La Louperivoise Rébecca Déraspe remporte le Prix Michel-Tremblay
L’autrice de théâtre Rébecca Déraspe, originaire de Rivière-du-Loup, a remporté le Prix Michel-Tremblay, accompagné de bourses totalisant 20 000 $ du Conseil des arts et des lettres du Québec et de la Fondation du Centre des auteurs dramatiques (CEAD) pour son texte dramatique «Ceux qui se sont évaporés», une création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui mise en scène par Sylvain Bélanger.
Cette récompense lui a été remise par Anne-Marie Jean, présidente-directrice générale du Conseil, lors de la cérémonie de remise des prix virtuelle de la Fondation du CEAD, le 27 novembre. Initialement prévues du 3 au 28 mars, les représentations de la pièce ont été interrompues prématurément le 12 mars en raison des mesures sanitaires mises en place pour contrer la première vague de la COVID-19. «La pièce a cessé d’être jouée après sept soirs seulement, alors qu’elle devait l’être pendant au moins trois semaines. C’est extrêmement étrange de recevoir ce prix avant qu’elle ne soit présentée à plus large échelle. C’était comme un coït interrompu, mais ça vient nous réconcilier avec ce qui s’est passé. Ça nous redonne espoir. Quand je regarde tous mes collègues du secteur du théâtre c’est un casse-tête immense à refaire», explique Rébecca Déraspe.
Au moment de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire au Québec, quatre spectacles sur lesquels elle avait travaillé ont été annulés. L’autrice continue toutefois d’écrire, puisque la création l’aide à se plonger dans l’avenir et à éviter l’immobilisme. Elle a toutefois hâte de pouvoir assister aux créations de ses collègues au théâtre.
«L’écriture, ce n’est pas la même chose que de jouer. Ça me permet de dialoguer avec quelqu’un d’autre, les acteurs, le public, le metteur en scène. L’adrénaline du moment présent, c’est quelque chose qui me stimule. Le rassemblement du théâtre, l’éphémère et l’instantanéité résonnent beaucoup chez moi. Les acteurs se mettent en danger soir après soir. Je peux parler, prendre position, argumenter faire réfléchir et transformer les êtres humains qui sont assis dans la salle. C’est un amour qui est plus fort que moi», résume Rébecca Déraspe.
RACINES LOUPERIVOISES
Bien qu’elle ait pris la direction de Montréal pour étudier au Cégep, elle ressent encore un fort attachement pour la région. «Mes parents sont encore à Notre-Dame-du-Portage, j’y passe presque tous les étés. J’ai grandi à Rivière-du-Loup. Dès l’âge de sept ans, j’ai fréquenté l’école de théâtre Françoise-Bédard avec l’enseignante Constance Céline Brousseau et j’ai fait de l’art dramatique avec Pierre Ouellet à l’école secondaire de Rivière-du-Loup», raconte Rébecca Déraspe. L’autrice originaire de Rivière-du-Loup a complété le programme d’écriture dramatique de l’École Nationale de Théâtre en mai 2010.
CEUX QUI SE SONT ÉVAPORÉS
En attendant son retour sur scène, il est possible d’entendre la pièce «Ceux qui se sont évaporés», écrite par Rébecca Déraspe en format balado sur l’application OHdio ou sur le site Web de Radio-Canada dans la section Théâtre à la carte. Elle est disponible également en librairie. «Emma est partie sans laisser de trace. Femme dans la jeune trentaine, mère, conjointe, fille, amie, elle menait jusqu’à présent une vie normale. Aux prises avec les conséquences de son absence, ses proches cherchent à comprendre. Qui n’a jamais rêvé de disparaitre, ne serait-ce qu’un instant? De s’évaporer? D’échapper à une identité et à ce que les autres y projettent?»
Le prix Michel-Tremblay n’est pas le premier honneur remporté par Rébecca Déraspe. Elle a aussi reçu la bourse d’écriture Jean-Denis Leduc de 10 000 $ du Théâtre de La Manufacture le 26 novembre. Elle a gagné le Prix de la critique Meilleur spectacle jeune public 2018 de l’Association québécoise des critiques de théâtre et le Prix Louise-Lahaye de la Fondation du CEAD pour sa pièce «Je suis William», le Prix de la critique pour Meilleur texte dramatique à Montréal 2017 pour sa pièce «Gamètes» et le Prix auteur dramatique BMO Groupe financier 2012 pour «Deux ans de votre vie».
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