Traverser la pandémie un livre à la fois
Durant la pandémie de coronavirus, la Louperivoise Jeanne Lavoie a écrit 12 livres inspirés de sa vie, un héritage qu’elle a légué à ses petits-enfants le 13 juillet dernier. En moyenne, la dame qui «marche sur ses 70 ans» a rédigé un livre par deux mois sur une période de 26 mois.
Dans des boites personnalisées, Mme Lavoie avait déposé neuf livres, soit trois tomes biographiques, cinq sur les ancêtres de la famille, puis un livre titré au nom de chacun de ses petits-enfants. Ainsi, Rose âgée de 13 ans, Pierre-Alexandre âgé de 17 ans, et Julianne, âgée de 15 ans, pourront découvrir l’histoire familiale et la vie de leur mamie, puis se rappeler des moments partagés avec elle.
«Toute ma vie j’ai ramassé des souvenirs», indique Jeanne Lavoie. Toutes les cartes que ses petits-enfants lui ont données, les maintes photographies et dessins, tous les évènements importants, elle les a inscrits dans un cahier. Lorsqu’elle les a gardés quelques fois à Sept-Îles, où elle a habité durant trois ans et demi, elle s’assoyait à chaque jour pour écrire comment se passait la journée, ce qu’ils avaient fait pour en garder des souvenirs.
LA COVID-19 COMME MOTEUR D’ÉCRITURE
À sa retraite, Jeanne Lavoie a commencé à chanter dans les résidences pour personnes âgées. Malheureusement, avec la pandémie elle ne pouvait plus s’adonner à ce loisir. «Je me suis dit : qu’est-ce que je fais? Donc je me suis assise à l’ordinateur et j’ai commencé à écrire et à retracer les écritures et les souvenirs que j’avais», confie-t-elle.
Elle s’est donc mise à écrire le premier tome de sa vie relatant l’histoire de ses grands-parents avant sa naissance. Dans ce volume, elle évoque la Première Guerre Mondiale de 1914 à 1918. Elle y parle aussi de la grippe espagnole où son grand-père a perdu sa femme qui était alors enceinte. Dans le tome deux, elle a écrit sur son enfance, son adolescence, son mariage et son divorce. Dans le troisième, qui est plus lumineux, elle aborde notamment sa vie avec son nouvel amoureux et l’arrivée de ses petits-enfants.
«Je trouvais que j’avais eu une vie assez pas facile par bouts. Je trouvais intéressant de faire part de ça à mes petits-enfants et de leur donner des conseils. C’est là que tout s’est enchainé», explique Mme Lavoie. Elle voulait laisser des traces de son vécu, de son expérience et mentionner à ses petits-enfants d’être prudents dans la vie et de ne pas rester assis à ne rien faire à attendre que le temps passe, qu’il est important de réaliser ses rêves. «J’aime les gâter, mais aussi leur apprendre des choses», souffle-t-elle.
LAISSER DES EMPREINTES DE SA MÉMOIRE
Jeanne Lavoie mentionne qu’elle a toujours eu un talent en écriture. Cela l’a aidée à rapatrier ses notes, à écrire pour structurer des livres. Cependant, elle confie qu’elle aimerait voir une initiative dans les CHSLD et les résidences pour personnes âgées afin de les aider à mettre sur papier leur bagage, leur mémoire. «Je me demande pourquoi ils ne font pas ça : avoir quelqu’un qui donne des cours d’écriture sommaires pour qu’elles fassent un peu de leur généalogie», indique Mme Lavoie.
Lors de ses visites dans les résidences pour chanter, elle a remarqué que ces personnes étaient souvent esseulées et s’ennuyaient. Elle aimerait qu’un futur projet soit mis en place pour elles et pour les personnes seules habitant encore à leur domicile. Jeanne Lavoie ajoute que ce n’est pas tout le monde qui a de la facilité en écriture ou qui pense à transmettre son histoire à sa famille. «Ça pourrait les stimuler», énonce-t-elle.
Elle les encourage à se lancer avant de commencer à oublier. De plus, sa famille a adoré son initiative. Ses petits-enfants se réjouissaient de trouver un livre à leur nom et d’y retrouver des photos d’eux. «Je vais pouvoir lire ça plus tard quand mamie va être partie et en savoir plus sur mon passé», a confié Julianne. Ce cadeau offert leur permet de se rapprocher davantage de leur mamie et de tisser des liens encore plus forts.
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