Une exposition fantôme, vestiges d’un passé trouble
Les fantômes de la maison hantée de Notre-Dame-des-Neiges n’hantent plus seulement les ruines de cette ancienne demeure, mais aussi l’artiste transdisciplinaire Simon Beaudry. Arrivé à Rivière Trois-Pistoles en 2019, le Montréalais a bien vite appris les rouages de la région des Basques, de même que ses légendes. Rapidement, il a été attiré par l’histoire et les ruines de la maison hantée de Notre-Dame-des-Neiges et a développé Maison Magloire/Projet fantôme.
Répertoriant photos, vidéos, archives documentaires, versions de légende, objets et sculptures, l’artiste tente de retracer l’histoire de la maison et la présence d’un fantôme. Inspiré de l’interprétation de la légende qui fait état d’un marin en escale tué à coups de couteau dans une bagarre dans la maison et enterré dans le sous-sol, l’artiste se lance dans toutes sortes de directions. «Je trouvais que cette histoire-là sous-entendait beaucoup de choses», souligne-t-il.
Ainsi, dans une exposition présentée à la Maison du Notaire de Trois-Pistoles du 1er juillet au 13 aout, les spectateurs pourront découvrir des images VHS, un lien entre le lieu de recherche-création et l’endroit d’exposition et des objets retrouvés parmi les vestiges de la maison hantée, notamment. M. Beaudry décrit son travail réparti sur quatre ans «à l’intersection du projet anthropologique, du conte folklorique et de la création artistique, […] brouillant les pistes entre réalité et fiction, documentaire et récit, traces du passé et créations contemporaines».
RÉALITÉ OU FICTION?
Pendant des années Simon Beaudry a donc accumulé de nombreuses informations sur la Maison Magloire pour tenter de saisir des bribes de vérités sur son histoire, afin de lui-même concevoir des pistes réflexives à suivre pour les spectateurs de l’exposition. De ce fait, ces derniers ne peuvent distinguer le vrai du faux, la réalité et l’histoire. Ils s’inventent ainsi eux-mêmes leur propre récit à partir du travail de l’artiste pour essayer de combler les manques et de se rapprocher de ce qu’ils croient être la vérité.
«De créer une fiction ça laisse plus de place aux gens d’entrer dans l’œuvre et de continuer à la construire», a partagé M. Beaudry. Son exposition est donc en constante évolution, puisque chaque personne qui la visite, l’interprète à sa façon. «Que ça soit vrai ou pas en bout de ligne, ce n’est jamais exactement vrai, parce qu’on est toujours dans le contexte d’une œuvre. Donc je pourrais dire que j’ai utilisé pleins de faussetés pour raconter une histoire qui, en bout de ligne, s’avère vraie puisqu’elle est montée t avec de véritables traces», explique-t-il.
SORTIR LA MAISON DE L’OUBLI
«Ultimement une légende peut s’effriter avec le temps. Comme une maison s’effrite dans le temps et devient ruines, il y a des légendes qui devient ruines, qui se perdent, qui s’effacent», soulève l’artiste. Afin de perpétuer la légende, Simon Beaudry a voulu la manifester. En faisant revivre l’histoire de la maison hantée, en relevant des indices, il croit que la population peut être portée à préserver le lieu.
L’exposition a aussi été créée dans cette optique : faire prendre conscience de l’importance de préserver les lieux historiques pour éviter leur dégradation. Autant physiquement que dans la mémoire. «Même de façon générale au Québec on a comme devise "Je me souviens", mais on est un peu frileux à mettre les efforts pour préserver des monuments, des maisons», se désole l’artiste. Son projet se veut donc une invitation à porter attention au passé et se questionner sur le rapport entre la mémoire et les lieux.
Un vernissage et un lancement officiel aura lieu le 28 juillet dès 17 h. Le lendemain à 21 h, Simon Beaudry invite «ceux qui ont le cœur solide» d’assister et participer à une séance de ouija. Ces activités coïncident avec la tenue d’Expozine Bas-Saint-Laurent où l’artiste exposera des œuvres inspirées de son exposition les 29 et 30 juillet à Saint-Simon-de-Rimouski.
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