«Dégelis, c’est mon carré de sable» - Rafaël Ouellet
Le dimanche 12 août, entouré des comédiens Julien Poulin et Stéphane Breton, Rafaël Ouellet a présenté Camion chez lui, au Cinéma de Dégelis où 648 personnes ont eu le privilège d’assister à l’avant-première du film sur deux projections. Salles combles et ovations, les liens entre le réalisateur, qui n’a pas manqué de remercier la population pour sa collaboration, et son coin de pays sont tissés serrés.
Dans le rétroviseur de Camion, une relation père-fils. « J’ai voulu faire preuve de pudeur, car à la base, c’est inspiré de mon père, mais c’est devenu une fiction. J’ai choisi de retirer ce qui ressemblait trop à mon père et à moi. »
Rafaël Ouellet a donc puisé l’inspiration de sa terre, de ses racines. Pas étonnant donc que les personnages du film se nomment « Racine. » Le thème des relations père-fils, planté dans ce décor témiscouatain, trouve écho des liens, parfois retenus, mais combien fort qui unissent de nombreuses familles.
Le cinéaste Rafaël Ouellet, les comédiens Julien Poulin (Germain) et Stéphane Breton (Alain) en avant-première du film Camion dans un Cinéma de Dégelis bondé à craquer.
Photo : Lucienne Lagacé
Le père de Rafaël qui a inspiré le personnage de Germain Racine interprété par Julien Poulin n’avait pas encore vu le film avant dimanche. « On ne s’est pas parlé beaucoup, j’ai dû rapidement quitter, mais je pense qu’il a été surpris et enchanté. Il n’a pas été heurté par les éléments plus autobiographiques du film », a commenté le réalisateur.
DÉGELIS
Quant à Dégelis, Rafaël Ouellet y aura filmé ses quatre films de fiction. « Dégelis, c’est mon carré de sable. J’ai tourné mon premier film pour des raisons économiques, j’avais 5 000 $ de budget, j’avais besoin de la collaboration des gens du coin. Avec Camion, j’avais des paysages en tête, des endroits. »
Bande-annonce
Le réalisateur précise toutefois qu’il n’a pas pour but de faire de Dégelis une carte postale. « Je filme Dégelis comme l’histoire le commande. Le village devient ma toile de fond et je le fais avec respect et c’est tant mieux si ça ressort dans les films. Je tiens à ma région, au Témiscouata et à Dégelis. »
Le maire de Dégelis, Claude Lavoie, s’est réjoui du succès rencontré par Camion. « Il y avait 350 personnes présentes à la première représentation, près de 150 personnes ont dû rebrousser chemin. Même chose à la deuxième. De voir la rue Principale, les rangs, des maisons dans un film comme ça, ça a été émouvant », a commenté le maire.
Qu’à cela ne tienne, déjà, Rafaël Ouellet prépare son prochain film qu’il espère, une fois encore, tourner à Dégelis. « Filmer en région demande plus de budgets, mais si je peux, car sortir de Montréal coûte très cher, oui je vais filmer à Dégelis ou du moins dans la région. Je n’ai pas tout le contrôle sur la décision. Mais déjà, mes scènes sont écrites en fonction de ça », raconte le cinéaste.
SYNOPSIS
L’interprète de Germain Racine, le comédien Julien Poulin s’est adressé aux nombreux spectateurs présents à la première représentation dimanche.
Photo : Lucienne Lagacé
Germain est un camionneur d’expérience. Lorsqu’il est impliqué dans un accident de la route qui provoque la mort d’une femme, son monde arrête de tourner et il sombre dans un état inquiétant. Germain n’a pas le courage de retourner derrière le volant de son camion. Sans travail, et rongé par la culpabilité, il regarde le temps passer. Il s’enfonce dans une léthargie qui inquiète son plus vieux fils, Samuel.
CAMION
Camion qui disposait d’un budget limité de 1,4 M$ et qui a été filmé à l’automne dernier marquera sans doute la carrière du réalisateur. Avec ce dernier et le succès rencontré jusqu’à présent, les collaborations et demandes de financement pour d’éventuels projets obtiendront certainement une oreille attentive de l’industrie du cinéma.
En juillet dernier, le cinéaste a remporté deux importants prix lors du Festival du film de Karlovy Vary, en République Tchèque, soit celui du meilleur réalisateur en plus d'être primé par le jury œcuménique. Il a aussi reçu une critique des plus favorables de magazine Variety, considéré comme la bible des cinéphiles californiens.
Le film prend l’affiche le 17 août. « Pour le cinéma de Dégelis, ça sera au début de septembre. Quant à Rivière-du-Loup (Théâtre Princesse), on ne sait pas encore. Mais si les gens se manifestent (rires), ça pourrait aider, c’est bien certain », a conclu le sympathique réalisateur.
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