Pourquoi les sentiers de motoneige sont-ils bloqués?
Mais pour quelle raison les agriculteurs ont-ils entériné cette demande de l'UPA de bloquer les sentiers? Pourquoi avoir mis en place ce moyen de pression impopulaire?
25 %
Au coeur de la problématique, on entend parler tous les jours du 25 %. Qu'en est-il exactement?
D'abord, il faut savoir que les producteurs agricoles du Québec bénéficient d'assurances récoltes, mieux connu sous le nom de Programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Les producteurs de pommes de terre, de boeuf ou de céréales, par exemple, ont donc accès à une assurance lorsque leurs produits se vendent moins chers que ce qu'ils ont coûté à produire.
« Pour établir le montant du coût de production, par exemple de pommes de terre, la Financière agricole fait appel à une firme indépendante qui, avec un échantillon représentatif de producteurs, calcule le coût de production des pommes de terre », explique Jean-Claude Parenteau.
« Ce que la Financière agricole veut, c'est qu'une fois qu'on a cet échantillon de producteurs, ils veulent enlever le quart (25 %) des moins performants. Il reste alors les producteurs les plus performants, alors cela a pour effet de baisser le coût de production », ajoute M. Parenteau.
En guise d'exemple, cela signifie qu'un producteur qui vend ses pommes de terre 1,25 $ la livre alors qu'il lui en coûte actuellement 2 $ la livre à produire, verra le nouveau coût de production baisser à 1,90 $. Sur plusieurs milliers de livres de pommes de terre produites par année, cela peut représenter un montant non négligeable.
De 720 M$ à 630 M$
De plus il s'agit là d'une mesure supplémentaire que souhaite implanter le gouvernement, alors que les producteurs ont déjà fait leur part.
« Le nouveau budget de l'ASRA est à 630 M$, alors qu'il était à 720 M$ l'an passé. Les producteurs ont déjà signifié leur accord à ne pas dépasser le nouveau plafond et à rembourser s'ils le dépassaient. Avec le 25 %, le gouvernement veut ajouter une autre mesure de plafonnement, afin de s'assurer de ne pas dépasser le 630 M$. Sauf que ce montant là (630 M$), c'est un maximum, ce n'est pas un montant assuré », relate Gabriel Belzile, producteur de Saint-Clément.
Selon lui, la mesure du 25 % viendra nuire à ceux qui ont vraiment besoin d'une assurance, pour toutes sortes de raisons : la maladie du troupeau, la maladie du producteur, la relève agricole qui démarre et qui n'a pas trouvé sa vitesse de croisière, etc. « C'est un choix de société. Qu'est-ce qu'on veut? Supporter notre agriculture ou non? », se questionne-t-il.
Il ajoute que cette mesure d'épuration des producteurs moins performants est aveugle et n'aidera pas ceux qui en ont vraiment besoin. Entretemps, les producteurs bloquent l'accès à leurs terres, bien souvent à des gens qu'ils connaissent, afin de faire entendre leur voix, puisque les autres moyens, depuis un an, ont échoué.
17 commentaires