Ève Landry: son talent enfin reconnu
Saint-Pascal - Depuis sa sortie du Conservatoire en 2007, Ève Landry, bon an mal an, a vécu de son métier de comédienne. Pour le grand public, elle était une inconnue. Mais voilà que son rôle de Jeanne Biron, la méchante de la série Unité 9 a révélé son talent à un million et demi de téléspectateurs québécois.
Depuis quelques semaines, Ève est dans tous les médias. Elle distribue les entrevues comme d’autres les bonbons à l’Halloween. Photo à la Une, Écho vedette lui consacre une page. Le lundi lui réserve quatre pages de texte et de photos. Cette semaine, son visage et ses confidences s’étalent sur quatre pages dans le 7 jours et trois dans La Semaine. Récemment, Nathalie Petrowski a signé un article dans La Presse sur cette « mauvaise (bonne) fille ». On parle d’elle comme d’une révélation. Catherine Perrin l’a invitée au micro de Médium large à la Première chaîne de Radio-Canada. Même Guy A. Lepage l’a accueillie sur le plateau de la convoitée émission « Tout le monde en parle. »
Pas mal, vous dites? Ce n’est pas tout ! C’est elle, la fille de Saint-Pascal, qui a posé devant les photographes, en ensemble noir, sur le tapis rouge à Cannes, pour représenter Unité 9 dans le cadre du Marché international des contenus télévisuels et numériques (mipcom).
« Le matin, on a eu un déjeuner avec des acteurs et des producteurs canadiens. On parlait un peu de nos projets. Il y avait des interviews, des séances de photos. Dans l’après-midi j’avais congé pendant que le producteur rencontrait des gens. Le soir, c’était le tapis rouge, on présentait tout le monde », raconte Ève Landry, encore habitée par le vertige d’une telle expérience.
Apprivoiser la notoriété
Comment parviens-tu à apprivoiser la notoriété? « Le mot est bien choisi. Il faut que j’apprivoise tout cela, que je fasse attention à ce que je dis et comment je le dis », répond Ève Landry depuis son appartement montréalais. Les gens la reconnaissent dans la rue, ce qu’elle ne trouve pas désagréable du tout. Malgré son rôle de dure à cuire, ils sont gentils avec elle. « Surtout depuis qu’ils m’ont vu en entrevues, ils savent faire la différence entre le personnage et la personne. » Pour ceux qui n’auraient pas la chance de connaître Ève, sachez qu’elle est tout ce qu’il y a de plus aimable! Une main de velours dans un gant de fer...
Même si on lui avait dit que le personnage de Jeanne serait marquant, Ève Landry n’a jamais pensé qu’il aurait un tel impact. Jeanne étant la méchante, la sournoise de l’unité, a de toute évidence contribué à ce qu’on la remarque plus. « Il y a aussi le fait que j’étais un nouveau visage. Ça permet de croire encore plus au personnage », raconte la comédienne.
Horaire chargé
Vingt-quatre heures dans la vie de Ève Landry, ce n’est pas de tout repos. Le réveil sonne tôt! Journée type de la semaine dernière : 5 h, tournage d’Unité 9 ; 13 h, répétition pour Éclats et autres libertés qu’elle ira présenter en France en novembre; 19 h, répétition pour Hamlet est mort. Ajoutons quelques entrevues téléphoniques à travers ça. « Ce matin [17 octobre], j'avais une entrevue radio à 10 h et ensuite un tournage pour une émission à VRAK.TV. Et ce soir : représentation », poursuit-elle.
Avec son horaire de travail délirant, Ève Landry n’a pas eu vraiment le temps de faire des recherches avant d’incarner la détenue. Elle les avait faites en grande partie quand elle a auditionné pour le rôle. La comédienne aimerait tout de même, lorsque « le rush » sera passé, en apprendre un peu plus sur la vie carcérale. Ce qu’elle sait de Jeanne, sur son enfance, l’aide aussi à l’interpréter. En cas de doute, la comédienne peut communiquer avec l’auteure, Danielle Trottier. « Ce genre d’énergie là, c’est quelque chose que j’ai naturellement, qui n’est pas très loin de moi. Je suis capable de trouver cela facilement en moi », soutient-elle.
La méchante
Redoute-t-elle d’être étiquetée méchante de service, de ne se voir confier que des rôles de filles tough? « Les gens autour de moi semblent beaucoup apprécier ce que je fais. J’espère qu’ils auront assez d’imagination pour me proposer autre chose. Ce sera à moi de refuser les rôles qui ressemblent trop à cela », répond Ève Landry.
Avant Unité 9, Ève a fait quelques apparitions TV, de l’improvisation et joué au théâtre. L’automne dernier, elle montait sur les planches de la Salle André-Gagnon, à La Pocatière, dans Éclats et autres libertés. Elle est aussi de la distribution des pièces « Hamlet est mort. Gravité zéro » et, au printemps prochain, de Sainte Carmen de la Main.
Ève Landry souhaite d’ailleurs continuer à faire du théâtre. Que ce soit pour la télé ou pour la scène, elle va évaluer les projets au cas par cas et décider si elle embarque ou non. Tout comme elle ne ferme pas la porte à un éventuel rôle au cinéma. Elle veut en outre poursuivre son implication avec Les Marjo’s, un groupe de filles qui chantent des succès de Marjo a capella. Ce spectacle, avec Les Gerry’s, le pendant masculin qui interprète les chansons de Gerry Boulet, faisait partie de la programmation du Printemps des arts, cette année, à Saint-Pascal.
En vivre
Avant de décrocher le rôle de Jeanne, Ève Landry vivait déjà de son art. Elle raconte : « j'ai eu une job que nous appellerons “alimentaire” durant un certain temps, je travaillais dans une boutique de linge, mais vraiment à temps partiel et je dirais que ce n'était pas nécessairement pour le cash, mais pour passer le temps; je me trouvais paresseuse de rester chez moi à ne rien faire et je n'ai jamais eu la fibre d'écriture donc.... Sinon, j'ai fait beaucoup d'animation de rue parce que c'était très payant et tout de même en lien avec ma job. J'ai toujours réussi à rejoindre les deux bouts en faisant du théâtre. »
La notoriété ne lui est pas montée à la tête et Ève Landry demeure profondément attachée à sa région et surtout à sa ville, Saint-Pascal, qu’elle a mentionnée dans la plupart des entrevues qu’elle a accordées. Petite confidence : elle était même un peu triste, considérant le nombre de demandes, de ne pas avoir pu parler au Placoteux plus tôt. L’attente en valait bien la peine...
En bonus : un lien Internet : http://unite9.radio-canada.ca. Vous pouvez même écrire à Jeanne.
Collaboration : Maurice Gagnon, leplacoteux.com
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