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Les distilleries pourront-elles contourner la SAQ?

«Ça ferait une différence majeure pour notre industrie» - Michael Fortin 

durée 13 mars 2025 | 10h10
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Les distilleries québécoises pourraient-elles être moins étouffées par la Loi sur la société des alcools du Québec? Si une brève déclaration du premier ministre François Legault, faite la semaine dernière, ouvre la porte à un dénouement positif, un acteur du milieu préfère garder la tête froide. «Je vais le croire quand je vais le voir», soutient Michael Fortin de la Distillerie Témiscouata, prudent. 

    C’était sur le réseaux sociaux Facebook et X, le 5 février. Devant de nouvelles menaces de tarifs douaniers à la frontière américaine, François Legault a soutenu que son gouvernement se joignait «à un groupe de provinces qui travailleront à autoriser la vente directe de produits alcoolisés canadiens aux consommateurs.» Il a aussi écrit que les premiers ministres canadiens s’engageaient à éliminer les barrières au commerce intérieur.

    Les déclarations sont passées plus ou moins inaperçues pour une tranche importante de la population, mais pas pour les propriétaires de distilleries. Elles adressaient une demande qu’ils martèlent depuis plus d’une décennie, d’une voix commune, aux quatre coins du Québec. 

    «Ce sont des choses qu’on revendique depuis plus de dix ans, soit d’avoir la juste valeur de nos spiritueux, ce que le gouvernement a jusqu’ici refusé de nous accorder», souligne Michael Fortin. 

    Actuellement, explique-t-il, les distilleries de la province sont contraintes de verser plus de 50 % du prix de détail d’un produit à la SAQ, peu importe s’il a été vendu dans une succursale ou à même la distillerie. 

    À Auclair, où il est établi, Michael Fortin note qu’il doit remettre l’équivalent de 30 $ à la société d’État chaque fois qu’il vend une de ses bouteilles d’acérum dans son commerce, même si la SAQ ne les a jamais vues, ni touchées.  

    «Présentement, nous sommes étouffés. La SAQ nous donne une part de marché qui est très importante et on ne peut pas s’en passer non plus. Mais quand on parle de vente sur place, dans les commerces, ça demeure problématique. On devient un point de vente de la SAQ tout inclus», image-t-il. 

    «Ça vient flouer le consommateur. Il pense qu’il vient nous aider, nous faire un cadeau en achetant sur place, mais il fait un don à [la société d’État] d’une trentaine de dollars.»

    Actuellement, les modalités exactes d’une potentielle dérèglementation demeurent inconnues. On ne sait pas non plus ce qu’il adviendra de la fameuse majoration.

    Dans ce contexte, Michael Fortin préfère ne pas se prendre la tête. «Ça reste de la politique. Est-ce que c’est vrai, pas vrai? Est-ce un ‘’hype’’ médiatique? Personnellement, je n’y crois pas vraiment. Mais si ça va dans ce sens, ça ferait une différence majeure pour nos distilleries, ça leur offrirait des retombées non négligeables.» 

    Les distilleries, ajoute-t-il, bénéficieraient beaucoup d’une plus grande liberté pour vendre directement aux restaurateurs et aux consommateurs, de pouvoir faire de la vente en ligne et de la vente hors province. 

    «La réalité, c’est qu’un restaurateur qui veut offrir de l’acérum doit actuellement acheter la bouteille à la SAQ. Cette bouteille va donc partir de la distillerie, à Auclair, pour se rendre à Boucherville, avant de revenir à Dégelis. À ce moment, le restaurateur pourra aller la chercher et la vendre à son tour chez lui. C’est un non-sens total.»

    Les revenus supplémentaires pourraient aussi permettre l’embauche de personnel, notamment. Actuellement, Michael Fortin est le seul membre de son équipe. Il porte tous les chapeaux. «Quand je ne produis pas, je fais de la comptabilité, de la recherche de marché, du développement… Avec plus de revenus, on pourrait réinvestir dans l’entreprise et lui permettre de grossir», soutient-il. «Et quand une entreprise est en santé et se développe, c’est toute une communauté qui en profite.»

    Entre janvier et mai 2024, trois distilleries québécoises, dont la Distillerie Fils du Roy de Saint-Arsène, ont fermé leurs portes. L’Union québécoise des microdistilleries avait alors demandé au gouvernement de réduire la majoration que prend la SAQ sur la vente de spiritueux québécois. Elle avait aussi demandé l’ouverture du marché de ces alcools. 

    Des requêtes toujours d’actualité aujourd’hui. 
     

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