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Robertine : un voyage dans le temps théâtral

durée 27 juillet 2018 | 14h50
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Un véritable choc des idées entre Robertine Barry, première femme journaliste canadienne française et Mgr Paul Bruchési, archevêque de Montréal secouera la Cour de circuit de L’Isle-Verte du 27 au 29 juillet, puis du 3 au 5 aout.

    Dans cette pièce de théâtre intitulée simplement «Robertine», les idées avant-gardistes et féministes de Robertine Barry, née à L’Isle-Verte, s’opposent vivement à celles du Mgr Bruchési, fervent défenseur des idées conservatrices et cléricales typiques du début du 19e siècle au Québec. Mme Barry souhaite coute que coute prendre la parole au congrès de fondation du tout premier regroupement féministe du Québec, la fédération nationale St-Jean-Baptiste qui se déroule en mai 1907 à Montréal.

    «C’est une femme qui démontre une façade très forte, mais qui a beaucoup d’humour et qui est très sensible (…) La joute verbale entre les deux personnages est savoureuse et j’ai beaucoup aimé m’opposer à une grande figure d’autorité. C’est un grand défi, mais surtout un plaisir», exprime la comédienne et écrivaine Stéphanie Pelletier, qui interprète le rôle de Robertine Barry. La distribution est complétée par l’auteur de la pièce Paul Fortier qui revêt les traits de Mgr Paul Bruchési.

    Robertine Barry est née à L’Isle-Verte en 1863 et a passé son enfance et son adolescence entre les régions de Trois-Pistoles et les Escoumins. Elle a travaillé pour le journal La Patrie, dirigé par Honoré Beaugrand dans la dernière décennie du 19e siècle, et fondé Le Journal de Françoise (son nom de plume), qu'elle a publié au début des années 1900.

    «Les gens sont étonnés d’entendre les propos de Mgr Bruchési, mais ce n’est pas si loin de nous. C’est vraiment récent, la libération des femmes, le droit de vote. Même encore aujourd’hui, nous ne sommes pas encore sortis de cette lutte (…) Il y a encore des gains à avoir», complète Mme Pelletier.

    Cette dernière a remporté en 2013 le Prix littéraire du Gouverneur Général du Canada dans la catégorie «romans et nouvelles» pour son recueil de nouvelles «Quand les guêpes se taisent». Elle n’est pas étrangère à la scène puisqu’elle a lu plusieurs de ses textes devant public, lors d’évènements de slam et a fait de l’improvisation pendant une quinzaine d’années.

    CRITIQUE

    Oubliée de l’histoire, cette pièce de théâtre permet à Robertine Barry et ses idées révolutionnaires de reprendre vie cet été à L’Isle-Verte, d’où elle est originaire. Les points de vue qu’elle exprime ont été des points tournants de la Révolution tranquille au Québec.

    L’imposant travail de recherche effectué par la biographe Sergine Desjardins et l’écriture théâtrale de Paul Fortier ont permis de dévoiler cette femme au grand jour. Sous la plume de Paul Fortier, joué par Stéphanie Pelletier on découvre une femme forte, mais parfois découragée des propos rétrogrades tenus par le clergé.

    D’une durée d’une heure et des poussières, cette pièce de théâtre aux allures de huis-clos demeure toutefois dynamique grâce aux effets de mise en scène créés par Denis Leblond. D’un côté, une grande bibliothèque, représentant l’accès à l’éducation et au savoir que prône Robertine Barry. De l’autre, une grande chaise capitaine, un massif bureau derrière lequel Mg Bruchési se protège pour assurer l’autorité du clergé qu’il dirige. Les personnages se déplacent dans l’espace lors de cette joute verbale effrénée, où les apartés côtoient les affrontements de mots.

    On rit jaune, parfois de bon cœur ou de découragement, en se mettant facilement dans la peau de Robertine et des femmes privées de leur liberté au début du 20e siècle. Véritable retour dans le temps, cette pièce de théâtre permet de mettre en perspective tout le chemin parcouru pour l’émancipation des femmes au Québec, grâce entre autres à la figure forte féminine que représentait Robertine Barry. L’ajout d’extraits véritables des écrits de Robertine Barry et de Paul Bruchési ne font que renforcer la crédibilité des personnages.

    La pièce Robertine sera présentée les 27 et 28 juillet à 19 h 30, le 29 juillet à 13 h 30, les 3 et 4 aout à 19 h 30 et le 5 aout à 13 h 30 à la Cour de circuit de L’Isle-Verte, située au 199, rue Saint-Jean-Baptiste. Tous les détails de la programmation sont disponibles au www.courdecircuit.ca.

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