Explorer sa créativité, de la cuisine aux pinceaux
Daniel Tobien et l'une de ses oeuvres à la Pointe de Rivière-du-Loup.
Il a fabriqué il y a quelques années un bateau transportant du matériel d'artistes sur lequel les enfants pouvaient peindre à marée basse.
L'une des oeuvres de Daniel Tobien exposée au café culturel de la Pointe de Rivière-du-Loup, «Soldat de glace».
Qu’ont en commun la cuisine et les arts visuels ? Si on en croit le Louperivois d’adoption et chef cuisinier Daniel Tobien, beaucoup plus qu’on pourrait le penser, puisque ces deux disciplines ont toutes les deux besoin d’une flamme créative qui les animent.
Daniel Tobien présente d’ailleurs sa toute première exposition au nouveau café culturel à la Pointe de Rivière-du-Loup. Inspiré par l’amour de son métier, lui qui est chef pour le CISSS du Bas-Saint-Laurent et par son attachement au fleuve, il souhaite lancer un message en créant ses tableaux. «Ici, le fleuve est majestueux, indique-t-il, en pointant en direction d’une couvée de canards qui s’alimente sur la grève. Sauf qu’il est malade, il est plein de pollution et de plastique à la tonne. On doit tous en manger d’une manière ou d’une autre», explique-t-il.
Après une quinzaine d’années de carrière dans les cuisines de grands hôtels du Canada, des États-Unis et de l’Europe, il est arrivé en 2014 comme chef à Rivière-du-Loup, dans le réseau de la santé. S’il est arrivé au Québec dans les années 1990 il vit au Bas-Saint-Laurent depuis plus de six ans. À l’hiver 2019, dans sa résidence de la rue Mackay à Rivière-du-Loup, il a commencé à peindre.
«Je n’avais jamais peint de ma vie. J’ai suivi un atelier avec l’artiste Catherine Soucy qui m’a donné des bases. Ça s’inscrit dans mon côté artistique que je transpose de la cuisine. Les couleurs de la peinture, c’est un peu comme les sauces des recettes, on utilise une spatule. C’est dans un mouvement de bien-être. En cuisinant pour les autres, je veux qu’ils se sent bien et en regardant mes tableaux, c’est la même chose. Je compare la peinture aux plaisirs de la table, c’est rassembleur et c’est un partage», ajoute-t-il.
Dans ses œuvres, souvent inspirées par la nature et le fleuve qui coule devant chez lui, il incorpore des déchets retrouvés sur la grève et de la matière organique. Daniel Tobien récupère aussi d’anciens tableaux dont les gens se débarrassent en peignant par-dessus. «Je ne suis pas un militant environnementaliste. Je suis un Monsieur Tout-le-monde et à travers mes œuvres, je veux que les gens réalisent ce qui se passe dans le fleuve.» Dans ses œuvres, il incorpore les enveloppes en plastique de cartouches de chasse à l’oie, des plats de styromousse, bouchons de bouteilles, sandales, bref tout ce qui est jeté sans autre considération et qui finit son parcours dans le fleuve Saint-Laurent.
C’est la nutritionniste Catherine Fortin-Dubé du café culturel, connaissant le talent de Daniel Tobien, qui lui a proposé d’exposer ses œuvres. Les deux collaboraient déjà ensemble dans le réseau de la santé. Daniel Tobien a aussi fabriqué il y a quelques années un bateau transportant des pots de peinture et du matériel d’art qui s’échouait sur la grève à la Pointe de Rivière-du-Loup, permettant aux enfants de le décorer à marée basse. Il devra toutefois subir quelques réparations avant de pouvoir voguer de nouveau.
Par ses démarches artistiques, il souhaite lancer un message de sensibilisation aux personnes qui visiteront la Pointe cet été ou qui profiteront de la belle saison près du fleuve. «Si tout le monde qui marche à la Pointe venait avec un sac pour ramasser des déchets en même temps, ça ferait beaucoup de bien».
1 commentaires
C’est un chef d’œuvre de sensibilisation!
Grand chef cuisinier!👍❤️😊🍷