Entrevue avec Louis-René Perreault, d'Outils Viel
Rivière-du-Loup - Entrevue avec le propriétaire d'Outils Viel de Rivière-du-Loup, Louis-René Perreault. Cette chronique du CLD de la région de Rivière-du-Loup est réalisée afin de mettre en valeur les relèves à succès d’entrepreneurs de la région. Elle a paru dans le feuillet économique du CLD.
Quel a été l’élément déclencheur qui vous a amené à devenir entrepreneur?
Je ne pourrais pas dire qu’il y a un élément déclencheur en particulier, c’est plutôt mon cheminement aux études, mon cheminement personnel, en termes de formation et expérience de travail, qui ont fait que j’ai eu de l’intérêt à devenir entrepreneur. Après mon Cégep à Rivière-du-Loup, je suis allé poursuivre mes études à Ottawa et Toronto, surtout pour apprendre l’anglais. J’ai étudié en biologie, essayé ensuite l’administration, fait un peu de communication, mais il y avait toujours un manque d’intérêt. J’ai donc commencé à travailler à Toronto, dans un magasin franchisé, d’abord comme vendeur, puis acheteur, pour devenir gérant du magasin pendant 2-3 ans. Je n’ai jamais cessé d’avancer, j’ai été gérant de l’année, nommé le magasin de l’année, à partir de là, j’allais dans d’autres magasins franchisés pour les restructurer et les rendre plus performants, j’ai fait les 7 magasins du propriétaire, je me suis retrouvé dans le plus gros magasin, et là, c’était terminé, plus de défis, tout allait bien. J’ai vite constaté que j’aimais relever des défis. Je suis alors retourné à l’université pour compléter mon baccalauréat en administration, et revenir en région qui était mon but principal. J’ai commencé à travailler dans des entreprises manufacturières de la région et c’est alors que j’ai connu le domaine industriel, et de fil en aiguille, c’est ce qui m’a amené à faire l’acquisition d’Outils Viel.
Pourquoi avoir acquis Outils Viel? Pourquoi pas une autre entreprise?
Ce fut un concours de circonstances, je travaillais chez Fabrication TJD, j’aimais mon emploi, j’avais de beaux défis à relever. J’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit que le propriétaire d’Outils Viel cherchait une relève. Je ne connaissais pas vraiment l’entreprise, j’en avais déjà entendu parler, sans plus, mais comme j’aime l’ébénisterie, la menuiserie en général, que je suis amateur d’outillage pour le bois, et c’est une entreprise manufacturière qui fait de l’usinage, qui fabrique des outils à bois, ça a retenu mon attention. Après avoir discuté avec M. Viel, une rencontre où on a parlé d’autos, de bateaux, de voyages, sauf d’entreprise, c’est là que le déclic s’est fait; la complicité s’est vite installée et on s’est mis d’accord pour que je prenne le relève de l’entreprise.
Quelles ont été les conditions gagnantes qui vous ont permis de réaliser avec succès ce projet de transfert?
Premièrement, le fait d’avoir un diplôme universitaire, en administration et en gestion des ressources humaines, a aidé notamment à rassurer les institutions financières, et compenser en quelque sorte mon manque d’expérience dans le domaine. Autre élément important, c’est la présence et l’accompagnement d’intervenants locaux comme CLD, SADC, CFE Desjardins, Investissement Québec, le CNRC et autres intervenants. Et aussi de façon importante, c’est l’aide et le support de la famille. Parce qu’au départ, on passe beaucoup de temps au projet, on sacrifie du temps de vacances; depuis l’acquisition de l’entreprise, mis à part mon voyage de noces, je n’ai jamais pris deux semaines de vacances en ligne. On sacrifie les vacances, on sacrifie du temps, c’est évident. Autre sacrifice qu’on a à faire, c’est par rapport aux ressources humaines, aux employés. On crée des liens avec ses employés et parfois, on a des choix à faire, ou plutôt des obligations en tant qu’employeur, qui ne sont pas nécessairement évidentes; on a des décisions difficiles à prendre, il faut les prendre, et ça amène des nuits blanches.
On dit que les 100 premiers jours suivant un transfert d’entreprise sont importants pour, entre autres, mettre en place la crédibilité du nouveau propriétaire, faire connaître la nouvelle vision auprès du personnel en place, etc. De votre côté, comment cela s'est-il passé?
Dans mon cas, j’ai été chanceux, 1 an et demi avant de faire l’acquisition définitive de l’entreprise, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec le propriétaire M. Viel, il y a eu un transfert de connaissances qui s’est fait progressivement. De plus, M. Viel est resté présent encore pendant 6-7 mois après l’acquisition. Donc, les 100 premiers jours se sont très bien passés, mais la transition en général, ça prend plus que 100 jours, je dirais même qu’aujourd’hui, après presque 5 ans, on est encore en transition, à certains niveaux.
Si on vous permettait un instant de reculer dans le temps, feriez-vous la même chose et pourquoi?
Avec le recul, il y a peut-être des choses que je ferais différemment, mais à bien y penser, oui et non, parce que les épreuves, les difficultés que j’ai traversées, les décisions que j’ai prises, m’ont amené à être ce que je suis et à faire ce que l’entreprise est présentement. Avoir pris des décisions différentes, est-ce qu’on serait à un autre endroit, je ne sais pas, je ne croirais pas. Pour répondre à la question, est-ce que je changerais quelque chose, probablement non. Ça m’a appris beaucoup de choses, ça m’a fait évoluer.
Source : CLD de la région de Rivière-du-Loup
Commentaires