200 emplois menacés chez Fraser Papers à Edmundston
Edmundston - À cause d’un nouveau crédit d’impôt accordé à ses concurrents américains par le gouvernement Obama, l’usine de Fraser Papers à Edmundston se trouve dans une fâcheuse position. La crise est si sévère que ses dirigeants se préparent à mettre à pied 200 de ses 450 employés dès le 8 juin.
Depuis janvier, les États-Unis accordent d’importants crédits d’impôts aux papetières qui utilisent une méthode énergétique alternative, conçue à base d’une essence appelée de liqueur noire ou liqueur rouge et de diésel. Ils versent jusqu’à 50 cents du gallon pour cette substance utilisée comme biocarburant. Certaines compagnies ont reçu jusqu’à 71 M$ en un mois. Résultat : ces rivaux du pays de l’oncle Sam peuvent réduire considérablement leurs coûts de production et alléger les factures de leurs clients.
Cette concurrence inattendue engendre des effets désastreux chez Fraser Papers. Selon le directeur des opérations de l’usine d’Edmundston, Robert Dufresne, il en coûte présentement moins cher pour la compagnie d’acheter la pâte et le papier chez ses compétiteurs américains que de les fabriquer.
Et la situation risque de ne pas s’améliorer de sitôt, puisque la mesure américaine doit être en vigueur toute l’année, avec possibilité de récidive l’an prochain. De plus, les papetières qui bénéficient actuellement de ces crédits d’impôts accroissent considérablement leur production, afin de se créer des réserves. Monsieur Dufresne a fait remarquer que tout ce qu’ils auront emmagasiné pourra être écoulé à bon prix sur le marché, plusieurs mois après qu’ils auront cessé de percevoir leurs subventions.
Robert Dufresne a expliqué que pour éviter le pire, l’usine d’Edmundston doit trouver le moyen de réduire ses dépenses de 17 M$ cette année. Une partie de la solution consiste à éliminer 200 emplois, liés au département de production de pâte sulfite. Ce nombre inclut plusieurs des 78 postes dont la compagnie a déjà annoncé l’abolition graduelle d’ici à 2011.
Le 8 juin est la date butoir, étant donné que cette journée coïncide avec la pause annuelle observée pour l’entretien des équipements (shutdown).
D’ici là, la compagnie espère trouver le moyen d’éviter les mises à pied à Edmundston et de retrouver sa compétitivité.
Des négociations sont présentement en cours avec le gouvernement provincial pour obtenir une allocation supérieure pour son approvisionnement de bois sur les terres de la Couronne, de même que pour bénéficier de meilleurs tarifs d’électricité. De plus, du côté du fédéral, des pourparlers ont été entrepris avec les États-Unis afin de les convaincre de mettre fin à cette mesure.
L’usine de la compagnie à Madawaska, au Maine, n’a cependant pas pu éviter le couperet. Les dirigeants de Fraser Papers ont fait savoir que 130 employés sur ses 700 seront en congé forcé dès cette semaine. Une de ses six machines à papier sera fermée temporairement.
Les installations d’Edmundston produisent de la pâte de sulfite et de la pâte mécanique, qui sont envoyées aux infrastructures situées l’autre côté de la frontière internationale, à Madawaska, pour être transformées en papier.
La pate de sulfite sert notamment à la fabrication de papier d’impression et d’étiquettes. Quant à la pâte mécanique, elle est utilisée pour le papier plus fin, réservé à des créneaux spécialisés, dans le domaine pharmaceutique ou alimentaire, entre autres.
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