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Nouvelles mesures sur l’immigration temporaire 

Une catastrophe pour les grandes entreprises et leurs employés 

durée 19 octobre 2024 | 06h02
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Les nouvelles mesures du gouvernement fédéral sur l’immigration temporaire mettront à mal les grandes entreprises de la région, dans un contexte où les enjeux de main-d’œuvre demeurent toujours aussi criants. Elles lui demandent de revoir sa position qui aura, elles en sont certaines, des impacts majeurs sur l’économie, mais aussi sur la vie de citoyens qui ont intégré leur nouvelle terre d’accueil. 

    Au bout du fil, le directeur général de Lepage Millwork, François-Xavier Bonneville, ne décolère pas. Il n’accepte pas la possibilité de voir plusieurs travailleurs étrangers bien établis quitter son entreprise, et la région, au cours des prochains mois. Des travailleurs intégrés et intéressés par le Québec, qui seront forcés de repartir sans avoir leur mot à dire, faute d’un nouveau visa de travail.

    «C’est un désastre, un manque de vision [du gouvernement]», a lancé l’entrepreneur, dans un cri du cœur bien senti, le 16 octobre. «Ce sont de bonnes personnes et leurs rêves seront brisés. Elles ne méritent pas ça. Elles ne sont pas la bonne cible.»

    M. Bonneville fait référence aux nouvelles règles sur l’immigration temporaire imposées par Ottawa. Depuis la fin septembre, les entreprises doivent employer moitié moins de travailleurs étrangers temporaires pour un maximum de 10 % (contre 20 % actuellement) de leur personnel. À l’avenir, ces travailleurs ne pourront aussi obtenir un visa de travail que pour une période maximale d’un an au lieu de deux.

    En agissant ainsi, le gouvernement souhaite resserrer l’immigration temporaire pour s’assurer que les travailleurs d’ici sont embauchés en priorité, explique-t-il. Une décision qui a été reçue comme un coup de massue dans plusieurs entreprises du Québec qui comptent sur cette main-d’œuvre motivée et de qualité pour croitre, ou du moins, assurer un maintien de leurs activités. 

    Chez Lepage Millwork, qui emploie actuellement 90 travailleurs issus de l’international, l’impact pourrait être très important, il n’y a pas de cachette. La perte potentielle de certains collègues aura des conséquences directes sur la croissance et la vitalité économique de l’entreprise, soutient le directeur général. 

    La manufacturière louperivoise étant près du fameux seuil de 20 %, les travailleurs étrangers dont le visa viendra bientôt à échéance pourraient ne pas être autorisés à demeurer au pays. Aucun compromis possible, aucun droit acquis disponible, pour ces nombreux travailleurs pourtant expérimentés et adaptés à leur nouveau milieu. 

    «C’est catastrophique», a déclaré le dirigeant louperivois. «C’est un règlement lancé dans les airs en attendant de voir où sont les impacts. Eh bien, ils seront majeurs sur l’économie et beaucoup de gens en souffriront […] Il faut que ce soit revu ou qu’il y ait davantage d’exemptions.»

    Actuellement, selon les informations préliminaires, les secteurs de la santé et de la construction seraient parmi les exemptés. 

    UNE AIDE NÉCESSAIRE

    Selon François-Xavier Bonneville, l’arrivée de travailleurs étrangers temporaires s’est révélée une nécessité ces dernières années, dans le contexte où la recherche de main-d’œuvre locale est difficile et limitée. Beaucoup de temps et des milliers de dollars y ont d’ailleurs été investis.  

    «On a une centaine de travailleurs, dans les cinq prochaines années, qui vont prendre leur retraite. Des artisans, des gens d’expérience, qui ont contribué et qui devront être remplacés», a-t-il confié. 

    Or, force est de constater que le bassin de main-d’œuvre local est vide, a-t-il regretté. «Les travailleurs internationaux, ce n’est pas la seule solution, mais c’est requis, ça va passer par là, on n’a pas le choix. On ne fait pas ça par plaisir, on le fait parce qu’il le faut», a-t-il dit. 

    À titre d’exemple, M. Bonneville soutient que Lepage Millwork a embauché 70 personnes, localement, au cours de la dernière année, mais moins de 10 d’entre elles sont demeurées en poste. Même si l’entreprise a multiplié les «pirouettes» pour être accommodante, cela n’a pas suffi.

    «On a de beaux plans d’investissements, on a des plans positifs pour le futur et on voit loin, mais pour accomplir tout ça, il faut des gens, des travailleurs…»

    DRAME HUMAIN 

    M. Bonneville est catégorique : la décision du gouvernement semble avoir été précipitée et les impacts ne semblent pas avoir été mesurés. Il maintient également que les travailleurs étrangers temporaires ne sont pas la bonne cible et c’est pourquoi il a tenu à venir à leur défense publiquement. 

    Selon lui, les réalités régionales sont différentes de celles des grands centres.

    «Ils travaillent, ils sont là tous les matins et ils paient des impôts. Ce ne sont pas des gens qui profitent du système, ce sont des gens qui l’alimentent. C’est là qu’il faut changer le discours parce que c’est dangereux. On n’attaque pas le bon groupe de personnes. C’est important de le dire haut et fort», a-t-il martelé. 

    «Ces gens-là sont intégrés dans la communauté. Ils sont contents d’être ici et leur rêve c’est d’amener leur famille parmi nous. Mais tout d’un coup, on met en place un règlement qui ne fait pas la part des choses, et ils devront être retournés chez eux. Ce n’est pas ça qu’il faut faire. Je ne peux pas être plus désolé pour eux.»

    Selon Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), les mesures annoncées mèneront l’industrie «tout droit dans le mur». En marge du Sommet sur la main-d'œuvre 2024 du gouvernement du Canada, l’organisation demande que les limitations des travailleurs étrangers ne s’appliquent pas au secteur manufacturier. 

     

    commentairesCommentaires

    1

    • SD
      Sammy Dalva
      temps Il y a 1 mois
      Pourtant l’appellation “Temporaire” veut dire que ces travailleurs ne sont que de passage. Le problème n’est pas du tout visible dans le Bas-Saint-Laurent et je suis certain qu’ils sont bien traités par leurs employeurs et ils sont bien intégrés dans leur milieux. Mais c’est un désastre dans Montréal ou ces travailleurs sont d’abord exploités par leurs employeurs sans vergogne et ensuite vivent en ghetto sans s’intégrer dans notre société.
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