Quand l’histoire reprend vie à Notre-Dame-des-Neiges
Le Barrage de la Corporation (1823) aujourd'hui.
Barrage de la Compagnie électrique du Témiscouata (ca. 1921-1930).
Le bâtiment, situé au 1, rue de la Grève, loge aujourd’hui le collectif Le Récif.
Auberge de la Rivière, initialement la maison Têtu, construite entre les années 1830 et 1840.
Le bâtiment, construit aux environs de 1845, sis au 35, rue St-Jean-Baptiste a d’abord servi comme lieu d’entreposage pour les denrées lors des hivernages
Entrepôt Têtu, devenu plus tard le club social de la Brown Company, puis l’Hôtel Bienvenue.
Ce qu'il reste de la baie de l'ancien port de douane.
Rue de la grève et port de douane secondaire au début du XXe siècle.
La Maison hantée Magloire-Delisle.
De vieux textes manuscrits.
Vous êtes-vous déjà demandé d’où vous veniez? Ou bien les raisons qui expliquent les frontières de votre municipalité? Réalisez-vous l’histoire qui se cache derrière ces questions, la richesse qui s’y trouve? C’est l’aventure dans laquelle s’est lancé le directeur général de Notre-Dame-des-Neiges, Dany Larrivée. À la suite de ses recherches, il a entamé un projet pour mettre en valeur son village : un parcours historique.
Historien de formation diplômé de l’Université Laval, M. Larrivée a abouti à Notre-Dame-des-Neiges par un cheminement qui lui est propre. Érigée en fer à cheval autour de Trois-Pistoles, la municipalité a rapidement suscité l’intérêt du natif de Saint-Médard, assoiffé d’en apprendre davantage sur le village qu’il a décidé d’adopter. «Ça m’a mené vers des faits qui m’ont fait découvrir qu’on avait une histoire riche», souligne-t-il.
Le parcours historique touche trois grands axes du développement de Notre-Dame-des-Neiges. Il passe par l’industrie du bois d’œuvre à l’histoire maritime, sans oublier la colonisation et le développement de la Seigneurie des Trois-Pistoles. M. Larrivée aimerait aussi, éventuellement, créer un segment sur l’histoire autochtone en collaboration avec la Première nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. «Ça foisonne de dynamisme et ça travaille très fort pour se développer il y a 150 ans, avance Dany Larrivée. C’est de faire revivre cette période-là, le 19e siècle de 1830 environ à 1920, où c’est un pan d’histoire qui bouillonne vraiment beaucoup.»
Il a débuté ses recherches après s’être questionné sur la baie, située après le pont du CN. En l’observant, il a su qu’elle n’était pas naturelle, il a donc voulu savoir pourquoi elle avait été remplie. «C’est venu d’une curiosité, mais d’un besoin de connaitre mon territoire. J’ai joint un peu ma passion et ma formation», confie M. Larrivée. Et quoi de mieux que de profiter de ses privilèges de directeur général pour y arriver et développer un projet qui servira la municipalité?
Il s’est donc replongé dans les archives municipales. Il est ainsi tombé sur des procès-verbaux manuscrits datant de 150 ans : «Ils n’ont jamais été ouverts depuis qu’ils ont été écrits. J’ai utilisé cette documentation-là pour nourrir l’information». Faits qui seront consignés sur 28 sites différents répertoriés un peu partout à Notre-Dame-des-Neiges.
UN PROJET EN TROIS PHASES
Au départ lancé comme un projet tout-en-un, le parcours historique a été séparé en trois segments à la suite d’un refus d’une subvention de 60 000 $ par Tourisme Bas-Saint-Laurent via le programme Entente de partenariat régional et de transformation numérique en tourisme.
Il rapporte que l’organisme ne refuse pas directement le projet, mais bien sa présente configuation. Joint par Info Dimanche, Tourisme Bas-Saint-Laurent a indiqué que l’analyse et les recommandations concernant le projet sont confidentielles, et qu’ainsi, l’organisation ne peut ni se prononcer, ni commenter sur l’admissibilité du parcours historique. «Le projet sous sa forme actuelle ne répondait pas aux exigences et aux objectifs du programme EPRTNT», a-t-elle indiqué.
Le directeur général désire donc, dans la phase un, réaliser des panneaux d’informations, des monolithes ainsi que des balados et les installer petit à petit dès l’année prochaine. Dans la seconde portion, des fouilles archéologiques sont prévues à la Maison Magloire-Delisle, dès 2024, ainsi qu’à un autre site majeur qui ne peut être dévoilé pour le moment. La dernière partie du parcours consiste à exposer les trouvailles à l’église la Riveraine, où se tiendrait une exposition permanente sur l’histoire de Notre-Dame-des-Neiges et qui serait le centre d’interprétation dans les alentours de 2025 et 2026.
PARTICIPATION CITOYENNE
Plusieurs artéfacts ont d’ailleurs déjà été trouvés au sein de la municipalité. M. Larrivée en a trouvé dans sa cour arrière lors de travaux et aussi lors d’une marche sur le long de la rivière Trois-Pistoles. Nombreux citoyens ont contacté le directeur général pour lui offrir de vieux documents informatifs ou pour lui signifier qu’ils avaient des objets du passé dans leur demeure. Ils seraient prêts à en faire don à Notre-Dame-des-Neiges pour les besoins d’une future exposition.
Dany Larrivée se réjouit de la participation des résidents à son projet. Il a pu sonder l’intérêt des Neigeois sur leur histoire dans la dernière année par des capsules historiques qu’il partage mensuellement. Il mentionne avoir rarement moins de 800 lecteurs.
Il rencontrera aussi, bientôt, des habitants qui ont vécu dans les années 1930 et 1940 afin de recueillir leurs témoignages. «Ils sont des mines d’or d’information», s’exclame-t-il. Leurs propos seront ajoutés aux balados qui seront montés dans le cadre du parcours historique.
Toute cette aide, sans même l’avoir demandée, le pousse à continuer et à travailler d’arrache-pied pour mener ce projet à terme. Le directeur général a de bons alliés pour la recherche, soit Dean Provencher pour le site de la Maison hantée et Jean-René Thuot, professeur d’histoire à l’Université du Québec à Rimouski pour la confirmation de faits historiques. La MRC des Basques lui donne un bon appui. Elle a participé à la hauteur de 7 000 $ au projet. La Municipalité de Notre-Dame-des-Neiges a déboursé 9 000 $.
Dany Larrivée croit que le parcours historique «risque de faire des petits» à travers le KRTB. Il croit qu’il peut amener de belles retombées dans son village. «Si on donne l’exemple que c’est faisable et qu’il y a plus d’histoire qu’on pense sur chacun de nos territoires, j’ai l’impression que ça va faire bouger les choses», assure-t-il.
En attendant, il poursuit son travail de longue haleine, creuse le passé, déterre des souvenirs gardés depuis longtemps. Il fait parler à nouveau les voix de ceux qui ont jadis existé et fait resurgir l’histoire pour mieux teindre celle d’aujourd’hui, de quoi écrire un livre, selon son bon ami Victor-Lévy Beaulieu. Perspective qu’il envisage sérieusement.
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