout autant pour sa clientèle avec qui il partage une relation privilégiée. On risque de le voir encore quelques années, lui qui souhaite travailler encore au moins 4 ans, soit jusqu’à ses 75 ans, si sa santé le permet. Il espère que la relève se pointera d’ici-là afin qu’il puisse s’amuser encore quelques années de plus chez Vézina Mode.
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