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Des nouvelles de Victor-Lévy Beaulieu et son voyage littéraire en Chine

durée 30 mai 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Cloué à son fauteuil en raison d’un syndrome post poliomyélite, l’écrivain pistolois Victor-Lévy Beaulieu a peut-être perdu en mobilité, mais son verbe et sa volubilité sont toujours intacts. Depuis 2016, il s’est fait plus discret, n’ayant plus l’impression d’être écouté.

    Il y a quatre ans, il a été atteint d’une labyrinthite (une otite qui a dégénéré) dont il récupère graduellement. «Tu vois le monde à l’envers, c’est le cas de le dire. Écrire comme j’écris, je le vois assez souvent à l’envers […] Ça revient tranquillement, la santé. Il faut que je fasse attention. Il faudrait que je fasse plus d’exercice, mais ça fait 75 ans que je remets ça à plus tard, je devrais être bon pour quelques années encore», plaisante-t-il.

    Ces prémisses servaient à préparer le terrain afin de présenter son tout nouveau livre intitulé «Ma Chine à moi», qui raconte ce qu’il croit être fondamental dans la longue histoire de cette civilisation millénaire.

    Écrire un livre sur la Chine, Victor-Lévy Beaulieu y pensait même avant la crise de la COVID-19, depuis sa vingtaine. Il pointe une chaise droite adossée au mur du salon qui ploie sous le poids d’une pile d’ouvrages plus épais les uns que les autres qu’il a lus et relus dans la pénombre du salon éclairé de trois lampes de lecture. Cet échange sera ponctué par le rythme d’un cardinal rouge éclatant se butant aux carreaux de la fenêtre du salon, agressé par la vue de son propre reflet et les ronronnements de deux chats bien collés sur le dossier d’un fauteuil.

    «Les gens ne semblent pas connaitre la Chine d’aujourd’hui parce qu’ils ne connaissent rien de ce qui l’a amenée à être ce qu’elle est aujourd’hui. Pourquoi existe-t-elle alors que toutes les autres civilisations n’ont pas survécu?» Victor-Levy Beaulieu, mené par sa curiosité insatiable, a cherché dans la littérature et la philosophie chinoise les éléments fondamentaux pour mieux la comprendre.

    «Je ne m’adresse pas aux spécialistes. Je voulais donner une image correcte et qui peut être lue par tout le monde. Je parle des premiers empereurs, comment ils étaient, ce qu’ils ont fait et ce qu’il reste d’eux aujourd’hui». Il aborde donc l’Empereur Jaune, Genghis Khan, l’Empereur Yongle tout en traçant des parallèles et des liens avec sa famille, des souvenirs de son enfance et ses problèmes de santé qui ne s’améliorent pas avec l’âge. 

    «Dieu ça n’existe pas en Chine. Il n’y a pas de religion. C’est une erreur. Les Chinois ont des textes de philosophie de vie. Que ce soit le taoïsme, le bouddhisme ou le confucianisme. C’est apprendre à mieux vivre, au fond. Ça a pris la direction des arts martiaux, des moines et tout ça. J’étais tanné d’entendre les gens, les journalistes, parler de la Chine alors que visiblement, ils n’en connaissaient pas un mot, ajoute-t-il. Depuis que la Chine est devenue une puissance mondiale, ça excite bien gros le poil des jambes des Occidentaux, qui ont tout fait au 19e siècle pour tordre le cou à la Chine et pour qu’elle n’existe plus».

    Il évoque notamment le trafic d’opium (pavot) de l’Angleterre, les pillages des œuvres d’arts par la France et l’Angleterre, aussi appelé le Sac du Palais d’Été, en 1860. Victor Hugo l’aborde d’ailleurs dans sa «Lettre au capitaine Butler» écrite en 1861.

    «La première fois que j’ai entendu parler de la Chine dans les livres, c’est quand j’ai lu Victor Hugo à 14 ans. J’ai tout lu de cet auteur […] Je trouvais que c’était un des plus beaux textes polémistes du 19e siècle. C’est vraiment une lettre bien envoyée».

    Écrire sur la Chine lui permet donc de revenir à ses premiers amours littéraires, mais elle est aussi devenue le point cardinal de ses réflexions. Elle fait écho à la pandémie dans laquelle le monde est plongé depuis un an et demi. «Dans la mythologie chinoise, l’homme c’est un virus. Il a toujours réussi à gagner contre les autres virus parce que c’est le plus fort. Un jour, peut-être que ça ne sera plus vrai parce qu’il n’arrivera plus à contrôler les autres. C’est une possibilité qui peut être envisagée […] Les gens paniquent parce qu’ils se disent ‘’moi je peux mourir là-dedans’’. Ben oui, mais c’est comme ça depuis le début du monde. Je le dis dans mon livre, nous sommes tous nés terrorisés.»

    Un long détour qui s’avère pertinent pour parler de son…combientième livre déjà ? «Je dois être rendu à pas loin de 90 livres que j’ai écrits et publiés. Tu vois, mon rêve c’était de me rendre à 101 à cause de la Loi 101. Je vais avoir moins d’ouvrage à faire étant donné que la loi a rapetissé, c’est rendu à 96. Je vais en avoir six de moins à faire», plaisante-t-il.

    Fidèle à ses habitudes Victor-Lévy Beaulieu profite de la porte qui lui a ainsi été grande ouverte pour qualifier le projet de loi du ministre Simon Jolin-Barrette de «réformette qui ne changera rien au fait que les Québécois s’anglicisent de plus en plus». «Il ne faut pas qu’il y ait trop de choses qui dérangent dans ce projet de loi pour que le fédéral dise qu’il est d’accord avec ça», constate-t-il.

    Une nouvelle entente conclue entre le Caveau des Trois-Pistoles et les Éditions Trois-Pistoles a permis de mettre en place une librairie postale efficace. «Ça va me dégager un peu, autrement c’est moi qui faisais ça à la mitaine tout seul». Sans surprise, quand on appelle aux Éditions Trois-Pistoles, c’est à la fois l'éditeur et l’auteur, l’un des plus prolifiques du Québec, qui répond. Pour contacter l'auteur : editionstrois-pistoles.com/

    commentairesCommentaires

    4

    • PD
      Philippe Dubé
      temps Il y a 3 ans
      Très beau texte sur cet auteur immense comme la mer océane. L'approche de la journaliste est tout en nuance, en douceur devant ce monument de granit et de papier.
    • MP
      Michel Pagé
      temps Il y a 3 ans
      VLB et non seulement prolifique, il est un auteur fondamental de la littérature Québécoise, voire de la francophonie. L'a-t-on déjà proposé à un prix Nobel de la littérature?
    • LP
      Louise Poulin
      temps Il y a 3 ans
      Merci de vous soucié de ce grand auteur. On en parle pas souvent.
    • GB
      ghislaine Blanchard
      temps Il y a 3 ans
      Toujours intéressant d'avoir des nouvelles de VLB..
      je me régale encore avec son livre " Ma vie avec es animaux qui guérissent "
      quelle chance il a de vivre dans un endroit sans loi contre la possession d'animaux .
      contente de lire que sa santé s'améliore
      amitiés
      ghislaine
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