X
Rechercher
Nous joindre
Publicité

Un conte de Jacques Mayer

durée 25 décembre 2011 | 10h59
  • Saint-Pacôme - La tradition se poursuit avec la publication du conte de Noël d’un auteur de la région. Cette année, Le Placoteux vous offre, Noël en Floride, un conte de M. Jacques Mayer de Saint-Pacôme.

    Monsieur Mayer est né au Caire, est diplômé de la Sorbonne et vit au Québec depuis plus de 40 ans.

    Il a aussi été président et membre fondateur de la Société du Roman policier de Saint-Pacôme, fondée en mars 2001.

     


    Noël en Floride

    Le 24 décembre 2010, Louise et  Joseph déjeunaient sur le balcon du condo loué pour l’hiver à Hallandale en Floride. L’océan était magnifique, les vagues léchaient langoureusement le sable fin de la plage. C’était ensoleillé, mais pas assez chaud pour se baigner.

    - C’est tout de même mieux que de pelleter de la neige chez nous à Saint-Pacôme, remarqua Joseph avec un sourire de contentement.

    - Tu me dis ça tous les jours, rétorqua Louise en haussant les épaules. Nous avons des choses plus sérieuses à discuter, ajouta-t-elle.

    - Comme ?

    - Yvan et sa femme Josiane  arrivent ce soir pour réveillonner avec nous. Je n’ai pas encore préparé le souper et surtout nous n’avons pas leurs cadeaux. Sans oublier que tu dois être à l’aéroport à cinq heures pour les accueillir.

    - Je pensais que nous irions ensemble.

    - Je ne serai pas prête. Tu auras le plaisir d’embrasser les enfants avant moi.

    - J’espère qu’ils ne se disputeront pas encore. J’ai l’impression que leur mariage ne durera pas longtemps. Yvan a un caractère de cochon.

    - Devine de qui il tient ? Et nous sommes encore mariés.

    - Ce n’est pas la même chose. De notre temps divorcer n’était pas acceptable. Je voudrais tant avoir un petit fils.

    - Et pourquoi pas une petite fille ?

    - Il sera un bon mécanicien comme son père et moi.

    - Une fille ne serait pas capable ?

    - Ne commence pas à m’asticoter avec tes idées féministes. 

    Louise rentra dans l’appartement. Elle n’avait pas envie de se quereller la veille de Noël.  Trente ans de mariage lui avait appris que de toute façon ce serait inutile.

    Ils passèrent la journée au centre d’achats de Surfside. Ils devaient acheter les présents pour les enfants et sans oublier le leur. Ils avaient convenu au début de leur mariage qu’ils s’offriraient un cadeau commun pour Noël.

    Joseph se jura de rester calme et de ne pas s’opposer aux choix de Louise.

    Mais chasser le naturel, il revient au galop comme le dit si bien cette maxime populaire. Il manifesta son mécontentement sur le choix de la couleur des chemises pour Yvan et n’apprécia pas le foulard Hermès pour sa belle-fille. 

    Néanmoins, il sut contrôler son courroux quand Louise jeta son dévolu sur un service en argent Christofle qui coûtait une petite fortune. Comme le temps filait, ils décidèrent de ne pas cuisiner, mais plutôt de tout prendre chez un traiteur. Ils n’oublièrent pas comme c’était la coutume familiale le champagne.

    Le temps s’était écoulé rapidement, ils décidèrent donc d’aller directement à l’aéroport.

    Le trafic était lourd : il fut pénible de trouver un stationnement : c’est donc au pas de course qu’ils se rendirent au hall des arrivées. Ils y trouvèrent des personnes pleurant, d’autres affalées sur le sol. Bien vite ils apprirent que l’avion sur lequel voyageaient Yvan et son épouse avaient explosé au-dessus de l’Atlantique. On ne connaissait  pas encore la cause de cet accident.

    L’hypothèse d’un attentat n’était cependant pas écarté car l’avion était neuf et que les conditions atmosphériques étaient bonnes.

    Un agent d’Air Canada annonça qu’un vol spécial serait affrété pour ramener à Montréal les membres des familles des malheureux passagers. Celles et ceux qui le désiraient n’avaient qu’à s’inscrire et donner leurs coordonnées afin qu’on puisse les aviser de l’heure du départ. Quelqu’un demanda si sa sœur dont il déclina l’identité était à bord de cet avion.

    L’agent l’informa qu’il n’avait pas encore la liste des passagers qui avaient pris ce vol.

    Louise s’effondra dans les bras de son mari. Ce dernier la serra contre lui, hagard, assommé par cette nouvelle. Yvan était leur fils unique. Une énorme colère s’empara de lui. Un sentiment profond d’injustice.

    Pourquoi le destin les punissait ainsi ? Il en voulut à tous ces terroristes qui s’en prenaient à des innocents sous prétexte de faire avancer leur cause qu’il ne comprenait pas et dont il s’en fichait.

    Louise gémissait doucement et disait sans arrêter : « Joseph Dis-moi que ce n’est pas vrai, s’il te plaît dis-moi que ce n’est pas vrai.»

    Ils s’enregistrèrent sur la liste et retournèrent à l’appartement en taxi. Joseph n’était pas en mesure de conduire.

    Ils s’assirent dans le salon et restèrent silencieux. Louise ne pleurait plus, mais son regard vague témoignait de la peine qui lui rongeait le cœur. Joseph se tordait les mains en soupirant.

    La sonnerie de téléphone les fit sursauter. « Sans doute Air Canada », dit Joseph d’une voix sourde. Il décrocha et faillit s’évanouir. C’était Yvan.

    - Papa nous n’avons pas pris l’avion car Josiane ne se sentait pas bien. Nous avons été à l’urgence de l’hôpital. Il y avait plein de monde et nous avons attendu longtemps. Finalement, nous avons appris qu’elle est enceinte. Nous ne viendrons donc pas cette année. Josiane ne veut pas voyager en avion dans son état. Passe-moi maman que je lui raconte tout ça et Joyeux Noël.

    - Sais-tu que cet avion a explosé en plein vol ?

    Il y eut un grand silence et Yvan dit alors :

    - Notre enfant nous a apporté chance.

    Louise qui avait compris ce qui s’était dit, riait et pleurait à la fois. Elle s’empara du récepteur :

    - Je vous béni mes enfants. C’est le plus beau cadeau de Noël que je n’ai jamais eu.

    Jamais bouteille de champagne ne fut autant appréciée.

     

    Jacques Mayer

    commentairesCommentaires

    0

    Publicité

    RECOMMANDÉS POUR VOUS


    Publié à 6h43

    Vernissage d’une murale collective au Salon des artistes et artisans du Témiscouata

    L’Association des arts du Témiscouata a procédé au vernissage de la murale collective créée par les étudiants de deuxiàme secondaire de l’école secondaire du Transcontinental le 8 novembre. La fresque présentée lors du 5 à 7 d’ouverture du 15e Salon des artistes et artisans du Témiscouata se veut un rappel des différents attraits touristiques de ...

    Publié à 6h02

    Karel Bélanger sélectionné sur la liste préliminaire du Prix de poésie Radio-Canada

    Le Louperivois, Karel Bélanger, fait partie des 22 poètes en lice pour le Prix de poésie 2024 dévoilés le 7 novembre par les Prix de la création Radio-Canada. Sa suite poétique, Les étoiles ordinaires, composée de douze courts poèmes a su retenir l’attention du comité de lecture par sa «grande beauté» et son «art du punch incroyablement ...

    13 novembre 2024 | 6h47

    Dévoilement du spectacle «Raconte-moi l’histoire de Casse-Noisette»

    Le spectacle «Raconte-moi l’histoire de Casse-Noisette», une coproduction de Rivière-du-Loup en spectacles, District Danza et le programme Arts-études Musique de l’École secondaire de Rivière-du-Loup s’ajoute à la programmation automnale du Centre culturel Berger. Trois représentations du spectacle sont prévues les vendredi 6 décembre à 19 h et le ...