L’Isle-Verte nomme sa bibliothèque en l’honneur de la pionnière Robertine Barry
Exactement 160 ans après la naissance de Robertine Barry à L’Isle-Verte, le 26 février 1863, la bibliothèque municipale portant désormais le nom de cette pionnière a été officiellement inaugurée.
Première femme journaliste canadienne française et à l’avance sur son temps, Robertine Barry a supporté de nombreuses causes sociales au fil des années, dont le droit pour les femmes d’étudier à l’université et d’exercer les mêmes professions que les hommes, l’éducation laïque accessible à tous, plus de justice sociale, la règlementation du travail des enfants et le droit de vote pour les femmes. Ses idées nouvelles se butaient au mode de pensée conservateur et religieux du 19e siècle au Québec.
«On a la chance d’avoir un personnage unique comme Robertine Barry qui est né à L’Isle-Verte. On ne peut pas passer à côté de nommer notre bibliothèque en son honneur. Ç’a été unanime au conseil municipal», indique la mairesse de L’Isle-Verte, Ginette Caron. Les démarches en ce sens ont été amorcées en 2020, à l'initiative de la Fondation Sandy-Burgess. La plaque commémorative servant à identifier la bibliothèque municipale a été dévoilée trois ans plus tard. Ce changement de nom permet de faire revivre cette grande dame dans notre mémoire collective, souligne Mme Caron.
«Celle qui a souvent revendiqué l’ouverture de bibliothèques publiques serait honorée que l’une d’elle porte désormais son nom», a indiqué l’auteure de la biographie en deux tomes sur Robertine Barry, Sergine Desjardins. Ces deux livres sont intitulés «La femme nouvelle» et «On l’appelait monsieur».
En plus d’être journaliste, Robertine Barry était aussi écrivaine et éditrice du journal de Françoise. Le directeur du journal La Patrie, Honoré Beaugrand, lui a donné sa première chance en 1891, alors que ce domaine était une chasse-gardée masculine à l’époque. Il lui a confié les mêmes responsabilités que ses collègues, soit de traduire des dépêches, de rédiger des faits divers et des chroniques hebdomadaires sous le pseudonyme de Françoise. Sa «Chronique du lundi» est parue du 21 septembre 1891 au 5 mars 1900 en première page de La Patrie. Robertine Barry a participé à la fondation de la première association féministe canadienne-française, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, en 1907.
RACINES DANS LA RÉGION
À son arrivée à L’Isle-Verte, son père, John Barry, un immigrant irlandais, est rapidement devenu le bras droit de William Price, propriétaire du moulin à scie du village. Il a rencontré sa conjointe Aglaé Rouleau dans cette localité.
Elle a donné naissance à Robertine Barry à L’Isle-Verte, un jour de grande tempête. Après avoir habité pendant quelques années aux Escoumins, la famille s’est installée à Trois-Pistoles à la retraite de John Barry. Robertine Barry est décédée à Montréal le 7 janvier 1910 à l’âge de 46 ans d’un accident vasculaire cérébral.
À l’initiative de la Fondation du patrimoine de L’Isle-Verte, une pièce de théâtre écrite par Paul Fortier intitulée «Robertine» a été présentée à la Cour de circuit de L’Isle-Verte en 2018 afin de permettre au public de découvrir cette pionnière du journalisme presque oubliée de l’histoire.
Elle a été désignée comme personnage historique par le ministère de la Culture et des Communications en mars 2021. Robertine Barry fait partie de la liste restreinte de huit personnalités canadiennes qui pourraient orner le prochain billet de 5$.
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