Quand la terre enivre
Ses mains caressent doucement la terre au rythme du tour et de la musique qui se fait paisible et imposante à la fois. Ce mouvement, il fait partie du quotidien de Marie-Claude Salvaille et lui procure une sensation enivrante. Il confirme le choix qu’elle a fait, il y a tout près de deux ans, de tout laisser tomber. Elle ne regrette rien. Bien plus, elle respire le bonheur.
C’est à Rivière-Trois-Pistoles que Marie-Claude Salvaille a décidé de s’installer, dans l’ancien presbytère, pour s’adonner à son art, aux côtés de celui qui partage sa vie et sa passion pour la céramique, Marc Millette. Créations Manouche, c’est elle, la fantaisiste, la fille zen et rigolote et Poterie Millette, c’est lui avec son côté plus classique, mais néanmoins celui qui l’a entraîné dans ce monde insolite qui l’a complètement séduite.
Créations Manouche, c’est elle, Marie-Claude Salvaille , la fantaisiste, la fille zen et rigolote qui utilise le grès comme médium.
Photo: Monique Dionne
Ensemble, ils ont donné une structure à leur entreprise respective, mais leur complicité demeure, allant même jusqu’à partager l’évolution d’une œuvre. Mais rapidement, Marie-Claude a trouvé son créneau se distinguant allègrement de son complice. « Il faut trouver ce qu’on aime, me dit-elle en toute simplicité. On ne peut pas faire autre chose que ce qu’on est. Je lis beaucoup de livres de céramique. Je m’inspire, mais quand ça me passe entre les mains, c’est moi avec ma personnalité, mes influences. »
Au gré de ses pulsions, elle fabrique avec le grès, son médium de prédilection qui l’envoûte notamment pour ses teintes et sa texture, de petites pièces uniques marquées par sa créativité et inspirées par le corps humain. Elles donnent ainsi une touche unique au monde de la gastronomie. Mais pour arriver à un résultat sans faille, celui issu de ses rêves les plus fous, elle y a consacré du temps, beaucoup de temps. Elle a scrupuleusement réalisé toutes les étapes propres à la création d’une œuvre de céramique, du façonnage sur le tour à l’application de la glaçure.
Une vingtaine d’artisans, principalement des céramistes, exposent aussi leurs œuvres dans la petite boutique aménagée dans l’ancien presbytère situé juste à côté de l’église de Rivière-Trois-Pistoles.
Photo: Monique Dionne
Toutefois elle sait que ce monde est fragile et que les surprises font partie du jeu. Elle l’a appris et maintenant elle vit assez bien avec l’idée que la terre aura toujours le dernier mot. « Tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Mais tu ne dois pas t’empêcher de travailler fort sur une pièce. Elle peut craquer, casser. Tu n’as jamais le résultat toute de suite. Tu apprends et tu passes à autre chose. C’est ce qui fait la beauté de la céramique. »
Mais Marie-Claude consacre aussi une partie de son temps pour accueillir les gens dans sa petite boutique adjacente à ses ateliers, de petits lieux au cachet exceptionnel où la terre cuite est reine. Une vingtaine d’artisans, principalement des céramistes, y exposent aussi leurs œuvres, toutes aussi différentes les unes des autres. Après tout, c’est ça qui fait la beauté de ces endroits qu’on prend plaisir à visiter, c’est l’originalité, la démesure et la découverte de gens audacieux qui s’expriment par le biais de leur art.
Photo: Monique Dionne
De plus, il est possible de voir des pièces de Marie-Claude dans d’autres petites boutiques en région, dont au Musée du Bas-Saint-Laurent. On la rencontre également dans les différents salons et elle sera du nombre des exposants avec son complice Marc au Salon de l’habitation à Rivière-du-Loup. D’ici là, elle participera aux Fêtes médiévales de La Pocatière avec une production particulière, conçue pour l’occasion.
Suivront les salons de Noël et un repos bien mérité en janvier, un moment propice à l’émergence de nouvelles idées que l’on découvrira au fil du temps.
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