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Polytechnique : quand la fiction rejoint la réalité

durée 18 mars 2009 | 00h00
  • Jo-Annie Lagacé
    Par Jo-Annie Lagacé

    Ce sont des semaines bien chargées pour le cinéma québécois. Avec la sortie de deux films traitant de deux épisodes marquants dans l'histoire du Québec à quelques semaines d'intervalle, les cinéphiles d'ici sont comblés.

    Le film Polytechnique n’a plus besoin de présentation. Tous savent ou ont entendu parler que des événements tragiques qui se sont produits à l'École Polytechnique de Montréal en 1989.

    Le choix de réaliser un film sur cette tuerie a soulevé plusieurs questionnements. Pourquoi produire une œuvre sur ce drame? Surtout, comment rendre justice à ces victimes sans basculer dans un sensationnalisme déchirant pour leurs familles et leurs proches qui sont encore bouleversés par leurs départs précipités? La raison est bien simple : ces femmes avaient toutes un avenir brillant devant elles. Un homme est entré dans leur vie et tout a basculé. Ce qu'il a fait est monstrueux et incompréhensible.

    Pourtant, aujourd'hui encore, nous connaissons son nom et il est toujours associé aux événements, tandis que ses cibles demeurent anonymes pour la majorité des gens. Se souvenir de ces femmes et du geste permet que leur mémoire perdure. Et pour rendre justice à ces victimes, le réalisateur a visé juste. Des images en noir et blanc, un style épuré, un scénario sans psychologie, des actions simples dans un décor simple. Rien d'inutile, pas de proximité ou de familiarité avec les personnages. D'ailleurs, les seuls personnages valables qui ont une identité sont ceux de Valérie (joué par Karine Vanasse) et de Jean-François (rendu avec brio par Sébastien Huberdeau).

    L'histoire du film n'a pas besoin d'être racontée dans le détail, puisque ce qui nous est présenté est ce dont on se souvient. Par un matin de décembre, un homme est entré dans une salle de classe, a divisé les femmes des hommes, a fait sortir ceux-ci, puis a fait feu une trentaine de fois sur ces dix femmes laissées pour mortes avant d'aller continuer le carnage sur la place publique et autres racoins de l'établissement d'enseignement. Une fois le travail achevé, il s'est lâchement enlevé la vie, laissant derrière lui des dizaines de familles éplorées pour qui colère, indignation et chagrin ont longtemps habité leurs sentiments.

    Ajoutez à cela quelques minimes incursions dans la vie de ces quelques personnages principaux et vous avez la toile du film. Ce n'est pas tant l'histoire du film qui retient l'attention du cinéphile, mais tout l'environnement qui l'entoure. L'ambiance et l'expérience sensorielle. Dès les premières minutes du film, on ressent un grand malaise. Les 10 premières minutes, on les passe à retenir sa respiration. On attend. On guette. On anticipe l'action. Les coups de fusil résonnent dans les oreilles et la musique en trame de fond contribue à augmenter le malaise déjà bien présent.

    Les 70 autres minutes du film, on demeure dans cet état d'esprit d'anticipation, mais aussi, on se demande comment quelqu'un peut en venir à commettre de tels gestes, à détester un groupe de personnes, sous le simple prétexte qu'elles sont des femmes? Et surtout, comment réagirait-on, nous, si nous étions placé dans une situation semblable? Fuirait-on, comme ces hommes dans le film, ou essaierait-on d'argumenter, de se défendre collectivement et de combattre? Nul n'est en mesure de répondre à ces interrogations sans l'avoir vécu, et espérons que dans l'avenir de tels événements puissent être évités afin que ces questions demeurent sans réponse.

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