Rivière-du-Loup - Le gyrophare vert déchaine les passions dans les services de sécurité incendie de la Belle Province. Si la plupart des pompiers volontaires et à temps partiel le réclament à hauts cris, les directeurs de casernes font toutefois preuve de retenue.

Mais voilà que les années de pression semblent porter fruit. Si l’on se fie aux bruits de corridors du dernier Colloque sur la sécurité civile et incendie 2015 qui a eu lieu à Québec la semaine dernière, le ministère de la Sécurité publique serait sur le point d’en valider l’utilisation.

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Info Dimanche s’est donc entretenu avec quatre directeurs de services incendies du KRTB afin de connaitre leur avis sur ce gyrophare que l’on dit de visibilité. Si les avis divergent quant à l’impact, tous s’entendent sur un point : il s’agit d’un outil et comme tout outil, s’il s’avère mal utilisé, il s’inscrira plutôt dans la problématique plutôt que dans la solution. Le mot clé ici est « encadrement ».

GÉRALD DUBÉ

Pour Gérald Dubé, directeur incendie de Témiscouata-sur-le-Lac, si l’adoption du gyrophare vert est souhaitable, il émet des doutes quant à un substantiel gain du temps de réponse des pompiers. « C’est bon pour la visibilité, mais au bout du compte on parle sans doute plus de secondes que de minutes dans le gain de temps. »

Quant aux risques d’excès, le directeur des casernes 35 et 36 insiste plutôt sur l’encadrement à porter aux pompiers. Ce dernier va même jusqu’à proposer l’adoption d’une règlementation municipale concernant l’utilisation du dispositif.

« Ce n’est pas un truc de touriste, on devra avoir quelques meetings sur son utilisation, ça, c’est certain. Mais à la base, je vois ça d’un bon œil. »

ROBIN LAPLANTE

De son côté, le directeur du Service de sécurité incendie Kam-Est fait preuve d’une grande réserve à l’idée de voir ses hommes se munir d’un tel gyrophare. « J’ai de gros doutes. Déjà, les gens hésitent à laisser passer nos gros véhicules équipés de gyrophares et de sirènes, alors, pour un simple véhicule...  »

M. Laplante compte donc interdire l’utilisation du gyrophare au sein du SSI Kam-Est, « le temps de voir comment se passe l’implantation ailleurs », dit-il.

Le directeur du SSI Kam-Est ne s’en cache pas, il craint les excès. « Est-ce que tous vont respecter le code de la sécurité routière ? En milieu rural, les bouchons de circulation sont rares. Est-ce que pour sauver une minute je ne risque pas de créer une autre problématique ? », s’est ouvertement questionné Robin Laplante.

YVAN ROSSIGNOL

Pour Yvan Rossignol, directeur du Service incendie de Saint-Antonin, le gyrophare vert est un atout de plus, mais qui ne s’adresse pas à tous. « Pour le pompier qui habite à proximité, l’intérêt est moindre, mais pour celui qui travaille à l’extérieur de la municipalité, il y a un avantage. »

Comme ses collègues, il souhaite voir les municipalités prendre leurs responsabilités, non seulement dans l’octroi du dispositif, mais dans l’information à transmettre. « Le pompier doit-être responsable, mais il y a aussi un travail d’éducation à faire pour que la population y mette du sien et fasse preuve de courtoisie lorsqu’un gyrophare vert apparaitra dans le rétroviseur. Notre but est de sauver des vies, pas d’en menacer. Mais je crois que si c’est bien utilisé, oui, il y aura un impact positif », a commenté M. Rossignol.

PASCAL ROUSSEAU

Le directeur de la caserne du Service incendie de Trois-Pistoles, Pascal Rousseau, insiste sur l’encadrement lié à l’utilisation du gyrophare vert. Pour lui, c’est la Ville qui doit en avoir la mainmise.

« Un modèle unique pour tous les pompiers de la caserne, fourni par la Ville, avec une formation et un encadrement adéquat. Je ne voudrais pas que chaque pompier ait son modèle sur lequel nous n’avons aucun contrôle. »

M. Rousseau, à l’instar de Gérald Dubé, souligne que si l’impact en terme de temps d’intervention est limité il y aura un gain en matière de visibilité et de sécurité pour ses hommes.
Le directeur de la caserne 51 abonde dans le même sens que son homologue de Saint-Antonin. « Il devra y avoir une campagne nationale avec l’appui de médias locaux, pour sensibiliser nos pompiers, mais aussi le citoyen. »

SÛRETÉ DU QUÉBEC

De son côté, la Sûreté du Québec refuse de se prononcer sur la validation du gyrophare vert et de son adoption par de nombreuses casernes incendie.

« Actuellement, le gyrophare vert est limité au poste de commandement. Notre mandat est de faire appliquer les lois adoptées par le législateur et non de les commenter », a répondu le relationniste de la SQ, Claude Doiron.