Un «comité spécial» formé chez Groupe Lebel
Le secteur du bois d’œuvre canadien pourrait être l’un des plus touchés par l’éventuelle imposition d’une nouvelle taxe à la douane américaine. Une situation qui est prise «très au sérieux» par le Groupe Lebel, l’un des principaux fabricants dans l’est du Canada.
L’entreprise, dont le siège social est à Rivière-du-Loup, a confirmé en début de semaine avoir formé à l’interne «un comité spécial» pour suivre la situation de près et réagir en conséquence. «Le dossier des tarifs est le dossier prioritaire chez Groupe Lebel», a reconnu Pierre-Olivier Morency, directeur Croissance et Innovation, par courriel.
«Nous tenons à rassurer nos employés, nos fournisseurs et nos clients : les opérations se poursuivent dans toutes les usines du Groupe Lebel», a-t-il ajouté, rappelant que l’entreprise «a traversé diverses situations et surmonté de nombreuses crises, en ressortant chaque fois plus forts», au cours des 70 dernières années.
À court terme, le Groupe Lebel entendait «refiler l’augmentation des tarifs à [ses clients] américains]. Une décision qui aurait eu un impact «direct» sur le consommateur, a-t-elle analysé.
L’entreprise soutient par ailleurs que la situation actuelle devrait inciter le milieu de la construction «à favoriser l’utilisation locale du bois» dans ses projets présents et futurs.
Le Groupe Lebel compte une quinzaine d’usines dans l’Est-du-Québec. La société emploie présentement plus de 1 300 employés répartis dans dix-sept municipalités au Québec, deux en Ontario et une au Nouveau-Brunswick.
L’aménagement pour traverser la crise?
Si plusieurs questions demeurent sans réponse, l’imposition de tarifs supplémentaires sur le bois d’œuvre n’annonce rien de bon pour les travailleurs de l’industrie forestière, craint le Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent.
«Les prochains mois pourraient être difficiles pour plusieurs personnes», a reconnu son président, Maurice Veilleux.
S’il croit que certaines usines, qui ont été plus prévoyantes au cours des dernières années, pourraient mieux s’en sortir que d’autres, il ne fait aucun doute qu’un impact sera ressenti chez plusieurs travailleurs qui dépendent de l’industrie.
«Certaines personnes ont investi des centaines de milliers de dollars dans leurs machines. Si des usines arrêtent de faire couper, parce qu’il n’y a plus de marché pour le bois, ce n’est certainement pas l’État qui va les aider à payer [les factures]», a-t-il donné en exemple.
«Les propriétaires et tous les travailleurs qui gravitent autour, comme les opérateurs de machines et les camionneurs, pourraient écoper.»
Moins de 48 heures après l’annonce du président américain, M. Veilleux réfléchissait à haute voix, mais il estimait que l’aménagement de la forêt, publique et privée, pourrait peut-être permettre aux travailleurs forestiers de passer la crise à venir. «Si l’État veut investir dans l’aménagement pour créer de l’emploi et valoriser la forêt en attendant que la crise passe, ça pourrait sauver du monde», a-t-il analysé.
Il déplore que le président Donald Trump semble vouloir être «le chat qui s’amuse avec des souris». Un contexte imprévisible qui cause beaucoup de préoccupations, a-t-il estimé.
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