Une transition technologique aux couts «exorbitants» pour les restaurants et les bars
Plusieurs voix s’élèvent dans la région de Rivière-du-Loup contre l’imposition d’une transition technologique dans le secteur de la restauration et des bars concernant la transmission des données financières à Revenu Québec. Pour certains entrepreneurs, dont Pier-Olivier Ruest, copropriétaire du 403.com et Pascal Gagnon, copropriétaire du Complexe le Triangle, la facture atteint un peu plus de 100 000 $.
La date butoir pour compléter ce changement vers un nouvel environnement infonuagique pour le module d’enregistrement des ventes (MEV-WEB) est le 31 mai 2025. Cette transition technologique est en cours depuis le 1er novembre 2023. Elle concerne environ 20 000 établissements de restauration (incluant les bars), partout au Québec, selon Revenu Québec.
«Le gouvernement nous oblige à changer de l’équipement, qui est très fonctionnel présentement, à des couts exorbitants», déplore Pier-Olivier Ruest, copropriétaire du 403.com, qui comprend Le Roof, la P’tite Grenouille, et le Loft. Il croit que ces nouvelles mesures imposées par le gouvernement du Québec sont susceptibles de faire fermer plusieurs établissements.
«On veut bien faire les choses, mais il faut donner du ‘’lousse’’ un peu à l’industrie. Des restaurants, il y en a fermé plus qu’il y en a ouvert dans les deux dernières années», ajoute Pier-Olivier Ruest. Il craint que le changement technologique ne dévalorise son équipement actuel. De plus, certaines entreprises devront aussi changer tout leur système informatique, qui ne peut pas supporter le MEV-WEB.
«Notre équipement en ce moment [le Azbar] ça fait longtemps que ça fonctionne, et c’est le plus fiable pour nous, les tenanciers de bar, renchérit Pascal Gagnon, aussi président d’Espace Centre-Ville. On aimerait que le gouvernement oblige les compagnies à rendre compatibles les MEV-WEB avec les machines qui sont utilisées actuellement», résume-t-il. Aux couts de la transition pourraient également s’ajouter les frais mensuels d’une licence d’utilisation liée au service infonuagique de transmission des données.
MOBILISATION
La présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup (CCMRCRDL), Claudette Migneault, explique que les restaurateurs et les tenanciers de bars représentent 8 % de l’économie locale, ce qui fait d’eux un important pôle économique. «Ils ont été durement éprouvés pendant la pandémie. Ils ont connu des pertes et un ralentissement, ajoutés à l’inflation. On l’oublie, mais ils ont dû rembourser leurs prêts COVID [de 40 000 $] en janvier dernier», rappelle-t-elle. «On vient rajouter une charge sur un secteur qui est déjà fragilisé et en situation de précarité. Il y a une pression qui vient avec cela, sans compter les autres défis à relever.»
Mme Migneault se demande pourquoi l’option d’optimiser les systèmes technologiques déjà en place afin de rencontrer les exigences gouvernementales n’est pas envisagée. «On leur demande de tous migrer vers un seul et même système.»
La Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup exige un moratoire d’un an afin que les entreprises puissent faire le virage et que le gouvernement du Québec leur offre un meilleur accompagnement. «On veut que les couts soient atténués et que le gouvernement fasse preuve de flexibilité et de souplesse. On vient en appui avec ce secteur-là, qui est si important pour notre économie.»
Une lettre, signée par une dizaine de restaurateurs, entreprises et tenanciers, a été acheminée à la députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne, par la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup (CCMRCRDL) afin de faire valoir leur argumentaire.
«On demande l’appui de notre députée par des représentations qu’elle se doit de faire auprès du gouvernement du Québec […] Nous voulons le sensibiliser à l’importance de revoir sa stratégie de déploiement.»
Les entreprises représentées par la CCMRCRDL veulent que le gouvernement du Québec déploie une stratégie de communication et de mise en œuvre viable et performante concernant la transition vers le MEV-WEB.
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