Au royaume du sirop d’érable

Hugues Albert

Roland Patry entouré des ses trois fils, Sylvain, Normand et Dany.

8 mars 2013 | 15h42

Par Hugues Albert

Journaliste

Saint-Athanase – Les sucres s’en viennent rapidement. Un peu comme les pêcheurs qui s’apprêtent à mettre leurs bateaux à l’eau et naviguer au large pour aller faire leurs premières prises saisonnières, les acériculteurs préparent leurs installations et leurs équipements pour être fin prêts quand les premières coulées de sève suinteront des nombreux érables entaillés pour s’acheminer en tubulure vers les évaporateurs dans les cabanes.

C’est aussi le printemps qui est à nos portes, le réveil de la nature après une longue période de dormance, de froid, de neige, d’hiver. Ainsi va la vie dans nos régions, la saison des sucres étant sur le point de s’amorcer. Saison d’un travail ardu qui débute et de plaisir.

DES LEADERS DE L'INDUSTRIE

Notre région regorge de belles érablières, parmi les plus généreuses, les plus prolifiques au Québec. La petite municipalité de Saint-Athanase dans le Témiscouata revendique de plein droit un titre envié dans le monde acéricole, celui d’être la plus grande productrice de sirop d’érable au Québec. Une famille s’y démarque de façon toute particulière pour avoir été une des pionnières dans l’exploitation d’érablières et la production de sirop. Roland Patry et ses trois fils, Normand, Sylvain et Dany, sont parmi les leaders incontestés de cette industrie.

Roland, qui a été entrepreneur forestier de nombreuses années pour la CIP, encore gaillard malgré ses 84 ans, a construit sa première cabane à sucre en 1944, une exploitation de 1 000 entailles, relate-t-il, qu’il avait payée 100 $, sève récoltée en chaudière à cette époque lointaine où le produit était déversé dans de gros barils installés sur un traineau que tiraient des chevaux.

Au fil des années, il a investi de fortes sommes pour développer le secteur, ouvrir des chemins en forêt, bâtir des cabanes. Il raconte que tous ses efforts ont été un stimulant pour d’autres hommes comme lui qui se sont engagés dans la production de sirop. Il ne craint d’ailleurs pas d’affirmer que sans le sirop d’érable, Saint-Athanase serait peut-être une municipalité dévitalisée. Plus de 100 travailleurs ont un emploi en acériculture dans les érablières de Saint-Athanase.

Dany, Normand, Sylvain et Roland Patry.
Photo : Hugues Albert

L’ex-président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Pierre Lemieux, avait fait un jour mention à Sylvain Patry de la richesse de cette petite municipalité. Il y a de quoi, effectivement, puisque avec un volume de 660 000 entailles qu’on retrouve dans la trentaine d’érablières et un niveau de production dépassant les 3,25 livres de sirop à l’entaille, Saint-Athanase jouit d’un statut unique, celui d’être le royaume de l’acériculture au Québec.

SAINT-ATHANASE

Saint-Athanase compte 332 habitants. Avec toutes ses montagnes d’érables magnifiques, arrivés à maturité et auxquels on apporte un soin jaloux afin de les préserver et d’en faire la meilleure exploitation possible, la municipalité présente un potentiel d’un million d’entailles.

À eux trois, les frères Normand, Sylvain et Dany Patry se partagent plus du quart des entailles des érablières de Saint-Athanase soit 171 000. Normand en exploite 64 000, Sylvain 67 000 et Dany 40 000.

Cinq mille barils de sirop d’érable auraient été produits au printemps 2012, indique Sylvain Patry. Cinq mille barils multipliés par 420 livres donnent 2,1 millions de livres produits à raison de 2,75 $ la livre pondérée, ce qui génère un revenu brut de 5 775 000 $.

« La production de sirop d’érable crée au-delà de 100 emplois et est le revenu principal de plusieurs familles de Saint-Athanase, d’où l’importance de lui porter une attention toute particulière. Les gens de notre municipalité éprouvent une fierté à toute épreuve quand vient le temps de parler d’acériculture. »

Son frère Dany ajoute qu’il y a plus d’entailles à Saint-Athanase que dans de nombreux comtés au complet et que le Témiscouata est la région qui domine au Québec en termes de quota de sirop d’érable.