Incursion dans l’univers éclaté de Patrick Lavallée
En haut du cadre de porte de l’atelier de Patrick Lavallée à L’Isle-Verte trône l’inscription «Bienvenue dans un morceau de mon univers». Le ton est donné. Des sculptures de personnages tirés tout droit des contes et légendes du Québec sont dispersées partout où l’on pose les yeux, du plancher jusqu’au plafond. «Ici, c’est comme si tu entrais dans ma tête.»
Assis sur une chaise de barbier qui sert de fauteuil dans son atelier, Patrick Lavallée parle avec passion du Grand Antonio qui tirait des autobus avec ses cheveux, de la légende de Jos Montferrand, ou encore du Bonhomme 7 Heures, des personnages légendaires qui peuplent son imaginaire. «Quand mes filles étaient plus jeunes, je ne leur racontais pas des affaires de Disney, je leur racontais nos histoires du Québec. Ça ajoute un peu de magie. L’imaginaire, ça fait partie intégrale de la vie et du bonheur», résume le sculpteur. Patrick Lavallée est un sculpteur sans formation, un «gosseux» d’art populaire qui a trouvé son esthétique au fil des heures passées dans son atelier.
Marqué au fer rouge après plusieurs années passées dans le milieu policier, Patrick Lavallée a trouvé son havre de paix à travailler le bois et les matériaux recyclés dans son atelier de L’Isle-Verte. «L’art populaire, ça permet de s’éclater, de se laisser aller, de tasser les critères et les obligations de la vie. Ça se regarde et s’apprécie avec les yeux du coeur. C’est ouvert, sans règles et on peut créer n’importe quoi. Je me dis que si au moins je fais sourire quelqu’un, ma job est faite», explique-t-il. Une rencontre avec l’artiste Adrien Levasseur de Sainte-Anne-des-Monts s’est avérée déterminante pour son parcours. «Je faisais des meubles pour le plaisir et je gossais le bois. J’ai rencontré Adrien Levasseur et ça a vraiment cliqué. Il m’a dit que je faisais de l’art populaire. Je n’ai aucune formation en arts, je crée naïvement et pour le plaisir.»
À l’entrée de son atelier, qui rappelle les apparences d’un bar clandestin, on peut reconnaitre La Corriveau, une scène de la Chasse-Galerie, Rose Latulippe et le Diable. L’une de ses premières oeuvres, un coq dont la queue est fabriquée à l’aide de lamelles d’acier d’une base de lit, lui rappelle tout le chemin parcouru depuis qu’il a décidé de commencer à «gosser» le bois. «Je vois des choses avec des lunettes différentes des autres personnes. Ça permet de voir la vie simplement et différemment. Le but ce n’est pas de plaire […] Ce qui me touche le plus de la sculpture, ce sont les relations humaines, les rencontres. Des choses que je crée égoïstement dans mon atelier pour me faire plaisir font du bien à d’autres personnes.»
Une équipe de canot à glace qui a perdu l’un des siens lors d’une sortie lui a acheté une de ses oeuvres, en la mémoire de Daniel Malenfant de Rivière-du-Loup. Il a été particulièrement touché par cette attention et par la symbolique que prenait l’une de ses sculptures pour ce groupe.
Patrick Lavallée se dit d’ailleurs fier de représenter L’Isle-Verte et le Bas-Saint-Laurent, lui qui s’est installé dans la région en 2016. «Le Bas-Saint-Laurent devrait porter le flambeau de la fierté, nous avons un beau terreau culturel d’artistes ici.» Sa pièce nommée «Dualité» a été acquise par le Musée de la civilisation de Québec à la suite du concours Volière.
On n’a pas fini d’entendre parler de Patrick Lavallée et de son Atelier du Gosseux puisqu’il travaille présentement sur un projet mettant l’art populaire en valeur en collaboration avec les Plaines d’Abraham…À découvrir !
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