Tentative de meurtre : cinq ans de prison pour Karl Goulet
«C’est une dame qui est une battante, c’est grâce à cela si elle est encore en vie aujourd’hui. Elle s’est battue pour appeler à l’aide», a exprimé la juge Luce Kennedy, lorsqu’elle a imposé une peine de cinq ans de détention à Karl Goulet, un Louperivois coupable de tentative de meurtre dans un contexte de violence conjugale.
Deux jours précédant les gestes de violence posés par Goulet le 10 avril 2019, ce dernier avait comparu en cour, au palais de justice de Rivière-du-Loup, pour des accusations de vol et de fraude, sans en informer sa conjointe. Elle n’a pas accepté ces agissements et a manifesté son intention de ne pas emménager avec lui en juillet.
Karl Goulet a prémédité son attaque : il s’est assuré que leur enfant serait au service de garde pour éviter qu’il ne revienne à la maison, et il a stationné le véhicule familial hors de vue pour ne pas qu’elle se doute de sa présence. Armé d’un couteau, il s’était caché dans la maison et avait dissimulé le téléphone dans la poche de son pantalon pour l’empêcher d’appeler à l’aide.
La victime a quand même réussi à lutter contre son agresseur et à mettre la main sur le téléphone pour alerter les services d’urgence. «Le travail exemplaire des policiers de la Sûreté du Québec et leur rapidité d’intervention a permis de sauver la vie de madame», a insisté la juge Kennedy. Ils sont intervenus moins d’une minute après l’appel à l’aide. Le premier policier arrivé à la résidence de la rue Alexandre à Rivière-du-Loup a dû dégainer son arme et demander à Karl Goulet de libérer sa victime à trois fois avant qu’il ne s’exécute. La dame a été poignardée à quatre reprises et a subi des pertes de sang importantes.
Afin de saisir la gravité que des gestes d’une telle violence peuvent avoir sur une victime, la juge Luce Kennedy a tenu à lire un extrait d’une lettre écrite par la victime dans laquelle elle s’adresse à son agresseur.
«Le 10 avril 2019, mon monde tel que je le connais s’écroule. La lumière s’éteint. Les jours suivants, j’ai l’impression de vivre sur du temps emprunté. Flashbacks, cauchemars, hypervigilance, insomnie, anxiété, crises de panique suivis d’épuisements font maintenant partie de mon nouveau monde. Je m’adapte à ce nouveau monde malgré tout mais…je n’oublierai jamais. Je te souhaite d’utiliser le temps que tu fais en-dedans pour réellement comprendre et régler les raisons de tes comportements violents et de te débarrasser de tes problèmes de toxicomanie. Sinon, j’ose espérer de tout cœur que notre enfant aura la chance de grandir dans ce monde sans la noirceur à laquelle tu as choisi de t’associer.»
L’état mental de l’accusé était perturbé au moment des faits qui lui sont reprochés, selon le rapport psychiatrique confectionné pour sa demande de remise en liberté, qui lui a été refusée. Lors de son retour à la maison, la conjointe de Karl Goulet a constaté que la sécheuse contenait des excréments humains, du fromage de chèvre et un rideau de douche. Selon la défense, l’accusé avait l’esprit voilé par sa consommation excessive de drogues. De plus Karl Goulet, emprisonné lors des procédures judiciaires, a communiqué par personne interposée avec la victime pour lui dire de retirer sa plainte, sans quoi il porterait plainte lui aussi, ce qui lui a valu deux accusations supplémentaires.
Le rapport présentenciel a révélé non seulement une problématique de toxicomanie, mais également une pensée magique concernant la possibilité de la reprise d’une union avec la victime. «Il n’a pas encore réalisé le deuil de son union et que madame n’a pas du tout cette intention. C’est une attitude préoccupante et on considère qu’il y a un risque de récidive puisque la coupure n’est pas faite», a fait valoir Me Audrey Arsenault, procureure de la Couronne. Selon cette dernière, l’accusé minimise les atteintes physiques de la victime et se déresponsabilise. Il affirme entre autres que sa conjointe aurait dû lui venir en aide pour éviter que de tels gestes ne se produisent.
«M. Goulet a été ébranlé par la déclaration de madame. Il la reçoit comme une invitation à se prendre en main. Il se tourne vers l’avenir pour le bien de sa famille et son enfant», a fait savoir l’avocat de la défense, Me Félix Pouliot.
Karl Goulet a également été déclaré coupable et condamné à cinq ans de pénitencier pour des accusations de possession de métamphétamine, d’entrave au travail des policiers, de bris d’ordonnance, de vol et de fraude. En raison de la détention provisoire, il lui reste un total de 4 ans et 4 mois à purger. La juge Luce Kennedy l’a fortement incité à se reprendre en main et à bénéficier des programmes d’aide offerts aux personnes toxicomanes ou aux personnes ayant des problématiques de violence au pénitencier fédéral.
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