Procès pour agression sexuelle
La crédibilité d’Harold LeBel et de la plaignante remise en question
Tant l’avocat de la défense Me Maxime Roy que la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault, se sont attaqués à la crédibilité et à la fiabilité des témoignages de l'ex-député de Rimouski Harold LeBel et de la plaignante lors de leurs plaidoiries dans ce dossier d’agression sexuelle, ce 16 novembre.
La défense et la poursuite ont tous les deux appelé «au gros bon sens» en lien avec la preuve entendue par les 14 membres du jury depuis déjà plus d’une semaine. Représentant Harold LeBel, Me Maxime Roy a insisté sur la présomption d’innocence qui s’applique jusqu’à ce que la Couronne ait fait sa preuve «hors de tout doute raisonnable.» Il est convaincu que le seul verdict qui s’impose pour son client, c’est l’acquittement. «Vous ne devez pas vous livrer à un exercice de comparaison. Vous devez d’abord vous questionner à savoir si vous croyez M. LeBel», a-t-il indiqué.
Me Roy a invité les membres du jury à se fier à leur «ressenti face à la crédibilité de son témoignage» pour évaluer sa crédibilité et la fiabilité. L’avocat d’Harold LeBel a souligné que «très peu de questions ont porté réellement sur le témoignage et sur les faits». Il est d’avis que le témoignage de l’accusé «se tient, il est logique et ne contient pas d’invraisemblances». Me Roy croit que le contre-interrogatoire a rehaussé la crédibilité de M. LeBel. «Le meilleur des avocats ne peut pas mener un bon contre-interrogatoire avec un témoin qui dit la vérité, on peut juste faire de notre mieux». Il croit que le jury devrait rejeter le témoignage de la plaignante en raison du «cumul des invraisemblances [qui] est trop grand.» Me Roy a questionné le fait que d’une main, l’accusé ait réussi à dégrafer son soutien-gorge, que la plaignante ne se soucie pas de son amie qui dort à côté et qu’elle décide de prendre sa douche alors qu’elle était apeurée par l’accusé près de la porte de la salle de bain. Il s’interroge aussi sur le fait qu’elle ne se souvienne pas de la configuration du condo de l’accusé, où elle a été hébergée deux jours.
Lors de sa plaidoirie, la procureure de la Couronne Me Manon Gaudreault, a invité les 14 jurés à «faire l’inventaire des morceaux de casse-tête» présentés en preuve et à les classer. «Mettez-vous à sa place, comment elle se sent, ce qu’elle vit. Elle est pétrifiée.»
Elle a souligné la nuance entre les mots impossible et difficile pour qualifier le geste de dégrafer un soutien-gorge d’une main. Me Gaudreault a souligné que Harold LeBel relate, à peu de choses près, la même version que la plaignante, à l’exception des gestes qui auraient été posés lors de la soirée de l’agression alléguée en octobre 2017. «Il dit qu’il n’a pas commis d’agression sexuelle. En entrevue avec les policiers en décembre 2020, il ne se souvient même pas que les deux dames ont dormi chez lui deux soirs. Devant le jury, il relate la soirée […] Est-ce que sa mémoire est sélective ? Posez-vous cette question.»
Elle a aussi demandé aux jurés s’ils ont déjà regretté des choses qu’ils n’ont pas faites ou des gestes qu’ils n’ont pas posés, en référence à un courriel envoyé par Harold LeBel à la plaignante, où il évoquait des regrets et présentait ses excuses. «A-t-il tenté de vous cacher la vérité, s’est-il contredit par rapport à sa déclaration vidéo antérieure?»
Me Gaudreault a invité les membres du jury à prendre un pas de recul et à regarder l’ensemble de la preuve pour prendre leur décision.
Le juge Serge Francoeur transmettra ses directives finales au jury le 21 novembre à 9 h 30 au palais de justice de Rimouski.
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