«Move Over»: un corridor de sécurité plutôt qu'un corridor de la mort
Répondant à l'initiative du directeur du poste autoroutier de Rivière-du-Loup, Benoît Lévesque, infodimanche.com a voulu savoir si dans la pratique, le corridor de sécurité était respecté. Malheureusement, non.
Le « Move Over » est en vigueur depuis le 5 août.
Photo : François Drouin
L'idée se voulait avant tout un exercice de prévention. « J'ai constaté que c'était méconnu. Je me suis donné le mandat de faire la promotion de la sécurité routière et par le fait même de ce nouveau règlement. Le danger est bien réel », raconte-t-il
Et il a raison. Il suffit de se remémorer la fin tragique de ce bon samaritain, Fernando Gagnon, heurté mortellement le 23 juin dernier après avoir immobilisé sa voiture en bordure de l'autoroute 20. Ce dernier portait alors secours à un autre conducteur. « C'est l'un des plus malheureux exemples », acquiesce M. Lévesque.
Le « Move Over Law » est connu dans pas moins de 49 États américains et de 7 autres provinces canadiennes. Il correspond à l'espace que le conducteur d'un véhicule routier doit laisser, dans certaines circonstances, entre son véhicule et celui immobilisé en bordure de la route.
Dans le cas d'une route à deux sens, où il n'y a pas la présence d'une deuxième voie, il est recommandé de céder le passage aux véhicules circulant en sens inverse avant d'emprunter cette voie.
Photo : François Drouin
Rappelons que le corridor de sécurité ne s'adresse pas qu'aux véhicules policiers, mais aux ambulances, aux véhicules incendie, aux véhicules du MTQ, aux dépanneuses et plus généralement aux véhicules munis du signal lumineux d'une flèche jaune.
INFRACTION
« Nous avons commencé à l'appliquer au début du mois de septembre, nous voulions laisser le temps aux usagers de la route et à nos policiers de se familiariser et sensibiliser », souligne M. Lévesque.
Pour une telle infraction, une amende de 200 à 300 $ est remise au conducteur qui verra son permis sanctionné de 4 points d'inaptitude.
DÉMONSTRATION
La démonstration faite jeudi matin par les patrouilleurs de la SQ n'a laissé planer aucun doute. S'ils sont une majorité à respecter le corridor de sécurité, il y a encore place à amélioration. Lors de cinq interventions bien réelles pour excès de vitesse, les journalistes présents ont assisté à autant d'infractions de la nouvelle loi.
Et pourtant, à une centaine de mètre, on peut voir le panneau de sensibilisation du MTQ concernant le corridor de sécurité.
Photo : François Drouin
Deux autopatrouilles, dont une présentant la fameuse flèche jaune, étaient bien visibles. En amont, se trouvait aussi une remorqueuse ainsi que les véhicules des journalistes. Et pourtant...
Il apparait toutefois impensable pour un policier seul de faire appliquer cette loi. Positionné de cette façon, il est déjà actif sur une première intervention. C'est la raison pour laquelle Benoît Lévesque entend privilégier les opérations radars à deux autopatrouilles. Le deuxième patrouilleur pourra ainsi s'assurer du respect de la nouvelle loi et intervenir au besoin.
CAMPAGNE ET RÉALITÉ
Le ministère des Transports et la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ont déjà mis en branle une campagne de sensibilisation afin de mieux faire connaitre ce nouveau règlement auprès du grand public. En plus des annonces dans les médias, des panneaux géants ont notamment été installés en bordure des grandes routes du Québec.
Malgré la présence d'une affiche format géant, du moment que les autopatrouilles se sont éloignées, le corridor de sécurité n'était plus qu'un lointain souvenir.
Photo : François Drouin
« C'est vraiment risqué, pour nos policiers et aussi pour nos collaborateurs comme les paramédics, les gens du ministère des Transports (MTQ) et surtout, pour les remorqueurs. Dans leur cas, le danger est bien réel », souligne Benoît Lévesque.
Le propriétaire de Remorquage 2000, Alain Boulianne, a donc accepté de se prêter au jeu. Une remorqueuse rouge de l'entreprise a été positionnée sur la voie d'accotement de l'autoroute 20, tout juste à côté d'un des panneaux appelant les usagers de la route au respect de ce corridor de sécurité.
Les résultats ont de quoi faire peur. En moins de cinq minutes, une dizaine de véhicules ont enfreint le « Move Over ». Une situation qui ne surprend pas M. Boulianne. « C'est comme ça à toutes les interventions. Les gens ne se tassent pas et il devient difficile d'effectuer notre travail sécuritairement », commente-t-il.
Le conducteur de la camionnette n'a ni ralenti, ni même tenté de s'éloigner de la remorqueuse.
Photo : François Drouin
Il salue l'arrivée de cette loi qui, lorsqu'elle est respectée, a un impact sur sa sécurité au travail. « C'est mieux quand les policiers sont là avec nous, les gens font plus attention, mais quand il n'y a que la remorqueuse… Alors oui. »
Pour plus d'informations sur le corridor de sécurité et la bonne façon d'exécuter la manœuvre, vous pouvez visiter le CorridorDeSecurite.gouv.qc.ca
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