«Les Sœurs de Nagasaki»
Des sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles en plein cœur du bombardement atomique
Début des années 80, le jeune Alain Vézina fréquente l’École St-Pierre. Par des amis du privé, tout au haut de la côte, il entend parler des «petites sœurs de Nagasaki», survivantes de la Seconde Guerre mondiale et du tristement célèbre bombardement nucléaire. Les années passent, les projets se succèdent, mais l’histoire de ces religieuses demeure...
Pour le réalisateur originaire de Rivière-du-Loup, maintenant enseignant en journalisme et en cinéma au Cégep de St-Jérôme, l’idée de transposer à l’écran ce dont il avait jadis eu vent n’a jamais été bien loin dans ses plans. «C’est un sujet qui me trottait depuis plusieurs années dans la tête, mais je différais toujours sa réalisation, j’avais d’autres projets. Mais c’est un beau sujet, c’est une histoire qui mérite d’être racontée».
Après avoir réalisé quatre documentaires historiques à propension maritime, un long-métrage fantastique et mis à l’avant-plan l’histoire de La Corriveau dans le documentaire «La cage», voilà que «Les Sœurs de Nagasaki» prend maintenant l’affiche dans quelques salles du Québec. À Rivière-du-Loup, le cinéma Princesse projettera l’œuvre les 28 et 29 octobre.
LES SŒURS DE NAGASAKI
L’histoire qu’il garde en mémoire pendant toutes ces années, c’est celle d’un petit groupe de huit missionnaires de la Congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles, dont sept sont originaires de Rivière-du-Loup. Elles sont déployées au Japon lorsque le pays se rallie à l’Allemagne et à l’Italie en 1941. Ne pouvant rentrer au Canada, elles sont gardées captives par les autorités nippones alors que la guerre fait rage et que les bombes tombent tout autour d’elles.
Elles se trouvent à Nagasaki le 9 août 1945, lorsque les Etats-Unis larguent leur deuxième bombe atomique en sol japonais. Les religieuses survivent à l’attaque et, peu de temps après, le pays capitule face aux pays alliés. Leur liberté leur est ainsi rendue, mais les souvenirs de l’holocauste nucléaire perdureront dans leur mémoire. Quelques sœurs conserveront des traces écrites de leur vécu et des photographies subsisteront, témoignages de leur expérience unique. Certaines religieuses sont demeurées dans cette ville éplorée et dévastée de Nagasaki afin d’aider les rescapés et les orphelins qui avaient grandement besoin de leur appui et de leur bienveillance.
UN DÉFI
Deux ans ont été nécessaires à Alain Vézina afin de parvenir à finaliser le film «Les Sœurs de Nagasaki». «Au départ, ce qui a été tout un défi, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup d’archives au couvent de Rivière-du-Loup, à mon grand étonnement, une dizaine de photographies, pas davantage.» Poussé par un vent d’optimisme, le réalisateur n’en reste pas là. Il envoie une lettre, en anglais, à la Congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles du Japon.
Après plusieurs mois, diverses relances et une pointe de découragement, il reçoit finalement une réponse, en français, d’une religieuse de 98 ans, qui a connu certaines des femmes de foi, et qui lui annonce qu’elles sont effectivement en possession d’albums photos que pratiquement personne n’a jamais vu, et dans lesquels figurent les missionnaires québécoises. Le sort du film était scellé, «Les Sœurs de Nagasaki» prendrait vie.
» À lire aussi, le billet de blogue de Jo-Annie Lagacé - De Rivière-du-Loup à Nagasaki: des Soeurs de l'Enfant-Jésus de Chauffailles en plein coeur de la guerre
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