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Marchands de bonheur

durée 13 novembre 2014 | 06h18
  • Rivière-du-Loup - La plupart des maisons de retraite privées et CHSLD publics de la grande région de Rivière-du-Loup ont un service des loisirs qui organise chaque semaine plusieurs activités. Celles-ci sont essentielles pour combler le manque de visiteurs et apporter un sourire à des personnes souvent esseulées.

    «Oui, plusieurs personnes âgées sont seules. C'est pour cette raison que nous sommes là», explique Pierre Touzel, animateur en loisirs au Centre de santé et des services sociaux (CSSS) de Rivière-du-Loup. Son quotidien: divertir les 121 résidants du CHSLD St-Joseph en organisant diverses activités.

    Lors de notre rencontre, l'homme, qui pratique ce métier depuis 28 ans, s'amusait comme un petit fou en personnifiant le pape à l'occasion d'une activité d'Halloween musicale. Debout, en fauteuil roulant ou à l'aide d'une marchette, les résidants s'amusaient ferme. Nul doute que ces activités remplacent efficacement plusieurs médicaments.

    «Nous sommes chanceux ici, le CSSS de Rivière-du-Loup reconnait l'importance des loisirs. Nous organisons quotidiennement de tout pour tous: bingo, après-midi musical, messe, même un souper de groupe qui recrée le souper festif du samedi soir et auxquels les familles participent beaucoup. Il y a aussi des activités individuelles, par exemple, faire une manucure à une dame, une promenade dans la cour ou aller au centre commercial. Un résidant m'a demandé d'aller voir une partir de hockey des 3L. Nous irons.»

    Pour Pierre Touzel, le loisir est un droit pour chacune des personnes hébergées. «Ça leur permet de briser la routine et de se sentir encore vivants. Se recréer est aussi important que de recevoir un soin. Nous essayons de combler ce que les familles ne peuvent pas toujours donner», dit-il, précisant ne pas vouloir lancer la pierre à quiconque. «Chaque cas est différent. Personnellement, je suis enfant unique et ma mère résidait dans une ressource intermédiaire à Baie-Comeau. On s'entend que je n'étais pas là chaque fin de semaine».

    FAMILLES DISPERSÉES

    De fait, les réalités ont changé. Il est maintenant fréquent que les membres d'une même famille soient éparpillés d'un bout à l'autre du pays, de la planète. «La personne âgée tiendra à demeurer dans la ville ou le village où elle a passé sa vie et ne voudra pas se déraciner pour suivre un de ses enfants qui travaille à l'autre bout du pays», dit monsieur Touzel, ajoutant qu'en vieillissant, tout le monde vit des pertes au quotidien.

    «Les deuils sont nombreux: les capacités physiques, phytologiques, motrices, la perte de l'environnement et autres. Pour un agriculteur qui a toujours vécu sur une terre et se retrouve du jour au lendemain dans une petite chambre avec pour tout souvenir trois ou quatre photos, ce n'est pas évident.»

    Si la distance demeure un important facteur, l'impuissance face à la maladie a aussi son importance. «Des enfants se sentent souvent démunis face à la maladie de leurs parents. Ils ne savent pas comment réagir et c'est trop difficile émotivement pour eux de les voir, spécialement lorsque les gens souffrent d'Alzheimer ou d'une autre démence et ne communiquent presque plus».

    Malgré cela, la présence d'une personne familière demeure importante. «Il faut s'adapter à la condition de l'autre. Une personne qui vit avec l'Alzheimer n'est pas nécessairement malheureuse. C'est son esprit qui a trouvé refuge dans une autre période de sa vie. S'asseoir simplement et lire un livre en sa compagnie peut être aussi très agréable pour la personne hébergée».

    DE L’AIDE VIRTUELLE

    Le multimédia est devenu d'un grand soutien. Il y a quelques années, une console de jeu Wii a été installée dans la salle commune du CHSLD St-Joseph avec un écran de télévision géant. Depuis, des résidants y ont formé des ligues de quilles.
    La technologie peut aussi favoriser les rapprochements familiaux.

    «Certains de mes collègues utilisent le logiciel de communication Internet Skype, afin de mettre en contact, en direct, des résidants avec des membres de leurs familles, peu importe où ils se trouvent. On me dit que ça donne des moments assez touchants. Nous travaillons à implanter cette technologie au CSSS de Rivière-du-Loup», conclut Pierre Touzel en retournant dans la grande salle pour entamer un autre chant et, avec l'aide des préposées, continuer de récolter ce que tous sèment depuis si longtemps chez les résidants: des sourires.
     

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