Rivière-du-Loup en spectacles: Y a-t-il un éléphant blanc dans la salle?
Rivière-du-Loup - Rivière-du-Loup en spectacles, principal diffuseur culturel de Rivière-du-Loup, ne fait pas ses frais. Info Dimanche a appris que les pertes accumulées de 2012 à 2014 s’élèvent à 92 000 $ pour un fonds de roulement déficitaire de 130 000$ au 30 juin 2014.
À l’heure du renouvellement de l’entente quinquennale, une partie de bras de fer s’annonce entre la Ville de Rivière-du-Loup et l’organisme.
A-t-on vu trop gros? «Pas du tout, on suit le mandat qui nous est donné. On s’ajuste aussi. Les prévisions ne sont pas une science exacte. C’est pour ça qu’on travaille aussi fort, mais il arrive que les résultats ne soient pas au rendez-vous. Il faut alors déterminer pourquoi», répond le directeur général de Rivière-du-Loup en spectacles, Pierre Lévesque.
Un conseiller en gestion, Normand Ruest, a donc été recruté afin de produire un diagnostic opérationnel de l’organisme. «Le rapport nous donne les outils et les indications pour remédier à la situation», souligne le président du conseil d’administration de Rivière-du-Loup en spectacle, Gaétan St-Pierre.
M. St-Pierre explique la situation par un excès d’ambition. «Nous voulions élargir les lieux et les moments de diffusion, et nous l’avons fait. Les membres du CA ont tous adopté la planification. Ils étaient d’accord. Mais nous avons surestimé le budget loisir de la population.»
M. Lévesque rappelle que sous sa férule, Rivière-du-Loup en spectacles a doublé ses activités, passant de 64 spectacles à 124 en juin 2014 tout en affichant une diversification renouvelée.
«D’ordre général, nos spectacles vont bien, mais il faut trouver un équilibre», admet-il.
Le DG souligne que son organisme doit générer 90 % de ses revenus. «En ce moment dans le milieu culturel québécois, on note une diminution de 8% en termes d’assistances. Dans notre cas, 1% c’est 15 000$ en moins, alors oui c’est un gros déficit, mais la situation n’est pas catastrophique.»
Pierre Lévesque explique que Rivière-du-Loup s’est recentré sur ses propres évènements en se retirant des activités externes comme le Musique Fest où des pertes ont été encourues. Il souligne aussi que le remplacement d’équipements désuets depuis de nombreuses années et l’annulation de spectacles ont fait mal aux finances.
«En 2012-2013, notre système de son a rendu l’âme et nous avons dû l’absorber sans aide de la Ville, une dépense de près de 65 000$. L’an dernier, deux spectacles ont été reportés et un autre annulé en raison de la météo, encourant des pertes de près de 25 000$.»
À ce chapitre, M. Lévesque reçoit l’appui de son président. «Pierre a toujours relevé les mandats que nous lui avons confiés. Il n’a jamais dérogé à nos demandes. Mais on ne demande à personne d’éponger notre déficit, nous sommes des administrateurs responsables», a conclu M. St-Pierre.
RIVIÈRE-DU-LOUP
Le maire de Rivière-du-Loup, Gaétan Gamache, relève le succès en matière de l’offre qu’il qualifie d’exceptionnelle. Mais du même souffle, il soutient que l’organisme vit au-dessus de ses moyens et, s’il faut l’en croire, Rivière-du-Loup en spectacles s’apprête à vivre une restructuration de son mandat.
«Le déficit, c’est une bonne sonnette d’alarme. Comme administration responsable, on doit se questionner à savoir si le mandat n’est pas rendu trop gros. L’offre de service devra être un peu moins exceptionnelle et peut-être plus réaliste. (…) Ce n’est plus une question d'éthique, mais bien une réalité de gouvernance.»
M. Gamache veut pour preuve les difficultés rencontrées par des organismes reliés à la danse et à la musique, mais aussi du Cégep de Rivière-du-Loup et de la Commission scolaire dans l’accès au Centre culturel. Ce dernier pointe directement les couts de services qu’il qualifie de trop élevés.
Le maire prévient qu’une plus grande transparence et collaboration avec les autres diffuseurs, notamment privés, seront aussi demandées.
REVENUS
Pas moins de 90% des revenus générés, soit 1 499 829$, par Rivière-du-Loup en spectacles sont autonomes. Si la Ville de Rivière-du-Loup participe à raison de seulement 2%, soit pour 33 441 $, du côté municipal on explique que l’apport est plus conséquent puisque la Ville ne perçoit aucun frais de location pour l’utilisation des salles de diffusion, une subvention non comptabilisée.
DETTE
Le déficit d’exploitation accumulé est de l’ordre de 130 000$, mais les états financiers dévoilent un déficit après amortissement de près de 200 000$. «C’est technique, car nous avons un prêt garanti par le gouvernement d’environ 1,5 M$ qui nous a servi à refaire le stationnement, le système de chauffage, les loges et d’autres encore», souligne le DG. Cette dette à long terme est toutefois prise en charge par le ministère de la Culture et des Communications à raison de 60 000$ par année.
À titre de comparatif, le Centre Premier Tech génère un déficit d’opération approximatif de 700 000 $ par année, un montant corroboré par le maire.
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