«Les glaces», ouvrir le dialogue sur le consentement
La pièce de théâtre «Les glaces», écrite par l’autrice de Notre-Dame-du-Portage Rébecca Déraspe, sera présentée le 1er décembre prochain à 20 h au Centre culturel Berger de Rivière-du-Loup. C’est la première fois que l’une des œuvres de cette dramaturge est jouée dans sa région natale.
Le processus d’écriture de «Les glaces» a commencé lors du mouvement #moiaussi, en 2017, inspiré des nombreuses dénonciations d’agressions sexuelles contre le producteur américain Harvey Weinstein. «Je me suis demandé ‘’Comment peut-on réfléchir à ces questions-là sans rendre les coupables monstrueux?’’ On condamne les gestes, mais pas nécessairement les personnes», explique Rébecca Déraspe. Son texte a été remisé pendant la pandémie, elle l’a laissé dormir pendant environ trois ans. «Ça m’a permis d’avoir un certain recul sur ce sujet qui est brûlant d’actualité», ajoute l’autrice. La pièce explore la question du consentement et offre une réflexion sur le pardon à travers le vécu de divers personnages impliqués dans une histoire d’agression sexuelle non dénoncée.
«Noémie, fin trentaine, a un garçon de 17 ans qui est accusé de violences sexuelles. Ça réveille un viol qu’elle a vécu quand elle avait 16 ans. Ça lui revient comme un coup de poignard et elle entre en contact avec les deux agresseurs. Ce sont deux hommes qui ont des parcours de vie exemplaire, l’un est psychologue et l’autre est à l’université. Ça met des bombes dans leur vie. Sébastien et Vincent devront affronter les conséquences de leurs gestes», résume Rébecca Déraspe. Elle a fini l’écriture de cette pièce il y a environ un an.
Une résidence de création à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec a permis à Rébecca Déraspe d’élargir ses horizons en réfléchissant au sujet des violences sexuelles à travers les époques. «J’ai retrouvé un discours lu par Marie Lacoste Gérin-Lajoie lors de l’ouverture de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste en 1907. Elle parlait déjà du rapport à l’éducation, au consentement, au désir, au corps, à la solidarité féminine et à la sororité», précise l’autrice. Des thèmes qui sont toujours d’actualité aujourd’hui.
«J’ai été bombardée de gens qui ont été bouleversés par la pièce. Je voulais ouvrir le dialogue de façon horizontale, tant pour les hommes que pour les femmes. Malgré le sujet, il y a de l’espace pour le rire, de la lumière dans la pièce et de l’humour», conclut Rébecca Déraspe.
Les comédiennes et comédiens Anna Beaupré Moulounda, Daniel Gadouas, Marine Johnson, Valérie Laroche, Debbie Lynch-White, Christian Michaud et Olivier Normand forment la distribution de cette pièce. En octobre et novembre, elle a été présentée au théâtre La Licorne de Montréal.
La présentation de la pièce «Les Glaces» sera précédée d’une discussion Rébecca Déraspe le jeudi 1er décembre à 19 h 15, dans l'Espace des Grands Rendez-vous du Centre culturel Berger. La rencontre sera animée par la directrice artistique du Théâtre du Bic, Marie-Hélène Gendreau.
Rébecca Déraspe a remporté le prix Michel-Tremblay 2020 de la Fondation du Centre des auteurs dramatiques et le prix de la critique de l’Association québécoise des critiques de théâtre pour sa pièce «Ceux qui se sont évaporés».
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