Pierre Karl Péladeau: le mélange de l'État et de la presse est explosif
Rivière-du-Loup - La candidature de Pierre Karl Péladeau aux prochaines élections québécoises, malgré les précautions annoncées, inquiète la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Le mélange entre une éventuelle haute fonction politique au gouvernement et la propriété de 40% de l'information au Québec est explosif.
La Fédération est résolument apolitique et son appréciation de la situation ne dépend pas du parti auquel se joint M. Péladeau. Le problème serait le même si un autre parti était concerné. « Dans tous les cas, il nous apparaît qu'un grand propriétaire de médias de masse doit rester loin des postes de pouvoir au sein de l'État. M. Péladeau a un choix de carrière à faire. Comme entrepreneur, il sait qu'on ne peut pas aller dans toutes les directions à la fois. Choisir, c'est devoir renoncer à certaines choses. »
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Même s'il vient de quitter la présidence du conseil d’administration de TVA, celle de Québecor Média et le conseil d’administration de Québecor, et même s'il place les actions qui lui donnent le contrôle de Québecor dans une fiducie sans droit de regard, son pouvoir d'influence demeure réel, soutient la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.
« Il s'agit ici d'une influence sur un groupe de presse majeur qui couvre l'ensemble des activités d'un gouvernement dont il serait partie prenante. Il faut des coupe-feu plus solides. Notre presse libre est un bien collectif d'une valeur inestimable pour la démocratie. Si elle est libre, c'est parce qu'elle a affronté l'État. Les journaux ont mené des luttes épiques, des journalistes ont été emprisonnés ici même, au nom de cette liberté à préserver farouchement face à l'État », indique la FPJQ qui a pleine confiance dans l'impartialité et le professionnalisme des journalistes de Québecor et ne met nullement en doute la neutralité de sa direction de l'information.
Mais la société québécoise ne peut pas se permettre de faire reposer sur leurs seules épaules l'indépendance que les médias doivent maintenir à l'égard du pouvoir politique. Il faut des garanties structurelles. « Pourquoi M. Péladeau ne vend-il pas ses actions advenant son élection et son accession à un poste de ministre important? »
Pour la FPJQ, le commissaire à l'éthique et à la déontologie, Me Jacques Saint-Laurent, doit se pencher très attentivement sur cette question. La propriété d'un empire médiatique comporte des enjeux démocratiques qu'on ne retrouve pas dans d'autres types de propriété. « Autrement, sommes-nous prêts à accepter que dans 5 ans ou dans 10 ans l'éventuel premier ministre du Québec possède, fut-ce en fiducie, des médias fournissant 40 % de l'information aux Québécois? », conclut-on.
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